Le huard chute, les exportateurs soufflent

Publié le 02/03/2013 à 00:00

Le huard chute, les exportateurs soufflent

Publié le 02/03/2013 à 00:00

Le recul du dollar canadien par rapport au dollar américain est une bouffée d'air pour nos exportateurs accablés par la parité du taux de change. L'industrie ne sable pas le champagne pour autant et reste sur ses gardes. Car, pour que cette baisse soit significative, le huard doit descendre sous la barre des 0,95 $ US et y rester à long terme, affirment les spécialistes.

«Cette baisse est intéressante, mais elle trop faible. C'est pourquoi elle a peu d'impact pour le moment», dit Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, en précisant que beaucoup d'exportateurs se sont adaptés à la parité du taux de change.

Du 5 février au 26 février, le dollar canadien est passé de 1,00 $ US à 0,97 $ US. Ce recul tient à plusieurs facteurs. Les principaux sont l'incertitude en Europe et la baisse de la demande mondiale en matières premières, en raison de la mauvaise conjoncture économique. Comme le Canada est un important pays producteur de ressources, le huard est touché.

François Barrière, vice-président, marchés internationaux à la Banque Laurentienne, estime que le huard doit baisser à 0,90 $ US pour que nos exportateurs soient plus compétitifs aux États-Unis. «À 0,95 $ US, une entreprise améliore sa marge bénéficiaire et peut investir dans sa productivité. C'est toutefois à 0,90 $ US qu'elle peut réduire ses prix pour augmenter ses ventes», dit-il.

C'est bien que le huard recule, mais encore faut-il «qu'il se stabilise à moyen terme pour que les exportateurs en profitent», dit Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. Par exemple, en 2008-2009, en pleine récession mondiale, le dollar canadien est retombé sous les 0,80 $ US. Mais au début de 2010, il avait déjà rebondi à 0,95 $ US.

La juste valeur

Malgré tout, des analystes croient que notre monnaie pourrait rester sous la parité dans les prochaines années. Dans une note financière, Benjamin Reitzes, de BMO Marchés des capitaux, souligne que le huard est surévalué de 10 cents américains en raison de l'augmentation du prix des matières premières ces dernières années. Il le voit donc à 0,90 $ US. «Pour la première fois depuis longtemps, il semble possible de réduire cet écart», écrit-il.

Dans une récente analyse, Desjardins prévoit d'ailleurs que le huard descendra à 0,95 $ US au quatrième trimestre de 2014. François Barrière est plus optimiste : il évalue que le dollar canadien atteindra les 0,90 $ US, et ce, dès la fin de 2013. Comme Benjamin Reitzes, il dit d'ailleurs que c'est la juste valeur du huard.

Si la devise canadienne continue de se déprécier, les entreprises n'en profiteront pas au même rythme, précise Simon Prévost. Par exemple, les fabricants de matériel de transport signent habituellement des contrats à long terme, dans lesquels les prix sont fixés à l'avance, donc peu flexibles. Les producteurs de produits agroalimentaires, en revanche, peuvent ajuster leur prix à court terme plus facilement.

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