La Société du Vieux-Port appelle à l'aide

Publié le 31/03/2012 à 00:00

La Société du Vieux-Port appelle à l'aide

Publié le 31/03/2012 à 00:00

Faisant face à de fortes compressions budgétaires, la Société du Vieux-Port de Montréal jongle avec la possibilité de vendre certains de ses principaux équipements au privé.

L'organisme fédéral chargé du développement et de la gestion du Vieux-Port préférerait éviter cette avenue. Mais si ses appuis ne se transforment pas rapidement en nouveaux investissements, sa direction craint de devoir s'y résigner.

«L'Hôtel de Ville, le gouvernement du Québec, les chambres de commerce... Chacun reconnaît notre apport de premier rang dans le développement et l'offre touristique de la métropole, a confié sa présidente Claude Benoît. Mais on doit passer à une autre étape. Nous avons besoin d'appuis financiers concrets. Et rapidement. Des décisions devront être prises d'ici 18 à 24 mois.»

La pdg de la Société du Vieux-Port se défend de servir ainsi un ultimatum aux Montréalais. Mais elle insiste : à moins d'implication d'autres partenaires du milieu, l'organisme fédéral n'aura d'autre choix que de rechercher de nouvelles avenues, et ce, au risque «de perdre l'intégrité de ce site exceptionnel».

D'une superficie de 40 hectares (l'équivalent de 68 terrains de football), répartis sur quelque deux kilomètres de berges aux abords du fleuve Saint-Laurent, ce territoire de juridiction fédérale a profité depuis 1981 de 147 millions de dollars (M$) d'investissements du gouvernement canadien. C'est ainsi que la Société du Vieux-Port a réussi en 30 ans à transformer un site à l'abandon en un lieu qui attire aujourd'hui 6 millions de visiteurs par année.

Dans le même temps, les gouvernements municipal et provincial ont investi 305 M$ au nord de la rue de la Commune. Cet effort conjoint de toutes les parties en présence a permis d'engranger un total de «plus de 2,4 milliards de dollars (G$) d'investissements dans le secteur», dit Mme Benoît.

«Parlez à tous les promoteurs de condos, à Prevel, à Solano ou aux autres. Qu'est-ce qu'on retrouve sur leurs dépliants qui vantent leurs projets immobiliers ? C'est la Tour de l'horloge, la Promenade des Quais. Ils ont vendu leurs condos avec le style de vie qu'on offre maintenant dans le Vieux-Port. On n'a pas de retombées directes. Mais on peut toujours bien dire que, avec la qualité des aménagements qu'on a faits et la qualité de vie qu'on propose ici, on a eu un impact sur leur développement.»

Baisse de financement

Le hic est que le fédéral, son unique bailleur de fonds, lui impose des compressions. La SVPM profite d'un budget de fonctionnement annuel de 33 M$. De cette somme, la moitié (16 M$) provient de ses revenus d'exploitation (stationnements, Centre des sciences, location de locaux commerciaux), alors que le reste est couvert par le gouvernement fédéral, qui ajoute 13,5 M$ de budget annuel d'entretien des infrastructures.

«Ils veulent qu'on fasse plus d'argent, qu'on leur coûte moins cher. Nous avons déjà procédé à une réingénierie pour nous ajuster à une coupure de 5 % de la contribution fédérale. Et le ministère des Travaux publics nous demande de refaire une ponction de 5 % l'année prochaine.»

Des projets de développement...

Estimant avoir réussi à tirer le maximum de revenus de ses installations, la Société dit devoir poursuivre son développement pour espérer de nouveaux revenus. La Société a dans ses cartons des projets d'une valeur approximative de 180 M$ d'ici 2017.

Entre autres, en lieu et place du Hangar 16, elle projette la construction d'un centre d'expositions et d'événements (46 M$). Sur le quai Jacques-Cartier, près de l'endroit où s'installe le Cirque du Soleil durant l'été, elle prévoit mettre en place un pôle commercial (33 M$), où les touristes pourront manger et magasiner. Enfin, elle envisage le prolongement sur pilotis de sa promenade vers l'est (51 M$), qui permettrait l'aménagement de places de stationnement et de boutiques.

Cela lui permettrait d'engranger des revenus supplémentaires de 6 à 7 M$ par an. «Mon appel n'est pas compliqué : sur les 180 M$, j'ai besoin de 80 M$ du gouvernement provincial, de la Ville de Montréal et du privé. C'est fini de dire qu'on n'investit pas sur un terrain fédéral. Ça ne se passe plus comme ça. On est à l'ère des projets mixtes. Moi, pour dégager de l'argent du fédéral, il faut que j'amène de l'argent des autres paliers.»

... ou de vente

À défaut de parvenir à convaincre le milieu, la présidente avoue que d'autres avenues sont à l'étude. «On pourrait vendre ou donner en impartition le cluster commercial que l'on projette devant la place Jacques- Cartier. On ferait un appel d'offres pour le construire et l'exploiter pendant 30 ou 60 ans, en échange de quoi l'entreprise nous verserait un loyer et des redevances.»

On pourrait aussi, évoque-t-elle, démolir le Hangar 16 et construire un mégastationnement. «Ce serait triste. Parce que tu as beau encadrer le développement autant que tu veux, si le privé juge que ça ne donne pas les rendements espérés, rien ne dit qu'on ne se retrouverait pas avec un parc aquatique en face des condos de luxe ou un terminus d'autobus au bord de l'eau.»

Mais avant d'agir, Mme Benoît affirme attendre de savoir si le fédéral entend la soutenir dans un tel projet. Elle attend aussi de voir ce que ses discussions avec les instances provinciale et municipale donneront. «Mais si personne ne veut investir, je vais être obligée de vendre, et ce, malgré tous les états d'âme que nous pouvons avoir à l'égard de cette solution.»

UN QUARTIER HISTORIQUE

«À l'époque, il n'y avait presque pas d'hôtels, ni boutiques ni restaurants. C'était un no man's land. À la suite de nos investissements, ça s'est densifié, les hôtels-boutiques sont apparus, la rue McGill a été refaite, le Palais des congrès s'est agrandi, le Quartier international a vu le jour, idem pour la Cité Multimédia. Et je ne parle pas des projets résidentiels», dit Claude Benoît, de la Société du Vieux-Port de Montréal. De fait, de 1981 à 2006, la population résidante du secteur a doublé, alors que dans le reste de l'île de Montréal, elle a grimpé tout juste de 5 %. «Quand je regarde tout cela, au sud de l'autoroute Ville-Marie, entre Peel et Papineau, je me dis que c'est le résultat de nos efforts pour créer un quartier historique renouvelé, une véritable destination touristique et culturelle.

Le Vieux-Port espère devenir le site officiel des fêtes du 375e anniversaire de Montréal et du 150e du Canada, à Montréal, en 2017.

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