Difficile de croire, en déambulant dans ce magasin Rona de l'avenue du Parc, qu'on se trouve dans une quincaillerie. La sélection ici a plus en commun avec les boutiques design du boulevard Saint-Laurent. «Nous nous sommes adaptés à la clientèle, explique le gérant, Luc Barribault. Il faut dire que nous sommes à quelques pâtés de maison d'Outremont et en bordure du quartier Mile End, paradis des hipsters.»
Propriété de Louis Turcotte, la quincaillerie a été acquise il y a 21 ans, alors que le Pascal qui s'y trouvait fermait ses portes. C'est trois ans plus tard qu'on a commencé à mettre l'accent sur la décoration et l'ameublement, en consacrant presque 40 % de deuxième étage à un espace-boutique.
Mais il y a cinq ans, on a décidé de rénover totalement les lieux, notamment en remplaçant les étagères, rachetées à l'époque de Pascal. «On en a aussi profité pour entrer de nouvelles lignes de produits et pour vraiment offrir des choses qu'on ne trouve pas ailleurs. On sentait que c'était ce que les gens voulaient», explique Luc Barribault.
On y trouve désormais des noms comme Now Design, Brabantia, Les Touristes, Elho ou Zak, des labels recherchés par la clientèle branchée. La sélection de la marchandise est faite par le gérant, le gérant adjoint et par une décoratrice à l'emploi de l'entreprise, lesquels arpentent les salons et les événements consacrés à la déco. Car le commerce mise aussi beaucoup sur le roulement des stocks. On ne représente pas les mêmes produits - pour la base oui, mais pas pour le reste, dit Luc Barribault. Cela augmente la fréquence de visite des clients.
Concernant les objets de base, les prix sont comparables à ceux qu'on trouve ailleurs. Pour ce qui est des articles plus particuliers cependant, les prix sont à l'avenant. On trouve des chaises de jardin à 50 $, mais d'autres à 200 $. Il est toutefois possible de faire de bonnes affaires. Car le commerce a trouvé une manière de diversifier ses revenus... L'endroit est devenu avec les années le repère des décorateurs et des directeurs artistiques de la télévision et de cinéma. «Quand ça fait deux ou trois fois qu'on loue un meuble à 100 $, explique Luc Barribault, on peut se permettre de le vendre moins cher.»
Pour s'assurer de mettre en valeur cette diversité de sélection, le commerce a maximisé l'utilisation du palier d'un escalier central en le transformant en étalage déco et en le renouvelant chaque saison. «L'idée est entre autres d'attirer les gens au deuxième, ce qui n'est pas facile dans un commerce, explique Luc Barribault. La vitrine extérieure bénéficie aussi d'un traitement de faveur. «Nous sommes sur l'avenue du Parc, qui a une grosse affluence, et c'est important d'attirer le regard rapidement», dit-il. Les vitrines sont réalisées à l'interne par la décoratrice, en collaboration avec le gérant... Ça aide de vendre du matériel de rénovation !
La diversité de la sélection a un prix. Les membres de l'enseigne Rona ne peuvent pas dépasser 15 % en valeur de marchandises acquises à l'extérieur du regroupement d'achat. Sinon, ils paient une pénalité. «Dans la boutique, environ 40 % du matériel est acheté à l'extérieur. Alors oui, on en paie une, dit M. Barribault. On n'a pas le choix, mais ça fait partie de nos décisions d'affaires, parce que c'est rentable.» Il rapporte que le commerce a connu une augmentation de revenus d'environ 10 % sur cinq ans. «C'est très respectable si on pense que le boulevard Saint-Laurent a été pratiquement fermé pendant trois trois ans [NDLR : à cause de travaux de réfection des canalisations].»
Quoi qu'il en soit, l'entreprise a l'intention de continuer à offrir des produits uniques. Elle compte accrocher d'ici peu des tableaux d'artistes québécois. De l'art dans une quincaillerie ? Ce n'est vraiment pas un commerce comme les autres !
CV
Rona Quinc. Parc & Bernard
Ville : Montréal
Année de création : 1992
Propriétaire : Louis Turcotte
Nombre d'employés : 18 (dont cinq à temps plein)
