Les métaux vont mieux, les mines aussi

Publié le 24/04/2010 à 00:00

Les métaux vont mieux, les mines aussi

Publié le 24/04/2010 à 00:00

Depuis la crise, les prix des métaux jouent au yo-yo. Après avoir atteint des sommets au printemps 2008, ils ont été ébranlés par l'incertitude économique et ont perdu 41 % de leur valeur au milieu de 2009. Puis, durant l'été, il y a eu un deuxième rebond, entraîné par la publication de statistiques encourageantes.

" Ce qu'il y a de particulier, avec ce rebond, c'est qu'il n'est pas généralisé ", note Jean-Pierre Thomassin, directeur de l'Association de l'exploration minière du Québec.

Trois tendances se dessinent : les métaux dont les cours ont grimpé en réponse à la reprise de la demande; ceux dont la hausse a coïncidé avec une augmentation des stocks; et, enfin, ceux qui stagnent.

Le fer, le cuivre et le nickel font partie de la première catégorie. " Le fer est le seul métal à avoir presque rattrapé au prix du printemps 2008. On pense qu'au printemps 2010, il pourrait avoir dépassé ce niveau ", note l'ingénieur Denis Blackburn, de la Direction de la gestion et du développement de l'industrie minérale du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). La demande pour ce métal vient principalement de la construction d'infrastructures dans les pays industrialisés et émergents.

Les cours du cuivre et du nickel, quant à eux, se rapprochent de leur sommet respectif de 8 900 $ la tonne et 20 $ la livre en 2008. " Les prix élevés découlent principalement de la demande de la Chine ", dit Mathieu d'Anjou, économiste principal au Mouvement Desjardins, qui pense que la tendance pourrait se prolonger.

L'avenir est plus incertain pour les autres métaux industriels, tels que l'aluminium et le zinc, de même que le platine et le palladium. La hausse de leurs cours est moins marquée, et fait plus préoccupant, les stocks sont en hausse.

" Le marché a anticipé une reprise de la demande, dit M. D'Anjou. Par conséquent, si cette embellie se confirme, il n'y aura pas de gains substantiels sur les prix. "

Enfin, l'or et l'argent, dont les cours stagnent, font bande à part. Les prix pourraient se maintenir autour des niveaux actuels. " Ces métaux sont des valeurs refuges, dans un contexte où l'économie s'améliore où et il y a moins de risques, note Mathieu D'Anjou. On ne peut plus s'attendre à des gains importants. "

Conséquences sur l'industrie

Grâce à ces hausses de prix, l'industrie minière québécoise, qui avait perdu des plumes ces dernières années, entre autres, à cause de la fermeture des mines Fabie, Beaufor et Copper Rand, respire mieux. Les entreprises sont plus disposées à faire de l'extraction et de l'exploration de minéraux pour remplacer les ressources qui s'épuisent.

" Actuellement, on compte 27 mines en exploitation au Québec, dit M. Blackburn. On s'attend à ce qu'une trentaine soient en activité dans deux ou trois ans. "

L'or et le fer mènent le bal. Des minières projettent même d'exploiter des gisements à Shefferville, où les projets avaient presque tous été abandonnés.

Cependant, en raison de vents contraires, toutes les entreprises ne bénéficieront pas de cette hausse de prix.

D'abord, la force du dollar canadien nuit à la rentabilité des petites mines et de celles qui produisent des métaux dont les stocks sont encore élevés. " Comme la valeur des métaux est fixée en dollars américains et que les dépenses sont en dollars canadiens, plus le huard est fort, moins la hausse de prix des métaux profite aux producteurs ", explique M. Blackburn.

Ensuite, le gouvernement provincial a décidé, lors du dernier budget, d'augmenter les redevances. Le taux d'imposition du régime des droits miniers passera de 12 à 16 % dans deux ans, un bond de 25 %.

Enfin, géologues et prospecteurs doivent travailler de plus en plus dur pour trouver des minéraux. " Au Québec, les mines en surface sont presque toutes en exploitation, dit M. Thomassin. Pour exploiter de nouvelles ressources, il faut creuser plus loin dans le sol ou monter plus au nord. Or, c'est plus coûteux. "

Dans ce contexte, à quoi peut-on s'attendre pour l'avenir ? " Depuis 25 ans, le Québec perd des plumes par rapport à l'ensemble des ressources mondiales, répond M. Thomassin. Et cette tendance se poursuivra. "

LES MÉTAUX ONT RETROUVÉ L'ÉLAN...

Indice des métaux de Londres (LMEX Index)

...ET VALENT LEUR PESANT D'OR¹

Nickel

582 millions de dollars

Or

837 millions

Zinc

275 millions

Cuivre

235 millions

¹ Valeur de la production.

Source : Association de l'exploration minière du Québec (2008)

Sources : Bloomberg, fermeture au 16-04-2010

dossiers@transcontinental.ca

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