Le rachat d'actions, la moins risquée de toutes les acquisitions

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Le rachat d'actions, la moins risquée de toutes les acquisitions

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Si vous demandiez à un dirigeant d'entreprise s'il préfère réaliser une importante acquisition ou effectuer des rachats d'actions, je suis persuadé qu'il opterait pour l'acquisition, comme la grande majorité de ses collègues.

C'est tout à fait humain. Parce que l'acquisition d'une autre entreprise accroît la taille de l'acquéreur, lui offre des possibilités de croissance dans de nouveaux marchés et augmente sa visibilité. Tandis que racheter des actions réduit la taille de la société... Rien de très excitant pour un dirigeant.

Pourtant, racheter ses propres actions est probablement l'investissement le moins risqué qu'une entreprise puisse faire avec son capital excédentaire - à condition, évidemment, de payer un prix raisonnable pour ces actions.

En rachetant ses propres actions, le dirigeant d'une entreprise sait exactement ce qu'il achète et est peu susceptible d'avoir de mauvaises surprises. De plus, l'entreprise peut racheter la quantité d'actions qui lui convient, quand cela lui convient, afin de ne pas étirer les finances de son entreprise.

L'acquisition récente par Alimentation Couche-Tard de Statoil Fuel & Retail pour la somme de 2,8 milliards dollars est une acquisition majeure. Étant donné la hausse de près de 10 $ du cours de l'action de Couche-Tard depuis l'annonce de l'acquisition, il semble évident que la majorité des investisseurs pensent qu'il s'agit d'une très bonne chose pour l'entreprise de Laval.

Comment les blâmer lorsqu'on connaît la feuille de route exceptionnelle de la direction de Couche-Tard et ses nombreuses acquisitions réussies dans le passé ? Cette acquisition ouvre la porte à d'autres transactions similaires en Europe continentale et pourrait rapporter des synergies intéressantes au cours des prochaines années.

Mais tandis que tous les rapports que j'ai lus sur cette acquisition louaient ses perspectives de croissance, peu mentionnent ses risques inhérents. En premier lieu, que dire de la dette qui atteindra près de 4,0 G$ à la suite de l'acquisition ? Cela fera passer le ratio dette/profits d'exploitation de Couche-Tard de 0,88 à plus de 3,0. Et sera-t-il aussi facile d'intégrer une entreprise scandinave que Circle K, qui était dans le Midwest américain ?

Pendant ce temps... Metro rachète

Pendant ce temps, Metro, qui oeuvre un peu dans le même secteur que Couche-Tard et qui, incidemment, détient près de 20,7 millions des actions de Couche-Tard, ne fait pas de vagues et rachète ses propres actions de façon méthodique et régulière.

Au semestre terminé le 31 mars dernier, elle a investi 123,3 M$ dans le rachat de ses actions. Au cours des derniers quatre ans et demi, Metro a diminué son nombre d'actions en circulation de 13,3 %. Pendant cette même période, son bilan s'est même amélioré : son ratio dette/profits d'exploitation est passé de 1,59 à 1,35.

Je suis convaincu que la direction de Couche-Tard a très bien pesé les risques liés à l'acquisition de Statoil. Il est même probable que cette transaction soit payante à long terme pour les actionnaires de Couche-Tard. Je me demande si la société n'aurait pas mieux fait à long terme de s'en tenir au marché nord-américain et de suivre l'exemple de Metro en rachetant ses propres actions. Car l'acquisition la moins risquée de toutes est souvent le rachat de ses propres actions.

Philippe Le Blanc, CFA et MBA, anime le blogue «Les initiés et la Bourse», sur lesaffaires.com. Il est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).

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