La clé de l'emploi pour les cadres étrangers

Publié le 19/01/2013 à 00:00

La clé de l'emploi pour les cadres étrangers

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Certains MBA québécois attirent de nombreux étrangers chaque année. Auparavant, une fois le diplôme décroché, ils repartaient chez eux. Désormais, ils décident d'abord de s'installer au Québec et ensuite de faire un MBA dans le but de faciliter leur intégration économique. Une stratégie gagnante.

Après avoir été cadre dans une multinationale pétrolière, Scheherazade Yalaoui, ingénieure en technologie de l'information, formée dans une grande école de son pays, l'Algérie, a choisi de s'installer à Montréal pour rejoindre une partie de sa famille.

À peine emménagée au Québec, elle s'est lancée dans un MBA à HEC Montréal en cours intensif. Un sacrifice financier et personnel pour cette mère célibataire qui a mené de front des études exigeantes et l'éducation de son fils alors âgé de deux ans.

Mais elle était motivée : «J'avais une carrière prometteuse dans l'entreprise précédente. Je ne voulais pas accepter des postes inférieurs à ce que j'avais atteint. Je ne voulais pas repartir à zéro. Je savais qu'un MBA du Québec permettrait de faire disparaître les doutes des employeurs sur la qualité de mon diplôme», dit-elle.

Un bon choix. Avant même la fin de ses études, la jeune femme de 36 ans a été repérée par Bombardier qui l'a embauchée dès l'obtention de son diplôme comme conseillère en stratégie dans le service informatique. Au salaire qu'elle demandait. Sans négociation.

Une tendance forte

Actuellement, la moitié des étudiants au MBA de l'Université McGill sont étrangers. «De 35 à 40 % d'entre eux restent à Montréal par la suite pour travailler et un autre tiers s'installe ailleurs au Canada», constate Don Melville, directeur des programmes de maîtrise et de MBA.

«Le fait, pour un immigrant, d'avoir un diplôme universitaire du Québec est un atout évident, d'autant plus lorsqu'ils appartiennent à une minorité visible», indique Paul Eid, professeur au Département de sociologie de l'UQAM.

Une mesure incitative du Canada explique aussi ce phénomène : les étrangers qui décrochent un diplôme dans un établissement postsecondaire - comme le MBA - au pays ont le droit de rester, dans la foulée, de huit mois à trois ans sur le territoire et d'y travailler.

Parler français, un atout

Pour Scheherazade Yalaoui, pas de problème avec la langue puisque, venant d'Algérie, elle parle français. Pour Ricardo Aratani, ingénieur en production formé dans une grande école brésilienne, c'est un peu différent. Il a appris le français, mais il ne se sent encore pas très à l'aise dans la langue de Molière. Il a donc fait son MBA en anglais, à HEC Montréal.

«Je voulais un diplôme local, car je savais que ma formation, bien cotée au Brésil, ne serait pas reconnue ici. Or, je voulais m'intégrer rapidement et avoir le même niveau de vie et d'emploi que celui que j'avais dans mon pays.»

Il a d'ailleurs lui aussi rapidement trouvé un emploi à sa mesure comme ERP (Entreprise Resource Planning) gestionnaire chez Cesium Telecom. «Je n'aurais jamais eu ce job sans le MBA québécois», assure-t-il.

Quand il a décidé de s'installer à Montréal, il savait que son niveau en français allait lui jouer des tours. «J'ai perdu beaucoup d'occasions à cause de cela. La clé du succès ici, c'est de bien parler français», reconnaît le jeune homme de 33 ans.

Une réalité dont les universités qui accueillent des étrangers sont bien conscientes. McGill leur recommande d'apprendre le français en leur proposant de suivre les cours de la faculté des langues. Quant à HEC Montréal, les cours du cursus anglophone ont déjà lieu en français tous les vendredis depuis plusieurs années («French on Friday's»). Pour la première fois cette année, les étudiants ont eu une semaine de français intensif avant la rentrée.

Autre coup de main des universités pour aider les étrangers qui veulent rester travailler au Québec : plusieurs services de placement organisent des formations sur la façon de chercher un travail ici, une aide particulièrement appréciée des étudiants. «Sans ça, je me serais senti très seul et perdu», reconnaît Ricardo Aratani.

Obtenir un MBA, ce n'est pas seulement décrocher un diplôme de haut niveau et reconnu, c'est également le moyen pour un immigré de constituer un réseau et de se faire aider pour trouver un emploi.

50 %

Pourcentage d'étudiants étrangers aux programmes de MBA de l'Université McGill. De ce nombre, de 35 à 40 % choisissent de s'établir au Québec.

Source : Université McGill

De 82 000 à 115 000 $

Salaire moyen après l'obtention d'un MBA exécutif, selon les universités.

24 %

Augmentation moyenne du salaire des étudiants au MBA de HEC Montréal après l'obtention du diplôme.

7

Nombre d'universités québécoises offrant des programmes de MBA pour cadres en exercice.

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