Le boom du commerce Sud-Sud

Publié le 07/07/2012 à 00:00

Le boom du commerce Sud-Sud

Publié le 07/07/2012 à 00:00

D'ici 2023, le commerce Sud-Sud (entre les pays émergents et les États en développement) comptera pour le quart des échanges mondiaux. Une croissance de 107 %, selon une étude de la Banque asiatique de développement. Cette étude prévoit aussi une diminution de 41 % du commerce Nord-Nord. Celui-ci ne comptera plus que pour 30 % des échanges internationaux, à peine 5 % de plus que le commerce Sud-Sud.

Cette tendance nous échappe au premier regard, prévient Stephen Poloz, président et chef de la direction d'Exportation et développement Canada. «Les statistiques nous disent que les exportations canadiennes ne bougent pas depuis 10 ans. Mais les ventes des filiales canadiennes à l'étranger, elles, grimpent chaque année. Aujourd'hui, elles s'avèrent aussi importantes que les exportations elles-mêmes.»

Il existe donc une deuxième économie canadienne qui se développe à l'étranger. On observe le même phénomène du côté des États-Unis. Les ventes des sociétés américaines installées à l'étranger sont trois fois plus élevées que les exportations. Aux États-Unis comme au Canada, ces échanges qui passent sous le radar sont en grande partie le résultat du commerce entre les États d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Sud. Le corridor entre le Brésil et l'Afrique, par exemple, est de plus en plus actif.

Pourquoi cette croissance des échanges Sud-Sud ? Simple question de proximité, estime Stephen Poloz. «Si vous êtes Chinois, achèterez-vous vos autos à une entreprise du Vietnam ou d'Oshawa [la capitale canadienne de l'automobile] ?»

Quelle place pour les entreprises québécoises ?

«Le commerce Sud-Sud est un chapitre méconnu de la mondialisation, ajoute le président d'EDC. Nous devons en prendre conscience et trouver comment en profiter.»

Or, cela se révèle plus complexe que de simplement exporter. Il faut carrément s'établir au Sud, au moyen d'une acquisition ou d'un partenariat avec une société locale. Il n'est plus question de vendre aux États du Sud, mais de contribuer à ce qu'ils vendent entre eux. Les activités au Sud deviennent une plateforme à partir de laquelle l'entreprise occidentale fait des affaires avec d'autres sociétés de ces pays. Cela pose des défis culturels et financiers supérieurs à ceux de l'exportation. D'un point de vue culturel, il n'est plus question de comprendre un seul pays, mais plusieurs. D'un point de vue financier, qu'en sera-t-il des assurances, par exemple ? Pourra-t-on contracter une assurance à l'exportation pour des activités d'un pays en développement vers un autre pays en développement ?

Ce commerce Sud-Sud pose bien sûr des défis logistiques. Défis qui sont des occasions d'affaires pour les autres. Mentionnons la construction de ce chemin de fer qui reliera les côtes Pacifique et Atlantique de la Colombie, et dans lequel la Chine a investi 7,6 milliards de dollars. On peut s'attendre à ce que de tels projets se multiplient pour faciliter le flux Sud-Sud des marchandises. Comme le dit Stephen King, économiste en chef d'HSBC : «Vu de l'Occident, tout ce qui compte, c'est la crise de la zone euro et le ralentissement de l'économie américaine. Mais la véritable histoire se déroule au Sud avec la création d'un nouveau corridor commercial.»

107 %

Taux de croissance du commerce Sud-Sud d'ici 2023

75 % des échanges Sud-Sud se déroulent en Asie.

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