Alors que les Occidentaux s'inspirent toujours plus des philosophies orientales pour soigner leur bobos de l'âme, les Chinois, eux, découvrent la psychothérapie.
Leur ouverture au capitalisme les afflige en effet de plusieurs des maux de l'Occident, dont la détresse psychologique. Compétition entre les individus, stress lié à la réussite, écarts entre riches et pauvres... Voilà ce qui pousse les Chinois vers les divans des émules de Freud, alors qu'hier encore, ils étaient embrigadés de la naissance à la mort dans un système où les besoins individuels étaient découragés au profit de l'intérêt collectif.
Les problèmes psychologiques touchent aujourd'hui 15 % de la population chinoise (sur plus de 1,3 milliard de personnes, ça commence à faire du monde !); et ils comptent pour 20 % des dépenses liées à la santé, selon le Chinese Center for disease control and prevention, organisme chargé de la santé publique.
Le hic, c'est que la psychologie n'a pas été enseignée aux médecins, qui se trouvent ainsi démunis lorsque vient le temps de poser des diagnostics. Et le pays n'a pas formé assez de psychologues pour répondre à la demande. La Chine ne compte que 1,3 psychologue par 100 000 habitants, selon l'Organisation mondiale de la santé. C'est dix fois moins que le ratio observé chez les très angoissés Américains (13,7 pour 100 000 habitants).
Les Chinois viendront-ils puiser dans nos réserves de psys ? Les barrières culturelles et linguistiques sont difficiles à franchir. Comment dit-on "détresse émotivo-rationnelle" en mandarin ?
martin.jolicoeur@transcontinental.ca
