Quatre ingénieurs et leurs défis

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Quatre ingénieurs et leurs défis

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Par V. Dufour

1 Hélène Brisebois

Une femme à la barre

Quand elle était petite, son père, un ingénieur, lui apprenait à dessiner des objets sur des feuilles quadrillées. Aujourd'hui, Hélène Brisebois, ingénieure civile spécialisée dans le bâtiment, est la seule femme à la tête d'un cabinet de génie-conseil au Québec. Depuis 2007, elle tient les rênes de SDK. La firme, qui compte une cinquantaine de professionnels, l'a embauchée alors qu'elle venait à peine de quitter les bancs d'école.

"J'ai le goût de construire depuis que je suis petite. Je viens d'une famille d'ingénieurs. J'ai compris toute jeune qu'on appliquait la science à des réalisations concrètes. Je pense que j'ai dessiné tout ce qu'il y avait dans la maison !" raconte la femme d'affaires de 47 ans.

Embauchée en 1987 comme ingénieure junior chez SDK, elle a fait son chemin dans l'entreprise en étant chargée de projets sur d'importants bâtiments.

"Je suis un leader naturel. Je suis organisée et je mobilise facilement les équipes autour d'objectifs", explique-t-elle. Ces qualités lui permettront de gravir rapidement les échelons et de devenir actionnaire de l'entreprise, puis présidente.

Près de 25 ans après ses débuts, sa passion pour l'architecture des villes et les immeubles de tout style est toujours aussi vive. Au nombre de ses réalisations : le siège social d'Air Canada à Dorval et plusieurs pavillons universitaires, dont celui de la Faculté de musique de l'Université McGill "L'ingénierie en structure nous permet de participer à des projets majeurs d'infrastructure. Ce sont des défis stimulants", dit-elle. Ces réalisations lui ont d'ailleurs valu de recevoir cette année un prix hommage de l'Ordre des ingénieurs du Québec pour sa contribution à la profession.

Son défi

"En début de carrière, les défis techniques m'occupaient le plus. Pour le pavillon de musique de McGill, par exemple, on devait isoler la structure pour qu'aucun son ou vibration ne filtre de la rue." Aujourd'hui, un autre enjeu la mobilise : assurer la croissance et la relève de l'entreprise. "Il faut attirer et conserver les jeunes talents." Un impératif pour la femme d'affaires, qui rêve d'étendre ses activités à l'extérieur de la province. V. Dufour

2 Carl Girard

Attendre une pièce de rechange au Mali

Quand il a choisi de demeurer dans sa région natale pour étudier, Carl Girard ne s'imaginait pas que cette décision allait le conduire en Afrique.

Ce diplômé en génie électromécanique de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue travaille pour Genivar à Rouyn- Noranda. Sa spécialisation dans le domaine des mines d'or l'ont mené au Burkina Faso et au Mali.

"J'ai toujours été intéressé par les sciences appliquées et je voulais étudier dans ce domaine. Comme le seul programme en génie à l'époque à l'UQAT était en électromécanique, j'ai choisi cette spécialisation. En plus de me donner plus de polyvalence, ça m'a permis d'assouvir mon désir de travailler en Abitibi. Je suis originaire d'ici et toute ma famille est ici", indique l'ingénieur de 31 ans.

C'est un coup du destin qui l'a amené à travailler à l'étranger. "J'ai eu l'occasion de faire une rotation de personnel, car un gars qui devait aller au Burkina Faso ne pouvait pas s'y rendre. J'avais travaillé au bureau sur l'approvisionnement de ce projet de mise en place d'une mine d'or à ciel ouvert. J'ai donc supervisé la partie de la construction de l'usine pour cette mine. On m'a ensuite demandé d'y retourner quand la société qui exploitait la mine a décidé de faire une expansion. Actuellement, je travaille à un autre projet de mine aurifère au Mali."

Son défi

"Les projets sont plus difficiles à mener en Afrique à cause de nombreuses contraintes. On apprend à travailler différemment et à se débrouiller, car les délais de livraison ne sont pas les mêmes qu'ici. En Abitibi, quand on a besoin d'une pièce, on la commande et on la reçoit en quelques heures. Là-bas, on parle de mois. Il faut donc prévoir ou trouver une autre avenue. V.D.

3 Serge Boileau

Moderniser le réseau électrique de Montréal

Serge Boileau n'est pas un ingénieur ordinaire. Le président de la Commission des services électriques de Montréal (CSEM) adore le génie civil, et son intérêt pour les infrastructures dépasse largement les frontières de sa profession.

"Pour faire sa marque, il faut sortir des sentiers battus, aller chercher des compétences dans d'autres professions. C'est la raison pour laquelle j'ai suivi beaucoup de cours d'appoint dans d'autres spécialisations", signale ce diplômé de l'Université de Sherbrooke.

C'est cet appétit d'apprendre qui a permis à Serge Boileau de se démarquer au sein de la firme de génie-conseil où il travaillait. Un exemple ? Quand il a vu qu'un boom d'investissement se préparait dans l'assainissement des eaux, il a fait des études de deuxième cycle en environnement.

"Et quand j'ai constaté l'état de détérioration rapide des infrastructures urbaines au début des années 1990, je me suis dit qu'il fallait faire des démarches pour faire face à la musique. Le problème, c'est qu'à l'école, on apprend à bâtir du neuf, pas à réparer du vieux. Il fallait créer une entité pour regrouper les gestionnaires, les ingénieurs et les autres intervenants du milieu, car il nous fallait des nouvelles technologies."

De cette urgence d'agir est né le Centre de recherche et d'expertise en infrastructures urbaines, un organisme que Serge Boileau a dirigé pendant 10 ans et qui a servi à élaborer des outils pour retaper les vieux réseaux des villes et de la province. Cette expérience en poche, il avait le profil parfait pour prendre les rênes de la CSEM, un organisme qui gère un réseau souterrain de 700 km sous les rues de la métropole.

Son défi

"Le défi est de sortir de la stricte route de l'ingénierie. Il faut savoir se renouveler si on veut avancer. L'ingénierie est de plus en plus multidisciplinaire. On doit prendre des décisions éclairées pour aller plus loin que ce que l'on nous enseigne dans notre formation de base." V.D.

4 Marie-Josée Potvin

Reproduire les effets de la poussière sur la Lune

Vérifier la résistance des plastiques dans l'espace en les bombardant d'une imitation de poussière lunaire, ou encore soumettre des échantillons de plastique aux températures extrêmes de la Lune : c'est le job jamais ennuyeux de Marie-Josée Potvin, ingénieure en dynamique des structures à l'Agence spatiale canadienne.

"Je valide également les tests de vibrations et de chocs pour simuler l'environnement très exigeant du lancement du satellite qui sont réalisés par des entrepreneurs extérieurs en collaboration avec le Laboratoire David Florida de l'ASC [Agence spatiale canadienne]", raconte-t-elle.

C'est lors de ses études de premier cycle à Polytechnique que Marie-Josée Potvin se découvre un intérêt pour les matériaux composites. Un peu plus tard, lorsqu'elle fait sa maîtrise en génie mécanique à l'Université Queen's, elle développe une nouvelle passion : la robotique. Elle poursuit ses études dans ce domaine jusqu'au jour où un directeur de l'ASC a vent de ses recherches. Une rencontre qui débouche en 2001 sur un emploi à l'Agence.

Son défi

Sur la Lune, les petits grains de poussière sont comme du verre cassé. Quand ils entrent dans les engrenages, ils les détruisent. À l'époque des missions Apollo, "comme on ne le savait pas, poursuit-elle, on a envoyé des petits buggys sur la Lune et, au bout de quelques jours, la poussière avait pénétré dans tous les engrenages et plus rien ne fonctionnait. Aujourd'hui, si on envoie quelque chose sur la Lune, on espère que ça va pouvoir fonctionner pendant des mois." A. Motulsky-Falardeau

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