" Nos étudiants ne savent ni lire ni écrire. " Voilà la déclaration-choc qu'avait fait à Les Affaires, en septembre dernier, l'ancien doyen de l'École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM, Pierre Filiatrault. Au lieu de se rebiffer, l'Association des étudiants a organisé une dictée, rédigée par M. Filiatrault lui-même. Un texte évidemment truffé d'embûches. La dictée a été présentée le 10 avril. Une centaine d'étudiants y ont participé, en présence de l'ancien premier ministre Bernard Landry. Celui-ci a prononcé une conférence pendant la période de correction.
Plusieurs prix ont été attribués. Le grand gagnant est Abdoul Stephane Niane, un étudiant en comptabilité, qui a réussi l'exploit de remettre une copie sans faute. En guise de récompense, il a mérité le remboursement des frais de scolarité du trimestre d'hiver (jusqu'à concurrence de 1 000 $). Les participants ont fait en moyenne une douzaine de fautes.
Pour les amateurs, voici le texte de la dictée.
LA GESTION TOUS AZIMUTS (Les mots en gras ont deux graphies acceptées)
Les gestionnaires doivent à toute heure prendre des décisions en considérant plus d'un paramètre. Ces dernières années, quelques icônes décaties mirent en oeuvre des desseins byzantins en usant de modèles de décision surannés. De nos jours, les décideurs, où qu'ils soient dans le monde, ne devraient maximiser le rendement de leurs ressources que grâce à une vision syncrétique des exigences économiques, environnementales et sociales.
En effet, certains arguent / argüent que, nonobstant le raffinement des plus récents outils d'aide à la décision, ces modèles ne prennent pas en compte, dans le feu de l'action, les préceptes de l'éthique et de la responsabilité sociale, et l'incidence des décisions des gestionnaires non seulement sur l'économie, mais aussi sur les autres composants du macro-environnement / macroenvironnement.
Les dirigeants sont fréquemment soumis à une dichotomie cornélienne : comment composer avec les intérêts des détenteurs d'enjeux de leur entreprise et ceux de la société ? Maints d'entre eux sont en quête d'aphorismes qui faciliteront leurs tâches / leur tâche. Ce qu'il faut, c'est former des dirigeants qui sauront considérer tout autant les intérêts souvent à court terme des détenteurs d'enjeux que ceux à long terme de l'environnement et de la société, des gestionnaires qui sauront trouver l'équilibre entre l'approche irrésolue et quelquefois tatillonne de certains et l'opiniâtreté d'autres. Le problème est d'autant plus critique que d'aucuns ont une approche uni-disciplinaire / unidisciplinaire, voire sectaire, des problèmes qu'ils tentent de résoudre à l'aide d'algorithmes sibyllins. Ces pseudo-dirigeants / pseudodirigeants, à cause de leur myopie disciplinaire, ont tendance à mettre en oeuvre une vision labyrinthique, chaotique et souvent inextricable devant les aléas auxquels les entreprises sont quotidiennement confrontées.
Il est à souhaiter que le nouveau gestionnaire acquière, pour peu qu'il soit sagace, les connaissances obligées, comme la maîtrise / maitrise de la langue, et la pléthore de compétences qui lui permettront de concourir à l'essor de son entreprise et à celui du Québec, en eurythmie avec l'environnement et la société.
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