Impossible de parler de virage vert sans penser à Alain Lemaire. Le pdg de Cascades est incontournable dans le paysage du développement durable au Québec. Son intérêt pour l'environnement, Alain Lemaire le tient de son père , Antonio. «Quand il a perdu son emploi, dans les années 1950, mon père a commencé à trier les déchets pour vendre ce qu'il était possible d'utiliser.» Quelques années plus tard, cette activité de survie donnait naissance au fabricant de papier Cascades.
Ce fleuron québécois au chiffre d'affaires de 3,9 milliards de dollars est devenu synonyme d'un développement économique respectueux de l'environnement, même s'il est issu d'un secteur pour le moins polluant.
Cascades occupe le premier rang du Canada en matière de récupération de carton et de papier. Au cours des trois dernières années, le pourcentage de fibres recyclées est passé de 71 à 75 % de l'ensemble de sa production. L'entreprise consomme cinq fois moins d'eau par tonne de papier produit par rapport à la moyenne de son industrie. Elle a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 5 %, de 2009 à 2010, alors que sa production bondissait de 7 % !
Travailler sans relâche
Une réussite qui n'est pas étrangère à la vision de son patron. Alain Lemaire est de ceux qui ne tiennent rien pour acquis. Pour lui, la quête d'un plus grand respect de l'environnement est sans fin... et n'a pas de prix. Il pousse son entreprise à investir annuellement de 35 à 40 millions en R-D.
«Mais il faut aussi savoir se remettre en question, être ouvert à la critique et sortir de sa zone de confort», souligne le principal intéressé. Ce qu'il fait sans hésiter. Nous avons demandé à une vingtaine d'organisations du secteur de l'environnement ce que nous pourrions faire de plus pour améliorer notre bilan environnemantal.» Les résultats ont abouti à l'établissement de nouveaux objectifs.
Andrée-Lise Méthot, fondatrice et associée principale de Cycle Capital Management, une firme de capital de risque spécialisée dans les technologies propres, lui attribue deux qualités importantes : «Il est capable de porter la vision, et il a l'immense capacité de la rendre opérationnelle. Ça, peu de personnes y arrivent.»
D'ici deux ans, le gouvernail sera remis à un dirigeant qui n'est pas issu de la famille, une première chez Cascades. Ce dernier n'en aura pas moins le gène vert. «Mario Plourde a les mêmes préoccupations à l'égard du développement durable», assure Alain Lemaire. Pour lui, cela ne fait aucun doute : le développement de Cascades continuera d'être teinté de vert.
Quels sont les gains réels d'un virage vert ?
Le vert est rentable. Ceux qui en doutent encore n'ont pas fait l'exercice de recenser toutes les activités de leur entreprise qui causent du gaspillage. On peut toujours s'améliorer et être plus performants. En réduisant notre consommation d'énergie, l'effet est direct sur la facture. Les investissements sont rentables, et souvent, plus rapidement qu'on pourrait le croire.
Comment implantez-vous des pratiques vertes ?
Toutes les idées sont entendues. Si l'on juge qu'une nouvelle pratique doit être implantée parce que ses bénéfices environnementaux, sociaux ou économiques sont valables, nous en parlons au comité de direction. Maintenant, notre plan de développement durable oriente nos prises de décisions quant aux projets à venir pour ce qui est de la responsabilité sociale. Par conséquent, la démarche est la même, mais elle plus structurée, car nous définissons à l'avance les enjeux sur lesquels nous devrions mettre des efforts.
