Les entrepreneurs sur le divan du banquier

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Les entrepreneurs sur le divan du banquier

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Parole de banquier : il en faut beaucoup à nos entrepreneurs pour perdre le sommeil ! Les Affaires a demandé à trois banquiers de nous parler de l'entrepreneur québécois. Voici ce qu'il en ressort.

Ceux qui dirigent nos PME aiment être dans l'action et n'hésitent pas, généralement, à foncer tête la première dans un nouveau projet. Mais ça n'en fait pas des superhéros pour autant : nos dirigeants de petites et moyennes entreprises ont besoin d'être rassurés quand ils négocient un prêt, une nouvelle marge de crédit ou le transfert de leur entreprise familiale.

Ils ne vont plus voir leur banquier uniquement pour obtenir du financement. Ils veulent lui parler, lui demander conseil. À la limite, ils le voient comme un psychologue capable de les écouter et de leur faciliter la tâche.

«Nous avons des clients qui débordent de confiance, qui foncent, qui ont le goût du risque. Mais nous avons aussi des clients plus prudents, qui ont besoin d'être accompagnés. Mais quel que soit leur profil, les entrepreneurs que nous rencontrons souhaitent établir un lien de confiance avant de prendre une décision qui implique des investissements au sein de leur entreprise», dit Jonathan Legault, responsable de l'équipe de financement aux entreprises pour l'est du Québec à la Banque Laurentienne.

«Je suis toujours étonné de voir que mes clients-entrepreneurs démontrent un haut niveau de confiance, indique quant à lui Tommy Pelletier, directeur comptes majeurs à la Fédération des caisses Desjardins. Ils sont aussi bien informés et connaissent les enjeux et les nombreux détails relatifs à une transaction à venir, à un financement projeté.»

Ceux qui défilent dans son bureau ou qu'il rencontre dans leurs entreprises sont loin d'avoir un profil d'investisseurs anxieux et craintifs face à l'avenir. «Ce sont des entrepreneurs qui contrôlent la situation, parce qu'ils ont su s'entourer de collaborateurs compétents. Ce qui n'était pas le cas il y a 10 ou 15 ans, quand leurs PME, c'étaient des one man shows où ils étaient seuls pour prendre toutes les décisions», fait-il observer.

Il ajoute : «Nos entrepreneurs ne sont pas tous des universitaires, mais ils ont en revanche un niveau très élevé de compétence. Ils n'ont pas appris les concepts, ils ont appris la gestion sur le terrain. Ils savent où ils vont et ne comptent pas les heures. Vous comprendrez qu'ils nous demandent de les suivre, et rapidement, car ils n'ont pas de temps à perdre avec leur banquier !»

Le défi des ressources humaines

Du côté de la Banque Nationale, Hubert Courtemanche, directeur développement des affaires, services aux entreprises, ne cache pas qu'il arrive parfois que le banquier «devienne presque le psychologue de l'entrepreneur-client». Il met les choses en perspective. «Plus la relation est forte, plus on permet à l'entrepreneur de parler de ses affaires. Et s'il se pose des questions, il lui est plus facile de nous en faire part.»

Mais quelles sont ces questions ? «Le dirigeant de PME peut s'inquiéter à propos de la stabilité de son entreprise. Il nous dira, par exemple, que sa PME ne parvient pas à retenir ses employés», explique-t-il, en précisant que la gestion des ressources humaines est un enjeu majeur pour la grande majorité des PME.

Approche fondée sur la collaboration

Si grandes que soient leurs ambitions, les chefs de PME vont toujours refuser de jouer à la loterie avec l'entreprise qu'ils ont créée. En revanche, ces chefs d'entreprise s'attendent à ce que leur banquier les mette au défi, leur ouvre des portes pour saisir de nouvelles occasions d'agrandir leur marché.

Dans ces conditions, pas question pour le banquier de faire du 9 à 5 dans son bureau, tandis que son client est dans l'action. «Personnellement, je passe la moitié de mon temps à l'extérieur de mon bureau. Je vais au-devant de mes clients. Ce sont eux qui me le demandent. Ils veulent que je voie sur place comment ils progressent, comment ils évoluent dans le quotidien. Ça permet une meilleure compréhension de leurs affaires», fait remarquer Jonathan Legault.

Cette approche bâtie sur la collaboration, et non pas la méfiance, serait bénéfique pour le développement des affaires au sein de nos PME, souligne Tommy Pelletier, chez Desjardins : «Nous sommes moins autoritaires dans notre façon de faire, et en retour, les dirigeants d'entreprise ont moins tendance à cacher des informations financières. La façon de penser des banquiers a évolué, et pour le mieux.»

Principaux enjeux à court terme pour les PME

Recrutement de la main-d'oeuvre 55 %

Coût d'exploitation 55 %

Coût des matières premières 14 %

Accès au financement et coût de celui-ci 13 %

Montée du dollar canadien 11 %

Concurrence des pays émergents 9 %

Déflation 6 %

Protectionnisme américain 5 %

Source : Indice de confiance PME-Fonds de solidarité FTQ, septembre (sondage Web auprès de 210 dirigeants de PME québécoises de dix employés et plus et ayant un chiffre d'affaires de 5 M$ ou plus; mentions multiples permises)

81 %

Pourcentage des dirigeants de PME qui sont optimistes quant à l'avenir de leur propre entreprise au cours des 12 prochains mois

Source : Sondage FTQ

62 % Pourcentage des dirigeants de PME qui prévoient une hausse nette de leur nombre d'employés d'ici 12 mois.

"Source : Indice de confiance PME-Fonds de solidarité FTQ, septembre

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