Même si les gestionnaires de Mine Arnaud disent vouloir bien faire les choses à Sept-Îles, le projet suscite quand même son lot de critiques parmi les groupes de citoyens.
«Il faut toujours courir après les gestionnaires du projet pour avoir de l'information exacte. Au début, ils nient, et ensuite, ils disent OK», se plaint Denis Bouchard, président du Comité de défense de l'air et de l'eau de Sept-Îles.
Au départ, on ne parlait que d'un projet d'apatite, raconte M. Bouchard. Mais en novembre 2011, après des pressions publiques, les dirigeants ont dû préciser que leur projet comprendrait aussi la production d'un concentré de magnétite (contenant du fer et du titane) beaucoup plus polluant que l'apatite. En fait, la production de la magnétite titanifère sera encore plus importante que celle de l'apatite : 2,3 millions de tonnes par année, comparativement à 1,3 Mt/année sur 23 ans.
«L'entreprise refuse de nous dire ce qu'elle va faire avec ce concentré. Nous craignons qu'il ne soit transformé sur place pour en extraire le titane, et que cette transformation ne soit pas assujettie à un examen du BAPE», dit M. Bouchard.
La magnétite est «le vrai problème environnemental de Mine Arnaud», selon lui.
Le comité dirigé par M. Bouchard n'est pas le seul à avoir maille à partir avec la minière. Il y a aussi le Regroupement des citoyens pour la sauvegarde de la Grande Baie de Sept-Îles et le comité de citoyens du canton d'Arnaud, qui regroupe une dizaine de résidents directement touchés par le projet minier.
Qualité de l'air
Grâce à la publication de l'étude d'impact environnemental préliminaire, les comités ont pu apprendre que les activités de la mine allaient dépasser les normes sur la qualité de l'air. François Biron, directeur du projet de Mine Arnaud, répond que cela se produira très rarement et à un seul endroit. Mais pour les comités, cela rend le projet inacceptable.
Les trois groupes de citoyens contestent les modélisations faites par Mine Arnaud concernant l'impact de son projet sur la qualité de l'air. Ils estiment que la mine n'a pas tenu compte de tous les paramètres et que la qualité de l'air sera pire que ce qu'ils calculent.
Selon eux, l'air dans la région est déjà pollué par des activités industrielles : transbordement de fer à l'IOC, usine de bouletage assez âgée de Cliff Natural Resources, Aluminerie Alouette. Et les choses empireront avec d'autres projets qui seront mis en branle : le chemin de fer du Canadien National qui pourrait transborder 120 Mt de fer, la future usine de bouletage de Tata Steel Canada et les 15 Mt de fer entreposés et transbordés du projet Kami de Alderon.
«Nous craignons les effets cumulatifs de ces projets, indique M. Bouchard. Nos poumons ne font pas la différence entre les projets !»
Les trois comités veulent que la minière prenne ces données en compte dans son étude sur la qualité de l'air - ce qu'elle refuse de faire, disant qu'elle ne peut pas assumer les problèmes créés par d'autres.
Les comités ont aussi réclamé une étude sur la qualité de l'eau du lac qui alimente la ville en eau potable et qui est situé à moins d'un kilomètre du site minier. La minière a refusé. Mais la Ville de Sept-Îles produira l'étude.
Les comités réclament aussi une étude sur les risques toxicologiques. Chose certaine, selon Denis Bouchard : «Nous sommes devenus assez vigilants à Sept-Îles. En région industrielle, nous sommes plus conscientisés qu'à Malartic, et mieux préparés. Et la situation économique n'est pas la même».
