Phyllis Lambert a façonné sa ville et son milieu

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Phyllis Lambert a façonné sa ville et son milieu

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Par Pierre Théroux

Le petit quartier montréalais Milton-Parc, près du centre-ville, est passé près de la dénaturation architecturale. Au début des années 1970, de nombreuses maisons victoriennes avaient disparues et d'autres étaient menacées de démolition pour faire place à un gigantesque projet de tours d'habitation.

Finalement, seules les deux tours du complexe de La Cité seront érigées. Les citoyens du quartier, appuyés par Phyllis Lambert, ont empêché la métamorphose de ce magnifique quartier historique et permis la rénovation de rangées entières de bâtiments construits au tournant du 20e siècle, les transformant en coopérative d'habitation.

Voilà un des premiers combats pour la conservation du patrimoine bâti menés par Phyllis Lambert à son retour à Montréal, alors qu'elle contribuait à la création de Sauvons Montréal et d'Héritage Montréal. D'où son surnom de Jeanne d'Architecture !

Après avoir participé à d'importantes réalisations d'architecturale ailleurs dans le monde, dont le Seagram Building à New York, la restauration de la synagogue Ben Ezra au Caire et la rénovation du célèbre hôtel Biltmore à Los Angeles, Phyllis Lambert a grandement contribué à façonner le paysage architectural montréalais.

Elle met toute son influence, sa notoriété et surtout sa ténacité et sa passion pour l'art, au service de la sauvegarde du patrimoine urbain et à la qualité des projets d'architecture, d'aménagement et de design, en préconisant toujours la consultation publique.

Phyllis Lambert s'est investie dans la préservation de bâtiments patrimoniaux en acquérant personnellement, au milieu des années 1970, la maison historique Shaughnessy, érigée en 1874 et menacée de démolition. Elle y fonde le Centre canadien d'architecture (CCA).

Journal Les Affaires - Qu'est-ce qui a mené à la création du CCA ?

Phyllis Lambert - Quand je travaillais au projet de l'édifice Seagram, j'ai commencé à collectionner des dessins d'architectes. Je m'intéressais à la pensée des architectes à diverses époques, dans différents lieux. C'était fascinant. Puis, j'ai commencé à prendre des photos comme outil d'enquête, toujours pour mieux comprendre l'architecture, la ville. J'avais aussi une collection de livres. L'idée est venue de les rassembler dans un lieu pour que le passé informe le présent et l'avenir.

JLA - Le CCA fête cette année ses 20 ans. A-t-il évolué selon vos souhaits ?

P.L. - Je me rappelle la première exposition, Le Panthéon, symbole des révolutions, sur cette église devenue le temple des grands hommes. Et actuellement, nous présentons une exposition sur les mesures prises partout dans le monde par les gens pour s'approprier la ville, l'améliorer. Le CCA a toujours voulu faire mieux comprendre l'architecture, amener les gens à réfléchir et à se poser des questions, avec la conviction que l'architecture est d'intérêt public.

JLA - Tout en étant devenu un centre d'études de renommée internationale qui attire des chercheurs de partout !

P.L. - Le CCA invite les chercheurs en résidence pour encourager la réflexion et l'action en architecture. Le centre entretient des liens étroits avec les universités pour soutenir la formation.

JLA - Vous avez confié à Mies van der Rohe, un des pères de l'architecture moderne, le mandat d'ériger le Seagram Building à New York. Il est devenu un mentor pour vous. Que vous a-t-il enseigné ?

P.L. - J'ai rencontré un maître. Il dégageait une telle aura... Quand j'ai quitté [l'Université] Yale, je suis allée travailler à son bureau à Chicago. J'y ai appris une façon de raisonner très pointue, tout en voyant très large et en laissant une grande place à l'innovation.

JLA - Pourquoi avoir décidé de revenir à Montréal ?

P.L. - J'avais déjà conçu un bâtiment dans les années 1960, le centre Saidye-Bronfman. Je sentais qu'il y avait d'autres choses à faire ici. Montréal est une ville fascinante dont l'histoire se lit dans ses bâtiments. J'ai commencé en la photographiant, c'était une façon de la comprendre.

JLA - Trente ans plus tard, après avoir vous-même influencé le paysage architectural de Montréal, quelle image vous renvoie la ville ?

P.L. - Il y a eu de grands progrès, une nouvelle façon de faire et de voir la ville. On le remarque dans les projets d'aménagement du Quartier international et du Quartier des spectacles, le bâtiment de la Caisse de dépôt et placement. Il y a aussi une volonté de consulter les citoyens, pas seulement les soi-disant experts. Un projet mené par une seule personne, une seule équipe, amène à penser toujours dans la même direction. Mais quand on rassemble des gens aux expériences et aux objectifs différents, on fait souvent des choses plus intéressantes, plus osées.

pierre.theroux@transcontinental.ca

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