«La Bourse du carbone est lancée à un bien mauvais moment» - Simon Prévost, président des MEQ

Publié le 19/01/2013 à 00:00

«La Bourse du carbone est lancée à un bien mauvais moment» - Simon Prévost, président des MEQ

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Comment les manufacturiers réagissent-ils au lancement de la Bourse du carbone au Québec, où les entreprises pourront échanger des droits de réduction d'émissions à partir du mois d'août ?

Pour le moment, elle est plutôt symbolique. Elle touche aussi un nombre restreint d'entreprises, une soixantaine d'émetteurs (totalisant 80 sites) de gaz à effet de serre qui rejettent plus de 25 000 tonnes de GES par année. Nous sommes d'accord avec le principe de réduire nos émissions et avec le moyen d'y arriver. Les entreprises préfèrent de loin avoir un signal de prix sur un marché boursier plutôt que de payer une taxe sur leurs rejets. Par contre, cette réglementation est extrêmement compliquée. Je n'ai jamais rien vu d'aussi complexe depuis que je fais ce métier ! C'est comme si le gouvernement venait de créer une nouvelle autorité des marchés financiers, mais pour le carbone. Autre irritant majeur : la réglementation ne tient pas compte des efforts effectués dans le passé par les entreprises pour diminuer leurs GES. Enfin, cette Bourse est lancée à un bien mauvais moment.

Pourquoi le moment est-il mal choisi ?

La croissance économique est faible, et le Québec fait cavalier seul avec la Californie. L'Ontario, notre principal partenaire et concurrent commercial, n'est pas soumis à cette réglementation. Pour nos entreprises, cela signifie des coûts supplémentaires de conformité que les autres n'auront pas à payer. Cette réglementation risque donc de nuire à l'investissement au Québec. Par exemple, une entreprise émettant 20 000 tonnes de GES pourrait y penser à deux fois avant de construire une nouvelle installation qui lui ferait franchir le seuil des 25 000 tonnes. Le même dilemme pourrait surgir dans le cas des acquisitions. Certes, toutes les entreprises ne tourneraient pas le dos au Québec, mais c'est certain que cette Bourse fera augmenter le coût pour investir ici. Le hic, c'est que le Québec est déjà reconnu comme un endroit où le coût pour se conformer à la réglementation est déjà important.

À long terme, quels avantages les manufacturiers québécois tireront-ils de leur participation à cette Bourse ?

Nos entreprises auront une meilleure efficacité énergétique et seront plus concurrentielles. L'obligation de réduire nos émissions pourrait aussi favoriser le développement plus rapide au Québec d'une grappe dans les technologies propres. Il faudrait que l'activité économique gravite autour de ça. De plus, en étant plus vertes, nos entreprises auront plus facilement accès aux marchés étrangers qui imposent des normes environnementales exigeantes pour y vendre des produits. Pour un exportateur, ces normes représentent des barrières non tarifaires.

CV

Nom : Simon Prévost

Âge : 45 ans

Titre : Président des Manufacturiers et exportateurs du Québec

Auparavant, cet économiste de formation a été vice-président, pour le Québec, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, de 2007 à 2009.

20 %

Cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec, par rapport à leur niveau de 1990, à atteindre d'ici 2020.

Source : Ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec

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