La crédibilité des syndicats est menacée : un examen s'impose

Publié le 12/03/2011 à 00:00

La crédibilité des syndicats est menacée : un examen s'impose

Publié le 12/03/2011 à 00:00

Alors que le mouvement syndical perd du terrain aux États-Unis, plusieurs indices montrent que les syndicats québécois manquent de crédibilité. Un examen de conscience s'impose pour ces derniers.

Un indice de ce recul est le peu d'appui que les lockoutés du Journal de Montréal ont reçu de la population et des autres syndicats. La CSN, qui représente ces salariés, n'a pas été en mesure d'imposer un boycottage du journal, malgré plusieurs appels en ce sens. Pire, la pétition qu'elle a lancée pour faire amender la disposition antibriseurs de grève du Code du travail n'aurait recueilli que 50 000 noms, alors que le Québec compte 1,3 million de travailleurs syndiqués.

Ce conflit, qui a duré 25 mois, l'un des plus long dans l'histoire des relations de travail au Québec, se termine par une hécatombe. Seulement 62 des 257 salariés qui étaient en poste lors du lockout rentreront au travail. Plusieurs en sortiront appauvris et brisés par le " geste violent " posé contre eux, pour reprendre une expression du président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau.

Autre indice, le gouvernement du Québec a fait la sourde oreille aux demandes du mouvement syndical de boucher l'échappatoire dont Quebecor a profité pour continuer à publier le Journal de Montréal, malgré les dispositions anti-briseurs de grève du Code du travail. Celle-ci permet aux employeurs qui ont des activités de production immatérielles de passer outre à ces dispositions.

En limitant aux " établissements " physiques l'interdiction d'utiliser des travailleurs de remplacement (scabs dans le langage courant), le texte du Code du travail a permis à un juge d'en déduire qu'il n'est pas illégal d'utiliser des travailleurs de remplacement qui ne sont pas présents sur les lieux de travail de lockoutés et de grévistes. Ces scabs peuvent ainsi travailler de leur sous-sol, ou ailleurs, l'employeur s'arrogeant aussi le droit de sous-traiter du travail à des entreprises tierces. Résultat : le rapport de force entre les parties s'est révélé si inégal que Quebecor aurait pu continuer à publier son journal de façon rentable pendant encore longtemps.

Cette anomalie du Code du travail doit être corrigée. Ou bien Québec supprime cette échappatoire, ce qui revient à mettre tous les employeurs sur le même pied lors d'un conflit. Ou bien Québec étend les dispositions anti-briseurs de grève aux travailleurs de remplacement oeuvrant dans un lieu autre que l'établissement physique de l'employeur. Le statu quo n'est pas une solution, puisqu'il consacre deux types d'employeurs : ceux qui peuvent recourir à des travailleurs de remplacement en cas de conflit et ceux qui ne le peuvent pas.

Alors que des associations d'employeurs ont profité du conflit pour exiger des assouplissements au Code du travail, la demande des syndicats pour clarifier les dispositions anti-briseurs de grève a été plutôt timide. Maintenant que le conflit est terminé, Québec n'a plus de raison d'éviter de prendre position sur cette question.

Il est aussi révélateur que l'ont ait blâmé très durement la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, à la suite de l'acceptation du projet de convention par les salariés du journal. L'attaque verbale dont elle a été victime était injuste, mais elle traduit la perception de la passivité de la CSN dans ce conflit.

Revenir aux sources

L'image que projettent aujourd'hui les syndicats en est une d'affairisme et de suffisance. On les perçoit comme riches à cause des cotisations importantes payées par les membres, compte tenu du peu de conflits qu'ils supportent. Des dirigeants ont gaspillé l'argent des membres, comme l'indiquent les comptes de dépenses d'un ex-directeur général de la FTQ-Construction.

De plus, la forte présence des syndicats dans le secteur public, dont les employés bénéficient de régimes de retraite à prestations déterminées - en voie de disparition dans le secteur privé -, renforce l'impression que le mouvement syndical sert mal les intérêts des salariés du secteur privé.

Certes, nos syndicats sont très loin de subir les assauts dont sont victimes leurs vis-à-vis du Wisconsin, de l'Ohio et de l'Indiana, où les États veulent restreindre sévèrement ou même abolir le droit à la négociation des syndicats représentant leurs employés.

Un examen de conscience s'impose aux syndicats québécois s'ils veulent rehausser leur crédibilité. Cela passe par un plus grand engagement à trouver des solutions concrètes dans les entreprises dans lesquelles ils sont présents et surtout dans le secteur public, car le temps presse d'y améliorer la productivité et l'efficacité.

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