La dette publique, énorme, mais pas insurmontable

Publié le 03/04/2010 à 00:00

La dette publique, énorme, mais pas insurmontable

Publié le 03/04/2010 à 00:00

C'était en octobre 2005. Douze personnalités québécoises, parmi lesquelles l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, lançaient le fameux " Manifeste des lucides ", où l'on déplorait notamment notre complaisance collective face à l'ampleur de la dette publique, et la nécessité absolue de s'y attaquer pour ne pas hypothéquer l'avenir des générations futures.

On leur alors a tiré bien des roches, les accusant d'être alarmistes. Pourquoi se soucier de la dette, alors qu'elle diminuerait du seul fait de la prospérité du Québec ?

Mais la dette a continué d'augmenter. Puis la récession a frappé, moins fort ici qu'ailleurs, mais assez pour bloquer l'élan et forcer les gouvernements à agir. Hausse des dépenses et baisse des revenus : le fardeau s'est inévitablement alourdi. Voici que le débat sur cette fichue dette s'est imposé sur la place publique. On ne nie plus vraiment son importance. La discussion a changé de cap : elle porte aujourd'hui sur l'ampleur véritable de la dette. Atteint-elle 286 milliards de dollars, comme le soutient une étude du ministère des Finances, l'équivalent de 94 % du PIB québécois ? Ou se " limite-t-elle " à 129 milliards, comme le disent les sans-souci qui retiennent plutôt la formule de la dette nette ?

D'accord. Retenons le chiffre de 129 milliards. Cela équivaut quand même à 44 % du PIB québécois. Qui plus est, ici, l'économie ne redémarrera pas en lion au sortir de la récession. Mais le déficit, lui, sera costaud : il atteindra quelque 5 milliards de dollars au cours de l'exercice 2009-2010. La dette continuera donc d'augmenter au moment où les taux d'intérêt remonteront.

Qui plus est, le directeur parlementaire du budget fédéral, Kevin Page, et l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge - pour ne nommer qu'eux - s'évertuent à expliquer que les pouvoirs publics ne comprennent pas le choc que causera le vieillissement de la population et la nécessité de repenser notre approche face à la retraite.

Ce n'est pas joli comme perspective, mais ce n'est pas non plus désespéré. On peut - et on doit - aller chercher des revenus supplémentaires. Même la majorité (60 %) des gens d'affaires sont résignés à la nécessité d'augmenter les taxes, s'il faut en croire un sondage pancanadien réalisé à la mi-mars. Simultanément, les gouvernements sont moralement obligés de limiter leurs dépenses. Pas de les sabrer, ce qui serait impraticable, mais de suivre un régime minceur.

Mais les gouvernements, voyez-vous, ont pour objectif premier de se perpétuer, et pour y parvenir, ils ne doivent pas effaroucher l'électorat. Il leur faut donc beaucoup de courage pour jouer avec le feu. Est-ce rêver en couleurs que de croire que nos dirigeants peuvent être courageux - et que la population daignera les suivre ?

Ne pas " montréaliser " le Québec

Montréal en mène large au Québec, et avec raison : la moitié de la population québécoise habite la région métropolitaine. Cependant, ce n'est pas une raison pour " montréaliser " les débats et adopter une attitude paternaliste à l'égard du reste de la province.

À preuve, ce débat sur le retour éventuel des petites centrales hydroélectriques. De bonnes âmes montréalaises s'en émeuvent déjà, sans se demander ce qu'en pensent les gens des régions concernées. Prenez l'exemple de Trois-Pistoles, où la MRC des Basques - une des plus pauvres du Québec - essaie de relancer un projet de mini-centrale. J'ai traité de cette question sur mon blogue (voir la section ci-contre), ce qui a suscité plusieurs commentaires. J'ai jugé à propos de vous présenter en format plus long qu'à l'accoutumée une réaction éloquente d'un lecteur. La voici :

" Je viens du Bas-du-Fleuve, des environs de Trois-Pistoles, où l'on doit construire une mini-centrale sur la rivière du même nom. J'ai donc un siège de choix pour assister aux péripéties de nos amis verts. Le projet avait débuté avec un partenariat privé, mais cela a suscité la grogne de quelques activistes de la région, et nos amis artistes, Paul Piché en tête, ont exercé de la pression sur le premier ministre de l'époque, Bernard Landry, afin de freiner le projet [...] Aujourd'hui, c'est la MRC qui va de l'avant avec le projet. Et malgré un référendum et un sondage, tous les deux en faveur de la mini-centrale, il y a encore des activistes qui s'y opposent à nouveau. Ainsi, même si 81 % des gens veulent du projet, nos pseudo-écologistes ne veulent toujours pas respecter la démocratie. "

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Pas encore Roy Dupuis !

La semaine dernière, le quotidien Le Devoir nous a servi une des plus étranges manchettes qu'il m'ait été donné de lire récemment : " Retour en force des petites centrales - Une nouvelle mobilisation se prépare dans le milieu artistique ". Voulez-vous m'expliquer ce que le milieu artistique a à voir là-dedans ?

Vos réactions

" Je commence à en avoir assez de ces pelleteux de nuages. Comme l'adage le dit si bien : Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. "

- Iberard

" À voir la débandade financière qui a frappé le monde, on est en droit de se demander si l'opinion des économistes et autres spécialistes est davantage valable que celle des artistes. "

- Titan Durbois

" Ces centrales ne seraient pas nécessaires si on arrêtait de jeter notre énergie par les fenêtres de nos maisons mal isolées. Le faible coût que nous payons pour notre électricité est un incitatif à la gaspiller. "

- jfmonfette

rene.vezina@transcontinental.ca

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