En octobre 2006, le président des Alouettes de Montréal, Larry Smith, a frappé à près de 300 portes du quartier Milton-Park pour répondre aux questions des résidants sur le projet d'agrandissement du stade, qui comptera 5 000 places supplémentaires une fois que les travaux de la phase 2 seront terminés.
Le processus de consultation de la population a duré près de quatre ans. Des arbres devaient être déplacés, d'autres abattus. L'entreprise a travaillé main dans la main avec le milieu, entre autres avec les Amis de la montagne, afin de sauvegarder la biodiversité dans le secteur.
" Pour chaque arbre abattu, nous avons décidé d'en planter trois. Notre objectif est de ne pas de nous limiter au strict minimum demandé par la loi. Nous sommes des leaders dans le domaine du sport. Nous nous devons de l'être aussi sur le plan environnemental ", indique Mark Weightman, vice-président, opérations et événements.
Une équipe carboneutre
Grâce à l'aide de la Fondation David Suzuki, les Alouettes sont devenues en 2008 la première équipe professionnelle carboneutre du Canada. Une démarche qui a donné lieu à deux mesures concrètes. La première vise à compenser les GES émis par les activités des l'équipe, qui achète des crédits de carbone de 450 tonnes de CO2 par an, soit l'équivalent d'une centaine de voitures pendant un an.
La deuxième mesure concerne la réduction des déchets. L'organisation a mis sur pied un plan de réduction des déchets générés par les quelque 200 000 spectateurs qui fréquentent le stade chaque saison. La première année, 16 % des déchets ont été détournés des sites d'enfouissement. En 2009, cette proportion atteignait 40 %, et elle devrait encore croître en 2010.
Pour y parvenir, il a fallu revoir les façons de faire en profondeur. Un exemple : l'équipe d'entretien a été divisée en trois. La première commence par ramasser les plastiques laissés dans les tribunes après les matchs, puis la deuxième équipe collecte les papiers. La dernière se charge des matières non recyclables. Environ 85 % de tous les déchets sont ainsi triés à la source.
Les fournisseurs ont suivi le mouvement : le Groupe Compass, qui s'occupe de l'alimentation, a réduit au maximum ses emballages. On a changé les ampoules dans les coursives et les toilettes pour des produits moins énergivores. Les plans d'agrandissement du stade centenaire intègrent d'ailleurs plusieurs critères de construction LEED.
La mise en vente des billets de saison a servi d'occasion d'inciter les quelque 18 000 abonnés à utiliser le transport en commun. " Nous croyons que nous pouvons avoir un effet d'entraînement en donnant l'exemple ", dit M. Weightman. Cela se fait par de la publicité sur le site Internet et dans les courriers de rappel envoyés aux abonnés.
Faire encore plus
Si les retombées pour l'entreprise sont importantes en termes d'image, certains coûts ont augmenté à la suite de la mise en place du plan de développement durable. La facture de l'entretien ménager, par exemple, a grimpé de près de 10 %.
Prochaine étape : le compostage. La création de sites pour le traitement des déchets organiques sur le territoire de Montréal ouvre de nouvelles perspectives. " On ne peut jamais dire : Je suis vert, affirme le vice-président. Il faut toujours aller de l'avant. Il y a toujours quelque chose de plus à faire. "
Le défi : faire participer les fournisseurs en les engageant
" Le défi principal est de changer les habitudes des gens. Les Alouettes donnent beaucoup de services en impartition à des sous-traitants : sécurité, alimentation, entretien ménager. Ils ont l'habitude de faire les choses d'une certaine façon depuis des années. S'ils ne voient pas la raison du changement, ils rechignent à le faire. Il faut les motiver et vérifier sans cesse qu'ils font bien ce qu'on leur demande pour ne pas avoir à faire les coins ronds à la mi-saison. Nous avons donc invité les sous-traitants à faire partie de la planification. Le plan de développement durable décrit leur engagement pour contribuer au bilan environnemental. L'exercice est renouvelé chaque année, pour voir ce qu'on peut améliorer. "
- Mark Weightman
carole.lehirez@transcontinental.ca
