Les Affaires - Depuis l'écriture de votre livre, il y a trois ans, de quelle manière diriez-vous que la situation économique a évolué ?
Jason Zweig - La situation ne s'est pas beaucoup améliorée. L'économie américaine est en très mauvais état. Je crois que les investisseurs sont nerveux. Ils retirent leur argent des fonds communs d'actions. Et les gens achètent des produits qui leur garantissent des revenus ou une façon de profiter de la volatilité. Le niveau de volatilité a diminué récemment, mais la nervosité est toujours très élevée.
L.A. - Est-ce que les gens ont raison d'être craintif ?
J.Z. - Oui, mais ils ne le sont pas pour les bonnes raisons. On remarque, par exemple, que la rentabilité et les marges bénéficiaires des grandes entreprises atteignent des niveaux records. Les investisseurs devraient s'inquiéter d'une telle situation, parce que cela annonce une possibilité élevée de repli. Or, les investisseurs sont nerveux surtout parce qu'ils sentent que la plupart des gens le sont, ce qui est une mauvaise raison à mon avis.
L.A. - Doit-on jouer de prudence ou d'audace ?
J.Z. - Je crois qu'il est bon d'être conservateur ; ce n'est pas le temps d'être agressif. Mais je ne crois pas non plus qu'il faut être craintif. On remarque également que les périodes de grandes anxiété dans le passé ont été de bons moments pour investir. Les rendements ne seront ni mirobolants ni bas. Ils seront probablement sous la moyenne à long terme (5 à 6 % annuellement après inflation). Mais considérant le faible rendement des obligations et le risque associé aux matières premières, le marché des actions semble attrayant.
