«Réduire les iniquités est une nécessité économique autant que morale» - Robert Reich, économiste et conseiller spécial de Barack Obama

Publié le 29/12/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2013 à 13:17

«Réduire les iniquités est une nécessité économique autant que morale» - Robert Reich, économiste et conseiller spécial de Barack Obama

Publié le 29/12/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2013 à 13:17

Par Diane Bérard

D.B. - Les syndicats n'ont pas empêché l'érosion du pouvoir d'achat de la classe moyenne. Pourquoi ?

R.R. - Ils ne l'ont pas fait parce qu'eux-mêmes n'ont plus de pouvoir. Dans les années 1970, un employé sur trois était syndiqué. Aujourd'hui, à peine 7 % des salariés américains sont membres d'un syndicat.

D.B. - Comment expliquer la perte de pouvoir des syndicats ?

R.R. - Leur déclin coïncide avec l'accroissement du choix pour les consommateurs. La mondialisation nous a donné accès à des biens bon marché, produits à l'étranger dans des usines non syndiquées. Et la technologie rend cet accès encore plus facile. Les usines syndiquées se sont retrouvées face à deux choix : déménager leur production dans des États au taux de syndicalisation plus faible ou se battre contre leur syndicat. Dans les deux cas, l'issue est la même : les syndicats ont une influence marginale.

D.B. - Quant aux riches, leur poids a augmenté, mais leur comportement aussi a changé. En quoi consiste le «grand virage» («the great switch of the rich») dont vous parlez ?

R.R. - Les riches ont utilisé leur influence politique pour payer moins d'impôts, c'est connu. Ce dont on parle moins, c'est de leur isolement. Les riches vivent de plus en plus en marge de la société. Ils se déplacent dans leur jet privé, s'entourent de gardes du corps, consomment des services privés. Même leur philanthropie a changé : leur argent va moins aux pauvres et plus à des causes proches de ce qu'ils consomment eux-mêmes, comme les arts.

D.B. - En quoi la détérioration des ponts et des routes est-elle aussi celle de la classe moyenne ?

R.R. - D'abord, la notion de biens publics existe de moins en moins. On instaure des tarifs là où c'était gratuit. On multiplie les partenariats public-privé là où l'État était seul maître d'oeuvre. Et ceux qui ont les moyens d'influencer le gouvernement, les riches, ne se soucient pas de la mise à niveau des biens publics, puisqu'ils ne les utilisent pas. On crée ainsi un cercle vicieux : plus les biens publics se dégradent, plus le cynisme s'installe dans la classe moyenne. Les citoyens s'attendent à ce que les infrastructures ne soient pas mises à niveau. Ils concluent que l'argent public est gaspillé, que le gouvernement est inefficace, etc.

Jadis, «ce qui était bon pour GM était bon pour les États-Unis». Quand cela a-t-il cessé ?

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