L'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés veut en finir avec les chasseurs de têtes qui ont la gâchette facile. Il lance un Code de conduite à l'intention des conseillers en recrutement ou en recherche de cadres.
"Ça fait plusieurs années que nous recevons des plaintes à ce sujet, raconte Sarah Thibodeau, avocate, directrice, admission et qualité de la pratique à l'Ordre. Alors que nous sommes en pénurie de main-d'oeuvre et que le recrutement devient un outil concurrentiel pour les entreprises, nous avons cru pertinent de mieux encadrer cette activité."
Parmi ces conduites qui nuisent à l'image des conseillers en recrutement, l'Ordre mentionne un client dont la confidentialité n'est pas respectée, un candidat qui n'obtient aucun suivi de son dossier, un recruteur qui envoie rapidement des CV à un employeur pour court-circuiter un conseiller concurrent, etc.
Parmi les 8 500 membres de l'Ordre (qui portent le titre de conseiller en ressources humaines agréé, CRHA), une centaine font du recrutement de cadres. Mais tous les conseillers en recrutement ne sont pas membres de l'Ordre.
Mme Thibodeau assure que le but du Code n'est pas d'accaparer ce secteur d'activité. L'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés est un ordre à titre réservé : il faut en être membre pour porter le titre, mais il n'est pas nécessaire d'être un CRHA pour travailler en ressources humaines. Ce n'est donc pas demain la veille qu'il faudra absolument être désigné CRHA pour faire du recrutement de cadres.
"Ce code de conduite n'est pas seulement destiné aux conseillers en recrutement. Il s'adresse aussi aux entreprises qui leur donnent des mandats et aux candidats qui sont sollicités", explique Mme Thibodeau. Il ne vise pas les agences de placement.
Des règles claires
L'Ordre a déjà son code de déontologie pour les CRHA et ce code sectoriel destiné aux recruteurs pourrait être suivi d'autres codes, sur le coaching et les enquêtes sur le harcèlement psychologique, par exemple.
Jean Métivier, de Métivier Groupe Conseil, oeuvre dans le domaine du recrutement depuis une trentaine d'années. Ce n'est pas un CRHA, mais ses trois employés portent le titre.
"C'est une excellente idée, lance-t-il en parlant du Code de conduite. Il faut des outils pour réglementer notre industrie et éviter que n'importe qui ne s'improvise et ne fasse une mauvaise réputation à notre profession."
Pauline Abécassis, présidente d'Abécassis Conseil en recherche de cadres, croit elle aussi qu'il faut des règles claires : "Avec la pénurie de main-d'oeuvre, trouver les bonnes personnes est de plus en plus complexe. Il n'y a plus de place pour l'improvisation."
La CRHA espère que le Code de conduite permettra aux dirigeants de PME de faire la distinction entre une agence de placement et un chasseur de têtes. "Il y a des agences de placement qui se font passer pour des chasseurs de têtes, alors que la démarche est très différente."
Le code de conduite est accessible à portailrh.org/codedeconduite.