L'industrie québécoise des spas a fait ses débuts il y a 35 ans avec le Spa Eastman, dans les Cantons-de-l'Est. Depuis, les spas se sont multipliés au point que l'on commence à parler de saturation. Et cet essor n'est pas terminé. D'autres établissements sont en gestation.
Personne ne connaît au juste les revenus annuels de cette industrie ni même combien il y a de spas au Québec. Si on tient compte seulement de ceux qui correspondent à la définition officielle du Bureau de normalisation du Québec (offrir de la massothérapie et au moins une thérapie par l'eau, deux salles de soins et une aire de repos), il y en aurait environ 200. Mais si on calcule tous les établissements qui se prétendent des spas, leur nombre peut atteindre 700.
«Le mot "spa" est utilisé à toutes les sauces, dénonce Lucie Brosseau, présidente-directrice générale de l'Alliance Spas Relais santé et de la toute nouvelle Association québécoise des spas (AQS). Même les consommateurs se vantent d'avoir des spas dans leur cour alors qu'il s'agit de baignoires à remous !»
Les derniers chiffres à notre disposition pour cette industrie datent de 2006. L'AQS entreprendra donc sous peu une étude qui brossera le portrait actuel. Mais en attendant les résultats, tout le monde s'entend sur un point : le marché québécois est en voie d'être saturé, en particulier les régions des Laurentides et des Cantons-de-l'Est.
Forfaits jumelés
Maurice Couture, directeur pour les Laurentides du Créneau d'excellence Tourisme de villégiature, admet qu'avec 32 spas, sa région est bien couverte sauf dans les Hautes-Laurentides. «Les temps sont plus difficiles pour certains de nos spas», dit-il.
Le gestionnaire a d'ailleurs l'intention de réunir les établissements de sa région pour mieux connaître leurs défis et trouver des pistes de solution. «Les spas sont un produit porteur, car ils sont en activité à longueur d'année, souligne-t-il. Mais plus d'efforts pourraient être faits pour offrir des forfaits jumelant une visite au spa à d'autres attraits touristiques.»
Tuango et Groupon
C'est un secret de Polichinelle dans l'industrie que plusieurs spas en arrachent. Le recours aux sites d'achats groupés, comme Tuango et Groupon, est un indice qui ne trompe pas, selon Patrick Rake, président du conseil de l'Alliance des Spas Relais santé et propriétaire des SkySpa de Brossard et de Québec.
«Le pire, c'est que cette pratique nuit à l'ensemble de notre industrie en enlevant de la valeur à notre produit», déplore l'homme d'affaires de 46 ans qui en paraît 10 de moins, allure qu'il attribue aux vertus de la thermothérapie.
Comme Lucie Brosseau et bien d'autres, il prédit que l'intensification de la concurrence entraînera une épuration du marché au cours des prochaines années. «Les moins bons vont fermer.»
D'autres investissements
Malgré cela, le secteur est en effervescence et plusieurs projets sont dans les cartons. Ainsi, la firme-conseil en création de spas Attitude Spa travaille sur six mandats de nouveaux spas qui verront le jour en 2013 et 2014.
Parmi eux, un spa «mode de vie», qui combinera soins corporels, mise en forme, coaching et soins esthétiques de rajeunissement.
Pour sa part, le Groupe Mathers devrait ouvrir à Saint-Eustache d'ici les fêtes son spa Ciel nordique, qui sera annexé à son Centre sportif et comprendra une cabine à neige.
L'Estérel Suites, Spa & Lac inaugurera en décembre sa résidence hôtelière Émotion, qui sera dotée d'un spa nordique. Le nouvel hôtel La Ferme du massif de Charlevoix aura, lui aussi, son spa nordique vers la fin d'octobre.
À Rivière-du-Loup, l'Hôtel Universel et l'Hôtel Lévesque procèdent tous les deux à des travaux d'agrandissement et de réaménagement qui comprennent des spas nordiques.
La dernière étude annuelle américaine SpaFinder dévoile les prochaines tendances : des soins axés sur les pieds, du coaching santé, des zones spa pour enfants... Signe qu'il y a encore de la place pour l'innovation dans ce marché.
200 Nombre de spas dans la province qui répondent à la définition du Bureau de normalisation du Québec.
