Parler français à Paris ou à Chicoutimi ?

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Parler français à Paris ou à Chicoutimi ?

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Par Claudine Hébert

Les Américains préfèrent aller étudier le français au pays de la baguette et du foie gras plutôt qu'au nord du 45e parallèle. Un tendance difficile à changer pour les écoles de langue québécoises, qui aimeraient bien s'approprier une part plus grande de ce marché si près et si loin à la fois.

" On estime que 95 % des professeurs de langue seconde aux États-Unis suggèrent à leurs étudiants qui apprennent le français de se tourner vers la France pour parfaire leur acquis ", soutient Gonzalo Peralta, directeur général de Langues Canada.

Une situation que l'association souhaite tourner à l'avantage des écoles de français du Québec, privées et publiques. Mais la bataille est loin d'être gagnée d'avance. D'abord, il y a ce lien naturel qui persiste entre les deux peuples... Il faut compter également avec l'Alliance française. L'organisation de l'Hexagone, qui assure l'enseignement et la diffusion de la culture française partout dans le monde, possède des budgets importants et un atout que les écoles d'ici n'ont pas encore exploité : travailler en équipe.

" Si tous les acteurs québécois, les universités et le gouvernement travaillaient main dans la main pour la promotion de nos écoles de français, nous aurions depuis longtemps un bien meilleur impact sur le marché américain ", estime Pierre Lincourt, directeur de l'École de français de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). M. Lincourt sait de quoi il parle puisqu'il préside l'Association québécoise des écoles de français langue étrangère, qui regroupe un peu plus de 70 % des institutions publiques de la province offrant des programmes intensifs de l'enseignement du français. Une association qui, même après 30 ans d'existence, souffre encore d'un manque de concertation sur ses stratégies de vente et de promotion dans le marché ainsi que de lobbying auprès du gouvernement.

Saguenay, plus cher que Montpellier

Il faut dire que la hausse subite du coût des cours de français pour les étudiants étrangers, imposée par le ministère de l'Éducation à l'automne 2007, a fait mal. Autrefois offert généralement au même coût que pour les étudiants canadiens, le prix des sessions (y compris les frais d'hébergement et de scolarité) pour les étudiants étrangers a doublé, passant de 1 950 à 4 200 $. " Pour le même coût, les Américains peuvent aller étudier le français à Montpellier, en France, transport aérien inclus. Comment voulez-vous vendre la destination de Saguenay ? " soulève M. Lincourt, qui a vu son nombre moyen d'étudiants non canadiens fondre de 85 à 35.

Langues Canada n'est pas en mesure de chiffrer le bassin potentiel d'étudiants américains, mais ce dernier est important, estime Daniel Lavoie, directeur de l'École internationale de français de l'Université du Québec à Trois-Rivières.

" La plupart des universités américaines comptent plusieurs programmes de doctorat, notamment en histoire, pour lesquels elles exigent que leurs diplômés possèdent une seconde langue. Et un certain nombre de ces étudiants choisissent le français ", indique M. Lavoie qui souhaite, lui aussi, une meilleure concertation pour cibler le marché américain. Trois-Rivières, par exemple, accueille davantage d'étudiants provenant de la Chine que des États-Unis à ses sessions d'automne et d'hiver. L'école possède en effet plusieurs ambassadeurs en Chine, qui incitent les étudiants à venir apprendre le français ici. Question de coût, ceux-ci poursuivent ensuite leur programme à Trois-Rivières.

Miser sur la proximité

Selon Joanne Trebensky, ex-directrice du Centre linguistique de Jonquière, les écoles de français du Québec n'exploitent pas assez leurs deux principaux atouts : la proximité et l'aspect très sécuritaire du cadre d'enseignement. Mme Trebensky dit qu'elle invitait les parents des étudiants américains à communiquer avec elle pour s'assurer du bien-être de leurs enfants. Une attention très appréciée, assure-t-elle.

Quoi qu'il en soit, Langues Canada s'est retroussé les manches. L'organisme a embauché, il y a un an, un responsable de la promotion des programmes de français. L'organisme participe également aux activités annuelles de l'American Council of the Teaching of Foreign Languages. Il compte aussi organiser, en marge du congrès de l'Association américaine des professeurs de français (AATF), qui se tiendra à Montréal en juillet, une tournée de familiarisation des écoles de français en compagnie d'une quinzaine de professeurs américains. " Plusieurs de ces professeurs croient encore que la qualité de notre français n'équivaut pas à celle de la France. Il faut changer cette mauvaise perception " note Jérémie Yared, la recrue de Langues Canada.

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