Propriétaire chinois, main-d'oeuvre québécoise

Publié le 09/02/2013 à 00:00

Propriétaire chinois, main-d'oeuvre québécoise

Publié le 09/02/2013 à 00:00

Nunavik Nickel, la première mine 100 % chinoise au Québec, vient d'être mise en production tout près de la mine Raglan, au Nunavik, à quelque 2 000 kilomètres au nord de Montréal.

Mais, contrairement à ce qui s'est passé en Colombie-Britannique, ses mineurs ne seront pas des travailleurs temporaires en provenance de la Chine, dit Éric Luneau, vice-président, ressources humaines de Canadian Royalties, propriétaire de la mine.

«Il y a eu des rumeurs selon lesquelles nous embaucherions 2 000 Chinois. Ce n'est pas du tout dans nos plans. À l'exception de trois ou quatre cadres, nos 400 employés viendront du Québec et du reste du Canada», a déclaré le vice-président en entrevue à Les Affaires. Il lui reste une vingtaine d'employés à embaucher d'ici la mise en production commerciale de la mine, prévue en août 2013.

Mais ils viendront d'ici, notamment du Nunavik, où la mine espère compter 20 % d'Inuits dans ses effectifs.

En Colombie-Britannique, à la mine de charbon Tumbler Ridge, détenue par HD Mining, l'embauche de près de 200 travailleurs temporaires chinois avait suscité la controverse en décembre dernier. Le syndicat a entamé des poursuites contre la minière. Le dossier est actuellement entre les mains du gouvernement.

Jusqu'en 2009, Canadian Royalties était une petite minière de Val-d'Or. Mais la crise financière a éclaté au moment où le projet était en phase de mise en valeur. Jilin Jien Nickel Industry - le deuxième producteur de nickel en Chine - a profité de l'occasion pour acquérir l'entreprise au rabais en partenariat avec une minière de Vancouver. En janvier 2012, il a racheté la part de son partenaire.

Des clients en Finlande

Canadian Royalties n'est pas la seule présence chinoise au Québec. Il y a aussi le géant de l'acier Wisco, qui a des intérêts dans des projets de mines de fer.

Toutefois, la motivation de Canadian Royalties est différente. Alors que la présence de Wisco s'inscrit dans une logique de sécurité d'approvisionnement, Canadian Royalties a acheté Nunavik Nickel pour diversifier ses revenus commerciaux. Les 100 000 tonnes de concentré de nickel que la mine produira seront vendues à la société russe Norilsk pour ses activités en Finlande. Quant aux 60 000 tonnes de cuivre, elles sont également destinées à l'Europe, si l'on en croit les pourparlers en cours.

Pas de syndicat en vue

L'entreprise chinoise craint toutefois l'arrivée d'un syndicat. «Nous croyons ne pas en avoir besoin, et cela augmenterait nos coûts inutilement, dit Éric Luneau, un ancien cadre québécois de Xstrata en Nouvelle-Calédonie.

Contrairement à sa voisine Xstrata à la mine Raglan, Canadian Royalties est une entreprise de taille réduite avec de plus petits moyens, plaide-t-il. «Nos camps nous ont coûté trois fois moins cher que ceux de Xstrata. Si les employés se syndiquent, nous accepterons leur verdict, bien entendu», fait-il valoir.

Pour l'instant, Canadian Royalties pense satisfaire ses employés avec des salaires de base de 4 % plus élevés que ceux qui sont versés à la mine Raglan, ainsi qu'avec un comité des loisirs, un comité bonne entente et une bonne communication. Elle suit le modèle du projet Meadowbank d'Agnico-Eagle, dans le Grand Nord, où les employés ne sont pas syndiqués.

Une acquisition au Québec

Aussi petite soit-elle, Canadian Royalties a des ambitions élevées au Québec. «Nous aimerions ouvrir une deuxième mine d'ici trois ou quatre ans si le projet Nunavik Nickel va bien», révèle son vice-président.

Canadian Royalties détient pas moins de 1 000 km2 de titres miniers au Québec, surtout au Nunavik, où elle est en campagne d'exploration près de Kuujjuaq, mais aussi en Abitibi, où elle a des titres sur des dépôts aurifères. Pour grandir au Québec, Canadian Royalties envisage notamment une autre acquisition.

Chose certaine, sur le territoire où est situé Nunavik Nickel, l'entreprise a ce qu'il faut pour explorer pendant plusieurs années : elle compte cinq lentilles au total, alors que, pour le projet actuel, elle n'en développera que deux. Ceux-ci devraient alimenter sa première mine durant 7, voire 15 ans.

«C'est un peu comme à Raglan, où on découvrait autant de minerai que la quantité qu'on avait traitée», relate Éric Luneau.

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