L'éolien américain en panne

Publié le 20/10/2012 à 00:00

L'éolien américain en panne

Publié le 20/10/2012 à 00:00

Un vent d'incertitude souffle sur l'industrie éolienne. Le crédit d'impôt à la production d'énergie éolienne de 2,2 cents américains le kilowattheure aux États-Unis pourrait prendre fin le 31 décembre. Le cas échéant, les fournisseurs canadiens pâtiront d'une chute de la demande américaine de composants et de l'arrivée de concurrents au Canada.

Créé en 1992, ce crédit servant à stimuler la production d'énergie éolienne aux États-Unis a été renouvelé à quelques reprises. Mais cette fois, sa survie est plus incertaine en raison de l'élection présidentielle. Un gouvernement Romney le reconduirait-il ? Or, si le crédit n'est pas renouvelé, les producteurs d'énergie qui mettront en service un parc éolien après le 31 décembre n'auront pas droit à cette subvention significative. Par exemple, pour un producteur du Midwest, le crédit représente environ 30 % de son coût de production, selon l'Association canadienne de l'énergie éolienne.

L'incertitude a du reste déjà des impacts concrets. Par exemple, la danoise LM Wind Power et l'allemande Siemens Energy ont annoncé des mises à pied aux États-Unis. Les prévisions des nouvelles puissances installées en énergie éolienne sur le marché américain semblent leur donner raison. Si 10 000 mégawatts sont implantés cette année, on n'en prévoit que 500 MW pour 2013, selon l'American Wind Energy Association.

Cette situation préoccupe l'industrie de ce côté-ci de la frontière. «À court terme, les projets éoliens du pays suffisent aux manufacturiers établis au Canada. Mais à long terme, les États-Unis représentent le marché le plus intéressant pour l'industrie nord-américaine», dit Jean-François Nolet, vice-président, politiques et affaires gouvernementales, à l'ACEE.

Concurrence accrue au Canada

Au Québec, une poignée de fabricants de matériel éolien exportent sur le marché américain, dont Marmen (tours et assemblage de turbines, à Matane et Trois-Rivières) et LM Wind Power (pales, à Gaspé). Ils n'ont pas voulu commenter l'incertitude entourant le crédit d'impôt aux États-Unis.

Cela dit, nos manufacturiers exportent peu, précise une source de l'industrie. Ils dépendent surtout du marché québécois, d'autant plus que l'Ontario impose désormais un contenu local de 50 % pour ses projets éoliens.

Restriction en Ontario, incertitude aux États-Unis... Dans ce contexte, le pdg de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable, Jean-François Samray, demande au gouvernement Marois de clarifier rapidement ses intentions pour le prochain bloc de 700 MW d'énergie éolienne. «Il faut qu'on ait des précisions afin de lancer les appels d'offres», dit-il.

Par ailleurs, les entreprises canadiennes ne seront pas les seules à s'intéresser à ces projets au Québec et ailleurs au Canada. Si le crédit d'impôt américain n'est pas renouvelé, plusieurs fabricants de matériels et de composants établis aux États-Unis s'intéresseront davantage au marché canadien.

«Nous allons nous retrouver avec plus de concurrents dans notre cours. Et ils seront affamés en raison de leur surcapacité de production aux États-Unis !» affirme Francis Lacombe, vice-président au développement technologique chez Technostrobe, de Coteau-du-Lac (Montérégie), qui fabrique des systèmes de balisage lumineux pour les éoliennes. Cette entreprise vend sa production essentiellement au Canada.

15 G$ US

Investissement privé annuel moyen de l'industrie éolienne aux États-Unis ces cinq dernières annéesp

Source : American Wind Energy Association

@la_monde@francoisnormand

LinkedIn: http://ow.ly/bc0cw

À la une

Le Québec pâtira-t-il de la guerre commerciale verte avec la Chine?

17/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Les producteurs d’acier craignent que la Chine inonde le marché canadien, étant bloquée aux États-Unis.

Bourse: Wall Street finit en ordre dispersé, le Dow Jones clôture au-dessus des 40 000 points

Mis à jour le 17/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé.

À surveiller: AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed

17/05/2024 | Charles Poulin

Que faire avec les titres AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed? Voici des recommandations d’analystes.