Miser sur l'originalité, c'est payant

Publié le 25/05/2013 à 00:00

Miser sur l'originalité, c'est payant

Publié le 25/05/2013 à 00:00

Dans le commerce de détail, l'originalité paye. Voici des boutiques d'ici qui nous en font la démonstration.

Pieds Géants : un concept qui marche

La grande taille de David Dubois (2,11 m, soit 6'10") lui a déjà ouvert les portes du sport professionnel. Depuis bientôt trois ans, elle lui ouvre celles du commerce de détail.

En décembre 2010, cet ex-joueur de basketball, qui a évolué sur le circuit professionnel européen, a lancé la boutique Pieds Géants, à Repentigny. Un commerce de chaussures destinées exclusivement aux grandes pointures. Que des souliers de ville ou de sport de tailles 14 à 22 pour les hommes et 11 à 13 pour les femmes. Une première au Québec.

Et ça paye. «Dès les six premiers mois, mon chiffre d'affaires a franchi les six chiffres, et j'ai pu me verser un salaire», raconte David Dubois. Cet ex-basketteur de 32 ans vend près d'une trentaine de grandes marques telles Nike, Asics, Timberland, Lowa et Clarks.

Selon le Dr Charles Faucher, président de l'Ordre des podiatres du Québec, un Québécois sur 100 chausse des souliers hors normes.

Pourquoi avoir choisi de s'établir à Repentigny ? Les loyers sont plus abordables qu'à Montréal, soutient le Lanaudois, qui veille en solo sur sa boutique six jours sur sept. Plus de la moitié de la clientèle habite dans un rayon de 60 minutes en voiture. L'autre moitié se trouve à plus de deux heures de route et fréquente sa boutique surtout les fins de semaine. David Dubois n'exclut pas l'ouverture d'une autre boutique ailleurs au Québec.

Sa meilleure décision ? Inclure les chaussures pour femmes. «Au départ, je voulais m'en tenir exclusivement aux souliers masculins. Mais la demande féminine s'est rapidement fait sentir. J'ai dû vendre ma moto, mon cadeau de retraite du basketball, pour financer l'achat des premières collections féminines», dit-il. Les chaussures pour femmes représentent aujourd'hui plus de 65 % des ventes de Pieds Géants.

Glace et cacao : une fusion payante

Chocolat fourré au fromage de chèvre, ganache à la bière La Fin du Monde, crème glacée au bacon fumé à l'érable... Depuis plus de 25 ans, la chocolaterie Érico, rue Saint-Jean, à Québec, se distingue par ses produits chocolatés et glacés qui sortent de l'ordinaire. «Dans ce domaine, l'originalité permet de se démarquer de la concurrence. Mais encore faut-il que ça goûte bon», soutient le chocolatier Éric Normand, en affaires depuis 1987.

C'est au retour d'un séjour dans les Rocheuses qu'Éric Normand a voulu ouvrir sa propre confiserie crémerie. «Au départ, je voulais vendre des bonbons. Le chocolat ne faisait pas du tout partie de mon plan», admet le propriétaire de 51 ans, dont plus de 70 % des revenus viennent de ses créations à base de cacao. Les ventes de chocolats fins, dit-il, s'effectuent à l'année. Pas la crème glacée. L'entreprise, dont le chiffre d'affaires représente de 500 000 $ à 1 million de dollars, compte une vingtaine d'employés réguliers, dont quatre chocolatières.

Outre l'originalité des produits, deux autres facteurs expliquent le succès d'Érico. D'abord, la fraîcheur. Tous les chocolats et les produits glacés sont préparés régulièrement, mais en très petites quantités afin de réduire les pertes. Le deuxième élément clé : la proximité de la clientèle. Plus 70 % des clients résident ou travaillent dans un rayon de 2 km autour de la boutique.

Et ça tombe bien, car Éric Normand refuse de diluer son produit. Sa marchandise n'est vendue qu'en boutique ou par Internet. «Je rêvais d'ouvrir d'autres succursales. Et ce ne sont pas les offres qui manquent. Toutefois, j'ai rapidement fait le choix de n'avoir qu'une seule boutique», souligne-t-il.

Ce choix lui a permis de se consacrer entièrement à la création de produits. À ce propos, de nouvelles saveurs s'ajoutent cet été aux quelque 70 produits glacés : une crème glacée betterave et framboise, un sorbet Mojito ainsi qu'une glace molle à la vanille mexicaine.

ELLES SE DÉMARQUENT PAR LEUR NOM ET LEURS PRODUITS

Certaines boutiques misent sur un nom accrocheur pour vendre leurs produits originaux. C'est le cas des boutiques Miss Bobine, à Matane, Tricot-Thé Serré, à Sherbrooke, et Poffettanshinn, à Sainte-Anne-des-Monts. Les revenus annuels de ces trois commerces, encore à l'étape du démarrage, demeurent très modestes, sous la barre des 70 000 $. Mais la rentabilité est au rendez-vous en 2013.

«Non seulement je me verse un dividende, mais je viens d'embaucher ma première employée à temps partiel», souligne, non sans fierté, Sarah Molaison-Gagné, propriétaire de Miss Bobine. Cette boutique a ouvert ses portes en novembre 2012, à Matane.

Depuis déjà trois ans, cette ex-entraîneuse de gymnastique, diplômée en design de mode, confectionnait et vendait des maillots aux jeunes gymnastes de l'est du Québec, à partir de son logement. Depuis que Miss Bobine a officiellement pignon sur rue, la costumière compte également des patineuses artistiques et des nageuses synchronisées parmi sa clientèle. Et grâce à Facebook, ces clientes viennent de Montréal, voire du Nouveau-Brunswick, pour bénéficier d'un maillot unique signé Miss Bobine.

La saison des maillots s'étend d'août à mars, et Miss Bobine fait face à la saison creuse en vendant poupées, thé et bonbons. «Je ne croyais pas que les bonbons pogneraient autant. J'en vends tous les jours», signale la jeune femme de 29 ans, qui songe déjà à embaucher une deuxième employée.

La rentabilité après six ans d'attente

À la boutique Poffettanshinn, à Sainte-Anne-des-Monts, la propriétaire Valérie Poulin admet que la rentabilité a tardé. Spécialisé dans la vente de vêtements et d'accessoires féminins fabriqués entièrement au Québec (75 % sont produits en Gaspésie et aux Îles), le commerce commence à peine à enregistrer ses premiers bénéfices, après six ans d'attente. Autre signe encourageant, le chiffre d'affaires a toujours augmenté de 15 % par année.

«Grâce à Facebook, où je compte plus de 700 abonnées, ma clientèle en quête de vêtements uniques vient de partout au Québec, voire même de Toronto», souligne Valérie Poulin, 38 ans.

Un changement d'adresse payant

La rentabilité sonne également à la porte de la boutique Tricot-Thé Serré, ouverte à l'hiver 2011, à Sherbrooke. Particulièrement depuis que ce commerce de vente de laine haut de gamme a déménagé sur le boulevard Jacques-Cartier, près du lac des Nations, en mars dernier. «Ma clientèle a carrément doublé. En une journée, je gagne ce que je faisais en une semaine», dit la propriétaire Mélissa Bolduc, 27 ans.

La terrasse, où la clientèle se réunit pour tricoter en groupe, et la vente de thé Camellia Sinensis contribuent au succès de la boutique Tricot-Thé Serré.

Initiée en bas âge au tricot par sa grand-mère paternelle, Mme Bolduc en avait marre de devoir se rendre à Montréal pour trouver de la laine de qualité. Cette éducatrice spécialisée a donc changé de carrière pour se lancer dans le commerce de la laine. Et elle est loin d'être la seule de son âge à se passionner pour le tricot. Plus de 60 % de sa clientèle est âgée de moins de 30 ans.

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