Le Québec s'éveille au mécénat

Publié le 10/04/2010 à 00:00

Le Québec s'éveille au mécénat

Publié le 10/04/2010 à 00:00

Marina Boulos-Winton a fait carrière dans l'administration d'associations caritatives à Montréal et à New York. L'été dernier, après une dizaine d'années passées dans la métropole américaine, elle est devenue présidente de la Fondation du Grand Montréal, un organisme responsable de l'administration déléguée des fonds et des donations de plusieurs fondations et oeuvres de bienfaisance.

" J'ai été surprise ", dit-elle, en entrevue. En quelques années, le paysage philanthropique qu'elle avait connu alors qu'elle travaillait à Tel-Aide ou Au Bon Dieu dans la rue s'était transformé. " Il y a beaucoup de nouveaux philanthropes, surtout chez les francophones. Il y a beaucoup plus d'entrepreneurs qui commencent à s'engager. Le mouvement philanthropique prend de la force au Québec. "

Champions des petits dons

L'indice de générosité Épisode publié à la mi-mars a confirmé les conclusions de l'Institut Fraser de l'automne 2008 : les Québécois sont deux fois moins généreux que les autres Canadiens, même si l'on tient compte des dons non déclarés au fisc. En 2009, le montant moyen des dons au Canada s'est élevé à 534 $ (ou à 623 $, si on exclut les donateurs québécois) par rapport à 273 $ au Québec. " Le constat que nous faisons n'est pas très reluisant. Prenons-en acte, dit Daniel Asselin, président d'Épisode, firme-conseil en collecte de fonds. Nous sommes passés d'une société où l'Église avait la mainmise sur les affaires de la collectivité pour nous en remettre davantage à l'État-providence. "

" Les Québécois sont les champions des petits dons ", ajoute-t-il. Faut-il en faire un complexe ? " Pas du tout, répond Christian Bolduc, président et chef de la direction de BNP Stratégies, conseils en gestion philanthropique. La société québécoise a un défi important à relever, car la génération des baby-boomers léguera des centaines de millions de dollars. "

L'optimisme de Marina Boulos-Winton n'est pas sans fondement. Les Québécois ne sont pas encore devenus de grands philanthropes, mais ils se soignent. Plusieurs indicateurs portent à le croire, comme l'explosion des fondations familiales ou personnelles confiées à des fondations communautaires.

Une reprise en 2010

Le secteur de la philanthropie a pâti de la crise. L'année 2010 s'amorce sous un meilleur jour. Ne serait-ce que parce qu'elles ont recouvré une partie de la valeur de leur portefeuille, les fondations subventionnaires auront de meilleurs revenus cette année pour effectuer des distributions aux oeuvres qu'elles soutiennent.

Les entreprises ont diminué les budgets à ces causes en raison de la crise. Gil Desautels, vice-président principal chez KCI, ne s'attend pas à ce qu'elles les augmentent de sitôt. " Nous percevons une certaine effervescence de l'activité chez les individus, mais dans les entreprises, la récession a été l'occasion de revoir les politiques d'entreprise dans ce domaine. "

" L'économie reprend, note Daniel Asselin, cependant, les budgets ne reviennent pas à leur niveau d'avant la crise. Les PME réduisent davantage leur budget de dons que celui des commandites. "

La participation aux événements-bénéfices n'attirent plus autant. " La crise n'explique pas tout, dit M. Desautels. Il y a trop d'événements, de telle sorte qu'il y a un essoufflement. Nous avons atteint la maturité dans ce marché. "

" Il y aura toujours de grands événements-bénéfices qui auront du succès, mais en lancer un sera une opération difficile; il y a peu de place pour de nouveaux acteurs, le marché est saturé. "

Par contre, les événements mobilisateurs tels les défis sportifs, les marches et les excursions en vélo attirent, en particulier chez les donateurs plus jeunes. " Ils sont plus proactifs, ils veulent se mouiller et participer. On le voit beaucoup plus ces dernières années. "

dossiers@transcontinental.ca

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