Ponts congestionnés. Retards au travail. Employés stressés. Perte de productivité. La Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud croit avoir une solution au cauchemar quotidien des banlieusards qui doivent traverser les ponts matin et soir pour se rendre au travail.
«Nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes !» annonce le porte-parole de la CCIRS, Francis Villeneuve. Et c'est par un immense panneau publicitaire, à l'entrée du pont Jacques-Cartier, en direction de Montréal, que l'organisme de gens d'affaires a affiché sa position en gros caractères : «Travailler sur la Rive-Sud, un choix payant !»
L'objectif avoué de la Chambre de commerce était bien sûr d'inciter un plus grand nombre de résidents à venir travailler dans une entreprise de la banlieue. Cette campagne de séduction pour «vendre la Rive-Sud» a attiré l'attention des 117 000 automobilistes qui empruntent le pont Jacques-Cartier tous les jours de la semaine.
«Nous ne voulons pas voler de la main-d'oeuvre aux entreprises installées à Montréal, ou ailleurs dans la grande région métropolitaine. Mais c'est tant mieux si nos arguments permettent d'influencer ceux et celles qui s'interrogent, qui songent à habiter la Rive-Sud et à y travailler», plaide Francis Villeneuve.
Qu'en dit la Chambre de commerce du Montréal métropolitain ? «Il faut éviter les délocalisations d'entreprises et de travailleurs simplement pour prévenir les coûts de congestion, résume le président et chef de la direction, Michel Leblanc. Ces publicités locales ne doivent pas nous faire oublier que la vraie concurrence se situe à l'échelle des autres grandes villes nord-américaines. Nous avons besoin d'entreprises fortes et d'une main-d'oeuvre qualifiée et disponible sur l'ensemble du territoire métropolitain. Dans l'immédiat, nous devons augmenter considérablement la fluidité de notre réseau de transport.»
Jouer dans le trafic
Jean-Robert Lessard, vice-président du Groupe Robert, ne sera pas en désaccord avec une telle analyse. Lui qui évolue dans une entreprise de transport admet ne pas aimer jouer dans le trafic. «Je plains ceux qui passent des heures dans leur véhicule pour se rendre au centre-ville», compatit-il.
Et quand il doit se rendre «en ville» pour participer à une réunion, il ne prend aucun risque : il quitte sa maison de banlieue avant le lever du soleil ! «Je préfère partir très tôt pour éviter d'être coincé dans un immense espace de stationnement», confie-t-il.
Jean-Robert Lessard siège au conseil d'administration de Développement économique Longueuil et il a déjà été président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud. Il aimerait voir un plus grand nombre d'entreprises, qui se trouvent actuellement dans la région de Montréal, s'installer de l'autre côté de la rive.
Il mise sur le fort potentiel économique de la Rive-Sud pour convaincre les sceptiques. Et il prêche aussi pour sa paroisse. «Nous avons nous-mêmes de grands besoins en matière de main-d'oeuvre. Nous sollicitons régulièrement des candidats pour venir travailler à notre centre opérationnel de Boucherville (qui compte 1 400 employés). Les ponts sont un obstacle que nous tentons de contourner. Espérons que le message sera entendu», conclut-il.
