Qui sera la prochaine Astral ?

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Qui sera la prochaine Astral ?

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Il est illusoire de tenter d'investir dans les entreprises qu'on considère comme étant des cibles potentielles d'offre publique d'achat (OPA). Il faut parfois attendre des années avant que notre raisonnement soit récompensé par une OPA. À mon avis, voici les critères qui augmentent cette probabilité :

1- Une évaluation attrayante. Les acheteurs potentiels sont très au fait du prix à payer d'une entreprise convoitée. La majorité des entreprises inscrites en Bourse tentent de rendre leurs acquisitions rentables dès la première journée ou au moins à l'intérieur d'une période d'un an ou deux. Les banques d'affaires dont la stratégie sera de revendre l'entreprise achetée quelques années plus tard tentent de payer le moins cher possible afin de maximiser leur éventuel profit.

2- Un bilan solide. L'acquéreur finance une acquisition principalement par la dette : cette dernière coûte très peu cher actuellement. L'achat d'une cible dont le bilan est peu endetté peut aisément être financé par la dette, ce qui rend l'acquisition beaucoup moins coûteuse pour l'acquéreur.

3- Une taille raisonnable. Il est relativement facile de financer l'acquisition d'une entreprise comme Astral, qui coûtera près de 3 milliards de dollars (G$) à Bell. Par contre, les très grandes entreprises sont moins susceptibles d'être achetées. Il est difficile de croire qu'Apple, dont la valeur boursière approche les 550 G$, pourrait être acquise.

4- Une position concurrentielle attrayante ou un atout stratégique. En acquérant Astral, Bell se donne les outils pour augmenter sensiblement le contenu télévisuel qu'elle pourra offrir à ses clients. Une entreprise en acquiert une autre pour accéder à un nouveau marché, pour mettre la main sur une nouvelle technologie, pour compléter son offre de produits ou de services ou pour s'intégrer verticalement.

5- Un contrôle dispersé ou des actionnaires de contrôle motivés. Il est plus facile de mettre la main sur une entreprise dont aucun actionnaire ne détient le contrôle des votes. Lorsque c'est le cas, le manque de relève peut devenir un catalyseur de vente. C'est probablement un des facteurs qui a poussé Ian Greenberg, président et chef de la direction, à accepter de vendre Astral.

De futures cibles ?

Cela dit, d'autres entreprises canadiennes pourraient-elles suivre l'exemple d'Astral. Voilà un exercice purement théorique, mais j'en entrevois quelques-unes :

Reitmans. La société est la plus grande chaîne canadienne de boutiques de vêtements pour femmes grâce à des enseignes reconnues. Reitmans est très rentable et en excellente santé financière, avec un bilan qui affiche une encaisse nette de 218,7 millions de dollars. De plus, Jeremy Reitman, principal actionnaire, est aujourd'hui âgé de 66 ans et nous ne pressentons pas de relève immédiate.

Atrium Innovations. La faible évaluation de ce titre, le fait qu'aucun actionnaire ne détienne un pourcentage élevé de ses actions et sa position concurrentielle dans le marché des suppléments alimentaires en font une cible potentielle.

Home Capital Group. Cette petite institution financière se concentre dans le créneau des hypothèques résidentielles pour les emprunteurs qui ne sont pas acceptés par les grandes banques canadiennes. Ce créneau est en forte croissance depuis de nombreuses années, et Home Capital a su se démarquer par ses politiques de prêt conservatrices. Compte tenu de l'évaluation du titre moins élevée que celle des grandes banques canadiennes, de sa croissance et de sa rentabilité plus élevées, Home Capital pourrait susciter l'intérêt d'une des banques canadiennes.

Les conditions actuelles sont très propices aux OPA. D'une part, la faible croissance économique mondiale force les entreprises à lorgner les acquisitions pour croître. D'autre part, la plupart des entreprises sont présentement en excellente santé financière. On peut donc s'attendre à une vague d'acquisitions telles que celle d'Astral au cours des prochains mois.

Des portefeuilles sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions d'Astral, d'Atrium Innovations, de Home Capital Goup et de Reitmans.

Philippe Le Blanc, CFA et MBA, est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

lesaffaires.com/blogues/philippe-leblanc

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