Les Allemands forment-ils les meilleurs techniciens du monde ?

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Les Allemands forment-ils les meilleurs techniciens du monde ?

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Au printemps, Les Affaires a publié un dossier sur les succès et les ratés de la formation professionnelle des jeunes au Québec. Nous publions aujourd'hui quelques exemples inspirants venus d'Allemagne, de Suisse et du Danemark.

Les Allemands se targuent de former les meilleurs techniciens du monde, ceux-là même qui fabriquent les Mercedes, Audi, Bosch et autres produits manufacturiers à la réputation de grande qualité. Pour en arriver là, le système scolaire allemand (ainsi que les systèmes suisse et autrichien, qui ont suivi le même modèle), propose un cursus scolaire favorisant une spécialisation précoce des jeunes dans différentes voies (universitaire, technique ou vocationnel).

Ceux qui sont dirigés vers les métiers reçoivent une formation " duale ", c'est-à-dire que durant trois ans, ils passeront la plupart de leur temps comme apprentis dans des PME ou de grandes entreprises, et le reste du temps sur les bancs d'école pour acquérir un bagage scolaire de base. Une formation qui " est la raison pour laquelle l'Allemagne est le champion mondial des exportations ", a déclaré récemment la ministre allemande de l'Éducation, Annette Schavan.

Choisir tôt

Déterminer à 11, 12 ou 13 ans quel chemin empruntera l'élève a des avantages, dont celui de prévenir le décrochage scolaire : ceux pour qui les matières traditionnelles sont un repoussoir ont déjà droit à un enseignement plus adapté, et des notions pratiques à se mettre sous la dent.

Ce système n'a pas que de bons côtés. Par exemple, diriger des élèves si jeunes dans certaines voies avec peu ou pas de possibilités de changement crée des inégalités, dit le Dr Heike Solga, chercheure au Centre de recherche en sciences sociales de Berlin. Les enfants d'universitaires ont quatre fois plus de chances d'être dirigés vers la voie universitaire que ceux issus des classes ouvrières.

En Suisse également, ces orientations précoces commencent à être remises en question, explique la journaliste de la Société suisse de radiodiffusion, Dominique Clément. " Dès 12 ou 13 ans, tout se décide pour la vie, dit-elle. C'est trop tôt. "

Des entreprises engagées

Tout le système " dual ", tant en Suisse qu'en Autriche et en Allemagne, est fondé sur une collaboration étroite de l'école et de l'entreprise privée. Dès 15-16 ans, et pour une période de 3 ou 4 ans, le jeune signe un contrat avec l'entreprise où il passera 4 jours sur 5, la dernière journée étant consacrée à la formation en classe. Ce système a fonctionné à merveille jusqu'au tournant des années 2000, dit la Dre Heike Solga, mais il connaît des ratés.

La force du système (la formation d'apprentis très ancrée sur la réalité du marché du travail), est aussi sa faiblesse : les jeunes se surspécialisent très tôt, poursuit Mme Solga, ce qui rend leur reconversion plus difficile lorsque les besoins du marché changent, ce qui est inévitable dans le monde d'aujourd'hui.

Par ailleurs, le contexte et les crises économiques depuis 10 ans en Allemagne ont fait en sorte que les grandes entreprises comptaient trop d'employés. " Dans ce contexte, c'est plus difficile pour les jeunes de trouver des places d'apprentis ", dit Heike Solga.

Ceux qui n'y parviennent pas - ou qui n'ont ni les notes pour la filière universitaire, ni les compétences pour la filière technique -, restent à l'école, obligatoire jusqu'à 18 ans en Allemagne. Mais ils se retrouvent dans un cul-de-sac, le " système transitionnel ": on les prépare théoriquement au système " dual ", mais celui-ci débouche parfois sur un abandon scolaire.

Le nombre d'élèves dans cette voie a presque doublé au cours des 10 dernières années. Ils forment désormais plus de 40 % des effectifs. Parmi eux, 15 % n'auront aucun diplôme à 25 ans, la moitié d'entre eux étant des enfants d'immigrants. " Il est presque impossible de se trouver un emploi en Allemagne si l'on n'a pas de diplôme." Pour la Dre Solga, une des solutions serait que l'école fournisse en classe une formation pratique aux jeunes qui ne se trouvent pas de stage en entreprise, palliant ainsi les aléas du marché.

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