Généralement associé aux grandes villes, voilà que le concept appartement-hôtel gagne les régions.

D'ici la mi-décembre, Victoriaville assistera à l'ouverture d'un hôtel Quality Inn & Suites. La propriété, qui ressemblera de l'extérieur aux autres hôtels de cette enseigne de la chaîne Choice Hotels, dérogera pourtant au modèle traditionnel. L'établissement de 4,8 millions de dollars, pourvu de 74 chambres, a réservé son 5e étage (le dernier) à l'aménagement de cinq copropriétés destinées à des acheteurs.

«Ce qui en fera les appartements les plus hauts de tout Victoriaville, avec vue sur le centre-ville ou sur les montagnes et la croix illuminée du mont Arthabaska», souligne Étienne Bergeron, président de Constructions Bergeroy, promoteur de ce premier hôtel hybride en région.

Deux unités ont déjà été vendues, et une troisième est sur le point de l'être. Le prix ? Plus de 400 000 $ l'appartement. Les copropriétés disposent d'un espace variant de 1 500 à 1 800 pieds carrés. Chacune est dotée d'une terrasse, de son propre chauffe-eau et de sa propre entrée électrique. L'étage des résidents possède des conduites d'eau et de gaz naturel, toutes deux indépendantes de celles qui alimentent les chambres d'hôtel.

En plus de bénéficier du service d'ascenseur, les copropriétaires pourront également utiliser la piscine, le gymnase, le garage, et disposer du service de sécurité de l'hôtel. Les cinq copropriétaires et le promoteur Constructions Bergeroy se partageront, au prorata, les frais de copropriété et les taxes.

«Il s'agit d'une formule très populaire ces années-ci en milieu urbain. Ce type de logement privé aménagé dans les derniers étages d'un hôtel constitue un rêve pour plusieurs acheteurs», commente Benoît Poulin, vice-président chez CBRE, une firme montréalaise de courtage en immobilier. «Voilà tout de même un projet très audacieux pour un marché secondaire», ajoute-t-il, étonné de voir ce genre de projet gagner les régions.

Il souligne qu'à Victoriaville, la formule est utilisée de façon non traditionnelle.

En général, les investisseurs ont recours au concept appartement-hôtel pour financer et mieux répartir les risques de la construction de l'hôtel. Sa construction devient ainsi conditionnelle à la vente des copropriétés. Dans le cas de l'hôtel à Victoriaville, Constructions Bergeroy a assumé la totalité des risques de la construction afin de pouvoir bâtir l'hôtel en moins d'un an. «À vrai dire, c'est à peine si nous avons fait de la publicité pour vendre des appartements», rapporte M. Bergeron, qui dit vouloir s'attaquer au dossier dès que l'hôtel aura ouvert ses portes.

À ce stade-ci, le président de Construction Bergeroy ignore encore s'il exportera ou non le projet dans d'autres régions. «L'expérience Victoriaville constitue un exercice, un laboratoire. Une fois toutes les unités vendues, on analysera la situation», conclut-il.

Après la construction, le nombre de chambres d'hôtel à Victoriaville grimpera à 328.