Le gouvernement mexicain amorce une réforme majeure de son industrie des télécommunications, qui ouvrira notamment davantage ce secteur à la concurrence étrangère.
Annoncée le 11 mars, cette réforme s'inscrit dans une vaste stratégie pour relancer l'économie mexicaine. «Le président Enrique Peña Nieto s'est engagé à faire plusieurs réformes pour améliorer la croissance et la compétitivité de l'ensemble de l'économie», dit Maria Jose Hernandez, spécialiste du Mexique chez Eurasia Group, une firme américaine d'analyse du risque politique.
Cette réforme dans les télécoms est intéressante pour les entreprises étrangères, car elle élimine le plafond pour prendre des participations dans le marché de la téléphonie. «Elle permet à une société détenue à 100 % par des investisseurs étrangers d'entrer dans ce marché», précise Maria Jose Hernandez. Le nouveau régulateur du secteur des télécoms, Ifetel, aura aussi le pouvoir de réduire les barrières à l'entrée pour des entreprises en concurrence avec Telmex et Telcel.
La première contrôle 80 % du marché des téléphones fixes, tandis que la seconde détient 70 % du segment de la téléphonie mobile. Ces sociétés appartiennent à America Movil, contrôlée par le magnat des télécommunications Carlos Slim, l'homme le plus riche du monde. Cela fait d'ailleurs dire à plusieurs analystes économiques que cette réforme est une attaque en règle contre l'empire de cet homme d'affaires très influent au Mexique. Rien que dans le segment en pleine croissance d'Internet, America Movil accapare 74 % du marché, tandis que son plus proche concurrent, Televisa, en détient seulement 6 %, selon les statistiques de l'OCDE.
Pour ouvrir davantage le marché des télécoms, le gouvernement mexicain veut aussi mettre aux enchères deux nouvelles licences pour exploiter des chaînes de télévision. Et les entreprises mexicaines déjà bien implantées dans ce marché, comme Televisa et TV Azteca, ne pourront pas y participer.
Point important : Ifetel aura le pouvoir de dissoudre les monopoles, soit les groupes contrôlant plus de 50 % du marché directement ou indirectement. Le nouveau régulateur pourrait alors forcer des entreprises à vendre et à diversifier leurs actifs. America Movil sera clairement dans le collimateur des autorités, croient les analystes.
Oseront-elles le faire ? «La façon dont Ifetel utilisera ses pouvoirs n'est pas claire, mais l'organisme aura des dents pour agir contre les acteurs dominants de l'industrie», affirme Maria Jose Hernandez.
Avec 94,6 millions de téléphones cellulaires en circulation, le Mexique est le deuxième marché d'Amérique latine après le Brésil, selon la CIA, l'agence américaine du renseignement. Un peu plus de 31 millions de personnes utilisent Internet au Mexique, soit plus qu'au Canada, à 27 millions.
9 millions
Les exportations de matériel de télécommunications du Québec au Mexique ont totalisé 9 millions de dollars canadiens en 2012, par rapport à 10,7 M $ en 2011.
Sources : Statistique Canada et Institut de la statistique du Québec
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