Après des années de vaches maigres, la construction résidentielle reprend aux États-Unis. De la lumière au bout du tunnel pour les producteurs québécois de bois d'oeuvre, qui pâtissent encore de la crise dans l'industrie forestière.

« Il y a clairement une reprise sur le marché américain », affirme Sven Gustavsson, directeur du secteur résineux (le bois d'oeuvre) au Bureau de promotion des produits du bois du Québec. De janvier à juin 2012, les mises en chantier ont bondi de 26% aux États-Unis par rapport à la même période en 2011, selon Random Lenghts, une source d'information spécialisée sur l'industrie du bois. En 2012, il devrait se construire 750 000 maisons aux États-Unis d'après les données annualisées du mois d'août. Et plus de 800 000 permis de construction ont été délivrés.

Ce dynamisme varie d'une région à l'autre du pays. Le Midwest est le plus dynamique, avec un bond de 55% des mises en chantier. La région du Nord-Est, un marché clé pour les producteurs québécois de bois d'oeuvre, affiche quant à elle une hausse de 35%. L'augmentation la plus faible a été observée dans le sud des États-Unis, où la construction de maisons a tout de même progressé de 22%. Si la tendance se maintient, il pourrait se bâtir 1150000 maisons aux États-Unis en 2013, selon la National Association of Realtors, qui regroupe des agents immobiliers.

Tout un contraste avec la descente aux enfers qui avait suivi l'éclatement de la bulle immobilière à partir de 2007 ; les mises en chantier avaient chuté sous la barre des 500000 unités d'habitation. Malgré la reprise, on est encore loin de la vitesse de croisière, qui avoisine le 1,5 million de nouvelles unités par année, et encore plus du record de 2,2 millions de maisons atteint en 2004.

Vers un retour à la normale

Cela dit, l'industrie québécoise est soulagée de voir le marché reprendre aux États-Unis. Les exportations de bois du Québec vers les États-Unis ont affiché une hausse de 3,85 % au premier semestre de 2012 par rapport à la même période en 2011.

« C'est une tendance à la hausse intéressante », dit avec prudence Claude Boulanger, directeur des ventes du marketing chez Matériaux Blanchet. Au début des années 2000, ce producteur de bois d'oeuvre exportait 65% de sa production aux États-Unis ; aujourd'hui elle n'en exporte que 35%.

François Gendron, conseiller, économie et marchés au Conseil de l'industrie forestière du Québec, voit aussi d'un bon oeil la reprise du marché aux États-Unis. « Cela prendra toutefois encore deux ou trois ans avant de revenir à une situation normale. »

Cette reprise est un baume pour l'industrie forestière québécoise. En 2007, on comptait 79 371 emplois directs, selon Statistique Canada. L'an dernier, il en restait 62777. La production québécoise de bois d'oeuvre a aussi chuté : de 7 milliards de pmp (pieds mesure de planche), en 2004, à 3,2 milliards, l'an dernier. Plusieurs facteurs ont nui à l'industrie, dont l'appréciation du huard par rapport au dollar américain et les taxes imposées par Washington sur les exportations de bois canadien aux États-Unis. Le clou dans le cercueil a toutefois été l'effondrement du marché immobilier américain en 2008, 2009 et 2010.

Nos exportations de bois vers les États-Unis redémarrent

2007 848 M$

2008 580 M$

2009 350 M$

2010 418 M$

2011 453 M$