La relève entrepreneuriale va trop souvent vers des secteurs à faible valeur ajoutée

Publié le 13/02/2010 à 00:00

La relève entrepreneuriale va trop souvent vers des secteurs à faible valeur ajoutée

Publié le 13/02/2010 à 00:00

Bonne nouvelle : les jeunes Québécois ont le réflexe entrepreneurial plus développé que leurs aînés. Toutefois, ils concentrent leurs efforts dans des secteurs à faible valeur ajoutée, comme le commerce de détail, indique une note que vient de publier la Fondation de l'entrepreneurship, sur le thème de l'entrepreneuriat jeunesse.

" Le Québec ne sera pas plus avantagé parce qu'il y a plus de dépanneurs dans nos régions ", dit Nathalie Riverin, directrice du Centre de vigie et de recherche en culture entrepreneuriale à la Fondation de l'entrepreneurship, et coauteure de la note avec Marie-Ève Proulx.

" Le Québec a besoin d'un entrepreneuriat plus audacieux, plus innovant et créateur de richesse ", juge Mme Riverin.

Contrairement aux jeunes québécois qui privilégient le commerce de détail, les jeunes entrepreneurs du reste du Canada se lancent en plus grand nombre dans des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les technologies de l'information, le génie et les services professionnels.

Les auteures jettent un regard critique des cinq premières années du Défi de l'entrepreneuriat jeunesse, un volet de la politique québécoise de la jeunesse. " Ce n'est pas un échec. Le Québec a amorcé un mouvement de changement des comportements; il y a plus de jeunes qui ont l'intention d'entreprendre ", nuance Mme Riverin.

Des progrès et du retard

Néanmoins, le Québec ne semble pas rattraper son retard sur le reste du Canada; la jeunesse québécoise traîne derrière la jeunesse canadienne dans la quasi totalité des indicateurs de l'Indice entrepreneurial de la Fondation de l'entrepreneurship, établi à l'aide des données d'un sondage Léger Marketing mené auprès de 17 192 répondants québécois et canadiens l'an dernier.

Seulement 3,7 % des Québécois de 18 à 35 ans possèdent leur entreprise, par rapport à 4,6 % des jeunes des provinces de l'Atlantique et 8,6 % des jeunes du reste du Canada.

Les jeunes entrepreneurs québécois représentent seulement 12 % des jeunes entrepreneurs canadiens, un pourcentage inférieur à leur poids démographique (22 %).

" Notre déficit entrepreneurial est inquiétant. À cause de cette tendance, le Québec entrepreneurial ne se renouvellera pas. "

Un changement de culture s'impose

Nathalie Riverin plaide en faveur d'une révolution culturelle. Les Québécois devront apprivoiser les valeurs entrepreneuriales de la perfomance, de la valeur ajoutée, de la richesse et de l'argent. " Il ne faut pas craindre de parler de capitalisme quand on parle d'entrepreneuriat ", dit-elle.

L'entrepreneuriat entre dans le milieu scolaire par la petite porte, dit la directrice du Centre de vigie de la Fondation de l'entrepreneurship.

" Pour éviter d'aborder des valeurs entrepreneuriales d'enrichissement, de dépassement, de compétition, nous qualifions ces valeurs de travail d'équipe ou de projets; nous sommes beaucoup plus timide pour tout ce qui fait qu'un jeune aura le goût de se dépasser et de créer une entreprise. " L'entrepeneuriat est perçu comme un mode de vie et non comme un moyen de générer de la richesse et de la croissance économique, ajoute-t-elle.

Le Québec doit rectifier le tir, dit Mme Riverin : améliorer la performance du système d'éducation pour le rendre plus générateur d'entrepreneurs, démystifier l'entrepreneuriat technologique, valoriser la réussite en affaires. Enfin, il doit encourager l'entrepreneuriat comme un moyen de bien gagner sa vie plutôt que comme une solution pour s'en sortir.

CRÉATION D'ENTREPRISES SELON LE SECTEUR

Secteur (en pourcentage) / Québec / Canada

Commerce de détail / 19,4 / 6,7

Construction / 9,7 / 4,7

Agriculture, pêches, forêts / 6,5 / 7,4

Distribution / 6,5 / 4,7

Services de santé / 6,5 / 2,7

Ingénierie, comptabilité, recherche / 3,2 / 13,4

Technologies de l'information / 3,2 / 10,1

Services professionnels / 12,9 / 28,2

Source : Fondation de l'entrepreneurship, décembre 2009

( CHIFFRES CLÉS )

Faits saillants de l'étude de la Fondation de l'entrepreneurship sur l'entrepreneuriat-jeunesse

> Le taux de passage à l'action est deux fois moins élevé au Québec (20,9 %) que dans le reste du Canada (40,3 %);

> Les jeunes entrepreneurs québécois sont moins actifs dans les technologies de l'information (3,2 %) et dans les secteurs à forte valeur ajoutée que les jeunes canadiens (10,1 %);

> 11,5 % des jeunes québécois âgés de 18 à 35 ans souhaitent posséder leur propre entreprise, par rapport à 13,5 % des jeunes canadiens;

> Les démarrages d'entreprises ont surtout lieu dans des secteurs à faible valeur ajoutée comme le commerce de détail (19,4 % au Québec par rapport à 6,7 % au Canada), et dans la construction (9,7 % au Québec par rapport à 4,7 % au Canada);

> Il y a plus d'universitaires dans le reste du Canada (38,4 %) qui créent des entreprises qu'au Québec (23,5 %); les entrepreneurs qui ont seulement un diplôme d'études secondaires sont plus nombreux au Québec (23,5 %) que dans le reste du Canada ( 15,2 %);

> Au Canada, un tiers des jeunes qui ont l'intention d'entreprendre gagnent un revenu brut annuel de 80 000 $ ou plus. Cette proportion est de un cinquième au Québec;

> Au Québec, un tiers des aspirants entrepreneurs ont un revenu brut de moins de 40 000 $ par an, par rapport à un cinquième seulement au Canada.

> La comparaison entre le Québec et le Canada n'est pas flatteuse. Mince consolation : le pourcentage de jeunes entrepreneurs qui se lancent en affaires dans leur région d'origine est plus élevé au Québec (58,3 %) que dans le reste du Canada (40,5 %).

lesaffaires.redaction@transcontinental.ca

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