Le modèle québécois de R-D fait des petits

Publié le 11/06/2011 à 00:00

Le modèle québécois de R-D fait des petits

Publié le 11/06/2011 à 00:00

Par Alain Duhamel

Est-ce que le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ) aura bientôt un petit frère au Japon ? Chose certaine, l'organisme, qui a adopté un modèle de partage de la recherche unique en son genre, intéresse la Japan External Trade Organization. " Nous avons eu plusieurs échanges avec eux à ce sujet ", dit Clément Fortin, président et directeur général du consortium. En novembre dernier, le CRIAQ et le Japan Aerospace Arts Association ont conclu un accord de coopération dans le secteur des technologies en aéronautique. Cet accord ouvrira la voie à des échanges d'informations et à l'organisation conjointe, au Québec comme au Japon, de rencontres et de présentations sur leurs programmes nationaux et internationaux.

Le CRIAQ a eu également des échanges et des collaborations avec d'autres pays, dont l'Inde, la France, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne.

" Partout dans le monde, nous essayons de faciliter l'union des centres de recherche, des universités et des entreprises, mais bien peu de pays y parviennent. Nous avons réussi à implanter un modèle de recherche collaborative, et c'est pourquoi nous sommes devenus la référence en ce domaine ", dit M. Fortin, qui a pris ses fonctions en août 2010, succédant à André Bazergui, qui avait dirigé le consortium depuis 2003.

La recette ? Tous les deux ans, le CRIAQ organise un forum où des participants des secteurs public et privé proposent des projets de recherche communs. Chaque projet rassemble une équipe composée d'au moins deux entreprises et deux organismes de recherche qui, dans les deux mois suivant le forum, doivent déposer un sommaire de leur projet comprenant un budget prévisionnel et un échéancier. L'apport de l'industrie au financement des projets équivaut à 25 % des coûts sous forme de services rendus et de contributions en argent, le reste provenant de divers fonds et programmes publics.

" La recherche collaborative repose d'abord sur la confiance. Il faut prendre toutes les mesures et précautions voulues, notamment en ce qui a trait à la propriété intellectuelle. Le CRIAQ l'a fait. Il y a de bons chercheurs dans les universités. Quand on les met en lien avec des gens d'entreprise sur des projets concrets, cela donne des idées très intéressantes. "

En moins de 10 ans, le CRIAQ a presque quadruplé le nombre de projets de recherche lancés à l'occasion de ses forums de recherche biennaux. On en comptait 48 lors du cinquième forum, qui a rassemblé plus de 400 participants au printemps 2010, comparativement à 13 projets lors du premier forum, organisé en 2002.

Des retombées au Québec

Le modèle ne fait pas des petits uniquement à l'étranger. Le gouvernement du Québec l'a repris dans le secteur de la santé, en créant avec les entreprises pharmaceutiques le Consortium québécois sur la découverte de médicaments. L'Association pour le développement de la recherche et de l'innovation du Québec (ADRIQ) veut également s'en inspirer pour créer des consortiums d'innovation.

La mutualisation de la recherche n'a pas seulement favorisé les rapports entre savants, chercheurs et entrepreneurs, elle a aussi vaincu des résistances entre les entreprises elles-mêmes.

" Le principal défi, c'est que les participants s'entendent et se fassent confiance ", dit M. Fortin. " Les entreprises ont appris à se connaître, parce que, auparavant, elles ne travaillaient jamais ensemble en recherche et innovation. Dans ce contexte, il était impossible de faire de la recherche collaborative. "

Une fiche type de recherche sur le moulage des matériaux composites, par exemple, comprendra les noms de quelques entreprises de grande et de petite tailles, comme Bombardier, Bell Helicopter, Delastek, Avior, Marquez Transtech et Pratt & Whitney, de plusieurs institutions, comme le Centre de développement des composites, l'École de technologie supérieure et des composantes du Conseil national de recherches du Canada, et de certaines universités, comme les universités Laval, McGill et du Québec à Trois-Rivières.

61,5

Valeur totale, en millions de dollars, des 87 projets de recherche initiés par le CRIAQ au 5 janvier 2010. Une vingtaine d'entre eux concerne l'amélioration des processus de fabrication.

Source : CRIAQ

L'AÉROSPATIALE ACCROÎT SA CAPACITÉ D'INNOVATION

Le secteur de l'aérospatiale prévoit une importante croissance de ses effectifs en recherche et en innovation. En 2011, les entreprises projettent de recruter 785 personnes dans la catégorie du personnel scientifique, soit quelque 40 % de la croissance projetée de tout l'emploi. Entre 2010 et 2012, l'augmentation de l'effectif scientifique des entreprises sera de l'ordre de 16 %. En tout, il comptera pour près du quart des emplois du secteur.

Source : CAMAQ, Recensement des emplois (mars 2011)

LES ORIGINES DU CRIAQ

L'aventure du CRIAQ a commencé en 2000. Les professeurs Jean Nicolas et François Charron, de l'Université de Sherbrooke, conçoivent alors le projet de réunir les forces d'innovation en aérospatiale des universités, des centres gouvernementaux et des entreprises. L'idée même de regrouper ces milieux paraissait audacieuse, mais Valorisation-Recherche Québec l'a retenue dans le cadre de son programme de soutien aux projets d'envergure.

Ainsi est né, l'année suivante, le CRIAQ, qui est devenu le premier consortium de recherche précompétitive en aérospatiale. Il se composait au départ de six entreprises et de six institutions universitaires. Aujourd'hui, il réunit 44 entreprises, 18 universités et centres de recherche, et 11 organismes gouvernementaux ou publics.

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