Leddartech met de l'ordre dans la circulation

Publié le 10/03/2012 à 00:00

Leddartech met de l'ordre dans la circulation

Publié le 10/03/2012 à 00:00

Depuis sa création en 2007, Leddartech a misé sur la R-D pour développer des produits consacrés à la gestion du trafic routier et à la détection 3D. Cette PME de 25 salariés espère à l'avenir renforcer son positionnement à l'international grâce à une nouvelle technologie de pointe.

Lorsque Yvan Mimeault a monté la société Leddartech avec ses deux partenaires, en 2007, la technologie Leddar, qu'ils avaient créée ensemble au cours de leurs travaux à l'Institut national d'optique, était encore embryonnaire. «Tout restait à faire : évaluer les besoins du marché, développer notre technologie et l'amener à un certain niveau avant de pouvoir la commercialiser», se souvient Yvan Mimeault, vice-président R-D de Leddartech, une entreprise de Québec.

La PME a dû frapper à plusieurs portes pour se donner les moyens de ses ambitions. Elle a d'abord réussi à convaincre des anges financiers de lui accorder une enveloppe de 500 000 $ pour monter un premier prototype et un kit de développement.

«L'enjeu était de valider les applications potentielles de notre technologie et d'aller chercher les premiers clients ainsi que du capital-risque investi dans notre société. Nous avons eu de la chance, car la clientèle a vite compris le potentiel de nos détecteurs», dit M. Mimeault.

La technologie LeddarMC brevetée par Leddartech permet de détecter et de mesurer des objets dans l'espace. Elle ouvre la voie à plusieurs applications dans le domaine des transports ou de la sécurité-défense. Son kit de développement a séduit des investisseurs canadiens et français, qui lui ont octroyé, en 2009, une enveloppe de 6,5 M$, auxquels s'ajouteront deux financements du gouvernement fédéral, un de 145 000 $ puis un de 210 000 $.

La nécessité de faire des choix

Grâce à ce financement, l'entreprise a pu embaucher des experts de différents domaines (électronique, programmation, etc.) au lieu de passer par des sous-traitants. «Si bien qu'aujourd'hui, la moitié de nos employés se consacrent à la R-D, ce qui nous permet d'être davantage maîtres de notre expertise», affirme M. Mimeault.

Au-delà des défis financiers, Leddartech a dû faire des choix stratégiques pour ne pas s'éparpiller. «On a souvent plus d'occasions que de ressources ! Il est nécessaire de bien choisir les idées à conserver et celles à abandonner», dit le dirigeant.

Plusieurs sociétés dont M. Mimeault préfère taire le nom l'ont aussi sollicité pour adapter sa technologie au domaine de la sécurité industrielle. «Cela nous a permis de gagner de nouveaux revenus tout en continuant à développer et à peaufiner notre technologie. Mais il a ensuite fallu faire des choix et se recentrer sur nos produits, car nous avions identifié des besoins qui se situaient plutôt dans la gestion du trafic routier», rappelle-t-il.

Faire participer ses employés

À chaque étape du processus de R-D, Yvan Mimeault a tenu à comparer les projets avec les réalités du marché. «Nos produits doivent prouver leur efficacité dans notre laboratoire, puis sur le terrain avant d'être élargis et distribués chez le client. Cela demande beaucoup de persévérance, plusieurs séries de tests et un lien constant avec les équipes de marketing», estime-t-il.

Pour cela, Leddartech a mis en place une culture RH plus «participative». En plus d'accorder des primes incitatives à ses employés, la PME a renforcé les liens entre ses différents départements pour qu'ils communiquent davantage au lieu de travailler chacun de leur côté.

Pour optimiser les coûts, la PME a ciblé les pays où elle veut protéger sa technologie : «Nous avons choisi les pays les plus pertinents : les États-Unis, qui sont incontournables, mais aussi l'Europe, très sensible aux problématiques de gestion du trafic, tout comme l'Asie et la Chine», dit M. Mimeault.

La prochaine étape ? Établir des bureaux à l'international pour se rapprocher de ses futurs clients, «d'ici 5 ans», conclut l'entrepreneur.

TROIS FAÇONS D'OPTIMISER LA R-D

1 S'associer à un centre de recherche

Des PME qui revoient leur processus de R-D, Denis Proulx en voit presque tous les jours. En tant que cofondateur de l'Institut de développement de produits (IDP) et professeur en génie mécanique à l'Université de Sherbrooke, il est aussi l'homme qui a importé le concept japonais d'ingénierie simultanée dans les années 1990. Selon lui, les PME ne font pas face aux mêmes défis que les autres entreprises en matière de R-D.

«Les PME ont souvent des ressources financières et humaines limitées. Il peut donc être judicieux qu'elles s'associent à des chercheurs ou des universitaires possédant les qualifications et les outils nécessaires», estime M. Proulx.

Il cite en exemple le partenariat établi entre un chercheur de l'Université Sherbrooke et une PME de Richemont qui travaille au développement de nouvelles ampoules DEL moins polluantes. «Toutes les PME n'ont pas les moyens d'embaucher deux chercheurs pendant 5 ans», résume-t-il.

2 Nouer un partenariat avec une autre entreprise

Pour Catherine Beaudry, professeure en génie industriel spécialiste des biotechnologies, d'autres modèles collaboratifs sont aussi à inventer : «Vous pouvez développer un mentorat avec une grande entreprise ou une PME ayant des activités complémentaires des vôtres pour partager les dépenses de R-D et vous créer une niche», dit-elle. Ainsi, il arrive que l'entente de collaboration entre une petite entreprise de biotech et une grande entreprise (pharmaceutique le plus souvent) s'accompagne de financement.

3 Faire travailler plusieurs départements ensemble

À ceux qui choisissent d'avancer seuls, Denis Proulx conseille de mettre sur pied des équipes multifonctionnelles qui tiendront compte de tous les éléments du cycle de vie d'un produit.

«Il faut mêler les ingénieurs, les designers, les employés de la production et du marketing pour qu'ils travaillent ensemble à la conception du produit. Dès les premiers dessins réalisés sur ordinateur, le personnel de fabrication doit déjà être là pour donner son avis et voir plus loin», estime-t-il.

«Il est tout à fait possible de tenir compte de cette question à coûts constants en se posant les bonnes questions au départ : Est-ce que les matériaux sélectionnés se recyclent facilement ? Comment se passera le désassemblage ? etc.», ajoute M. Proulx.

L'objectif

Se tailler une place de choix à l'international grâce à une technologie de pointe pour repérer des objets grâce à la détection 3D.

Le défi

Faire des choix stratégiques pour éviter de s'éparpiller en sélectionnant les idées à conserver et à développer, et celles à abandonner.

Le résultat

Après avoir lancé ses trois premiers produits, Leddartech se prépare à en commercialiser un autre, toujours dans le domaine de la gestion routière.

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