L'industrie prête à redécoller

Publié le 13/11/2010 à 00:00

L'industrie prête à redécoller

Publié le 13/11/2010 à 00:00

Après une année de turbulences, l'industrie de l'aéronautique québécoise est prête à reprendre son envol. " 2011 sera une année de croissance de l'emploi ", affirme Serge Tremblay, directeur général du Comité sectoriel de la main-d'oeuvre en aérospatiale, qui estime faire preuve " d'un optimisme sans emballement ".

Une prudence partagée par Jacques Saada, président- directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale : " Il y a des signes encourageants, mais nous ne sommes qu'au début d'une sortie de crise. Le mouvement s'amplifiera en 2011. "

L'aérospatiale a souffert partout au Canada : le chiffre d'affaires a baissé de 6 %, les exportations ont diminué de 10 % et les effectifs, de 5 %.

En janvier 2010, le Comité sectoriel a recensé 43 717 emplois réguliers dans l'industrie aérospatiale québécoise, un nombre en baisse de 3,5 % par rapport au recensement de janvier 2009. Si les projections se réalisent, l'effectif de l'industrie devrait grimper à 44 723 employés réguliers en janvier 2011, un niveau qui reste tout de même inférieur à celui d'avant la crise financière de 2008.

Dans les services aériens (transport et entretien), le nombre d'employés québécois s'établissait à 9 736 au début de l'année. Il devrait atteindre 10 290 au début de l'an prochain.

Sauvegarder les emplois

L'année 2009 aura été marquée par des pertes d'emplois. L'an dernier, au Québec, 68 entreprises, soit trois fois plus que l'année précédente, ont placé 2 860 employés sur une liste de rappel. Les trois quarts des mises à pied se sont produites chez les plus grands employeurs.

Les dommages auraient été plus grands encore si nombre d'employeurs n'avaient eu recours à deux outils pour limiter les dégâts : le dispositif de l'assurance emploi sur le partage du temps de travail et le programme québécois de Soutien aux entreprises à risque de ralentissement économique (SERRÉ), qui aide les employeurs à conserver leur personnel tout en leur offrant de la formation.

" Cela nous a permis de garder notre monde. Surtout, nous avons évité de reporter notre projet d'optimisation de la gestion manufacturière [ERP] ", dit Jocelyne Dujmovic, directrice des ressources humaines chez Marquez Transtech, une entreprise de fabrication de pièces en matériaux composites.

Tout comme treize autres entreprises de son industrie, elle a eu recours au programme SERRÉ pour maintenir en poste 659 salariés qui, autrement, auraient gonflé la liste de rappel. Il s'agit d'une solution de dernier recours qui comporte le risque de perdre des employés formés et qualifiés au profit d'autres employeurs ou d'autres industries.

Du travail pour les fournisseurs

Signe d'une reprise, des fournisseurs de pièces et de composants qui travaillent très en amont dans la chaîne d'approvisionnement ont recommencé à embaucher. " Nous avons continuellement des postes à pourvoir depuis le mois de mai ", dit Claudine Pitre, directrice des ressources humaines chez Alta Precision, fabricant de pièces de haute précision.

Plusieurs nouvelles des grands avionneurs ravivent l'espoir d'un rebond l'an prochain. Boeing a annoncé pour 2011 une accélération des cadences de production sur plusieurs appareils de ligne, et, pour 2012, la commercialisation du Dreamliner, gros porteur concurrent de l'Airbus A380. Plusieurs fournisseurs québécois alimentent la chaîne d'approvisionnement de ces appareils.

Bombardier, pour sa part, poursuit son programme de la CSeries, ce qui incite l'entreprise suisse Liehberr à prendre de l'expansion à Laval. Dornier met en chantier son usine de montage de l'hydravion Seastar à Saint-Jean-sur-Richelieu, ce qui créera environ 250 emplois directs d'ici cinq ans. À Bromont, GE Aviation projette des investissements de 50,2 millions de dollars dans la fabrication de composantes de moteurs. Enfin, L-3 MAS et Lockheed Martin Aeronautics ont signé un accord qui pourrait permettre à l'entreprise de Mirabel d'effectuer une partie de l'entretien des 65 avions F-35 que souhaite acquérir l'armée canadienne, ce qui pourrait déboucher sur des emplois à partir de 2016.

Des projets d'investissement

" La reprise n'est pas rapide, mais quand elle prendra son envol, nous serons prêts ", affirme Suzanne Benoît, directrice générale d'Aéro Montréal, la grappe de l'aérospatiale québécoise. Sa confiance repose sur l'effort soutenu des entreprises en R-D, malgré le cycle baissier.

Mechtronix, concepteur et fabricant montréalais de simulateurs de vol, vient de lancer un programme de recherche de 60 M$ sur cinq ans. Pratt & Whitney Canada a inauguré quant à elle son centre d'essai en vol à Mirabel.

Le projet d'investissement public et privé de 150 M$ pour la conception d'un avion écologique mobilise des ressources importantes au sein de plusieurs entreprises, telles Esterline CMC Électronique et Thales Canada, qui mettent au point des applications avioniques, et Héroux-Devtek, qui conçoit le train d'atterrissage du futur.

Les astres sont donc alignés pour permettre à l'industrie de redécoller. Une bonne nouvelle, car l'aérospatiale, troisième secteur manufacturier par les ventes, joue le rôle d'une véritable dynamo pour l'économie du Québec.

EN BREF

382 milliards $ US

Chiffre d'affaires de l'aérospatiale mondiale en 2009.

22,2 milliards $ CA

Chiffre d'affaires de l'industrie au Canada en 2009.

Principaux marchés

Asie

61 %

États-Unis

57 %

Europe

26,9 %

Sources : CAMAQ, Aéro Montréal, MDEIE

dossiers@transcontinental.ca

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