Si vous croyez que le milieu des banques est terne, vous ne connaissez pas Maurice Côté, 47 ans. L'ancien danseur soliste du cabaret Paradis Latin, à Paris, est aujourd'hui vice-président, Gestion privée, de RBC Gestion de patrimoine, à Westmount. M. Côté est également membre du conseil d'administration des Grands Ballets Canadiens de Montréal.
"Je suis arrivé à Montréal à 16 ans, en provenance d'Ottawa. Après avoir étudié la danse, je suis entré aux Grands Ballets Canadiens de Montréal. J'ai dansé professionnellement pendant 12 ans, dont trois comme danseur soliste au Paradis Latin, à Paris. En 1989, obligé d'abandonner la danse après un accident de scène, je suis revenu au Québec. Pour gagner ma vie, j'ai trouvé un emploi dans une boutique de la Place Ville-Marie. Quand t'es habitué à avoir ton nom sur l'affiche...
Un jour, une cliente du magasin, employée de la Banque Royale, m'a lancé : "Vous savez, on paie plus que le salaire minimum à la Banque." Je me suis ainsi retrouvé au Centre Visa de la Banque Royale. Là, mon superviseur m'a encouragé à retourner aux études. J'ai préparé un MBA les soirs et les fins de semaine ; ça m'a pris huit ans pour l'obtenir.
En 1998, je suis devenu banquier privé. De 2000 à 2005, j'ai été le banquier privé numéro un au Canada à la Banque Royale. En 2005, j'ai été nommé vice-président.
En tant qu'artiste, mon homosexualité n'a jamais eu d'importance pour moi. J'ai gardé la même candeur à la Banque, et mon orientation sexuelle n'a pas semblé avoir d'importance non plus pour mes nouveaux collègues de travail. C'est peut-être plus facile dans une grande organisation, où la diversité fait partie de la réalité. Je suis en couple avec un homme d'affaires depuis 27 ans et je suis sorti avec lui à des parties de bureau ; ça n'a jamais causé de malaise.
Il y a quelques mois, le Groupe de recherche et d'intervention sociale (GRIS-Montréal), dont la mission est de démystifier l'homosexualité en milieu scolaire, m'a proposé la présidence de son cabinet de campagne de financement 2011-2012.
Comme j'avais toujours dit que mon orientation sexuelle n'avait pas d'importance, la "crier sur les toits" ne me semblait pas très cohérent a priori.
Mais quand j'ai compris que j'avais la possibilité de convaincre des jeunes qu'ils peuvent réussir dans la vie sans renier leur identité, j'ai accepté."
