«L'entrepreneuriat, c'est plus qu'un enjeu économique, c'est un enjeu social» - Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale

Publié le 09/02/2013 à 00:00

«L'entrepreneuriat, c'est plus qu'un enjeu économique, c'est un enjeu social» - Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale

Publié le 09/02/2013 à 00:00

Avis au gouvernement de Pauline Marois : le cours obligatoire consacré à l'éducation économique doit être réintroduit au secondaire, plaide Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale du Canada. Cette formation favoriserait à la fois l'entrepreneuriat et l'éducation financière, deux vecteurs de prospérité au Québec, à son avis.

«Si on me dit qu'il n'y a pas assez de professeurs, je m'en fiche ! Prenez des comptables ou des entrepreneurs à la retraite, tranche-t-il. C'est essentiel [d'améliorer] la littératie financière [en expliquant] l'offre, la demande, et que l'argent ne pousse pas dans les arbres.»

Pendant que le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport réfléchit sur le contenu d'un éventuel cours, qui serait optionnel, la BN promeut l'entrepreneuriat et finance plusieurs organisations et institutions d'enseignement qui s'y consacrent. La Banque vient par ailleurs de faire le plus important don de son histoire : une somme de 10 millions de dollars qui sera versée à l'Université de Mont-réal, à Polytechnique et à HEC Montréal pour la création d'un centre d'entrepreneuriat.

Le dirigeant de la BN, qui se positionne depuis plusieurs années comme la banque des PME, parle d'entrepreneuriat avec passion. «C'est plus qu'un enjeu économique. C'est un enjeu social. On estime que d'ici 10 ans, 40 % de nos clients commerciaux vivront un transfert de propriété d'entreprise. C'est énorme.»

Selon M. Vachon, la société québécoise doit favoriser ces transitions : «Ça fait 50 ans qu'on travaille au Québec pour avoir une économie de propriétaires. On l'a fait. Est-ce qu'on peut faire en sorte de préserver sa pérennité ?»

En 2012, le dirigeant a d'ailleurs eu une bonne occasion de favoriser l'entrepreneuriat financier à Montréal. En février, l'institution vendait, pour 309,5 M$, sa filiale Gestion de portefeuille Natcan à la montréalaise Fiera Sceptre, dirigée par Jean-Guy Desjardins. En échange, la Banque prenait une participation de 35 % dans la nouvelle entité, Fiera Capital, avec option de la porter à 40 %.

Depuis, Fiera a fait d'autres acquisitions. Tant et si bien qu'à la mi-janvier, elle était l'un des plus importants gestionnaires de placements indépendants du Canada, avec des actifs sous gestion de plus de 58 milliards de dollars (G$). «La consolidation de l'industrie de la gestion de portefeuille est loin d'être terminée, croit Louis Vachon. Fiera est bien positionnée pour être un outil de consolidation. Et c'est un vecteur de croissance important pour la BN.»

Si Louis Vachon a été nommé Personnalité financière 2012 par le journal Finance et Investissement (publié par TC Media, tout comme Les Affaires) c'est notamment en raison des solides résultats financiers de l'institution qu'il dirige et de la conclusion de l'acquisition du Groupe TMX, à laquelle il a participé. «Ma plus grande satisfaction», dit celui qui, avec son collègue Luc Bertrand, a joué un rôle pivot dans cette transaction de 3,8 G$. Il compare cela à un long marathon, durant lequel il a fallu rallier beaucoup de monde : les membres du groupe acquéreur, les régulateurs, les différents paliers gouvernementaux et, bien sûr, les dirigeants du TMX, dont la tentative d'union avec la Bourse de Londres venait d'échouer.

Regrouper Groupe TMX avec Groupe Alpha et Services de dépôt et de compensation CDS afin de créer une Bourse de négociation intégrée et des services de compensation pour divers produits financiers était préférable pour le Canada, selon Louis Vachon : «Cette logique était la meilleure tant pour l'actionnaire que pour l'efficacité des marchés.»

LA BANQUE NATIONALE EN 2012

Revenu 5,31 milliards de dollars (14 % plus qu'en 2011)

Bénéfice net 1,63 G$ (+ 26 %)

Effectif 19 920 employés (+ 3 %)

Succursales au Canada 451 (+ 1 %)

PLUSIEURS CHANTIERS POUR LA BN

Au cours des prochaines années, Louis Vachon maintiendra le cap : la BN restera une banque suprarégionale, un positionnement qui l'a bien servie jusqu'à maintenant. «Notre titre est le plus performant des six grandes banques canadiennes sur un horizon de cinq et de dix ans», se targue-t-il.

Sur le plan des services aux particuliers et aux entreprises, l'institution montréalaise implantera une nouvelle plateforme d'octroi de financement hypothécaire dans toutes ses succursales québécoises en 2013.

Elle préparera aussi le déploiement, l'an prochain, d'autres outils informatiques. «L'année 2013 est une année de transition. Nous présentons ça à l'interne comme la fin prochaine de la transformation de "un client, une banque 1.0" à "un client, une banque 2.0"», explique M. Vachon.

La BN veut davantage courtiser les clients qui disposent d'un avoir net élevé, lesquels contrôleront plus de 80 % de la richesse financière du Canada d'ici 2020, selon certaines prévisions. Pour ce faire, la banque déploiera progressivement Gestion privée 1859 dans l'Ouest canadien, en commençant par l'établissement d'un bureau à Calgary cette année.

Elle terminera aussi l'intégration de Wellington West et de Valeurs mobilières HSBC. Elle s'attend à davantage de synergies liées à la gestion des dépenses et aux gains d'efficacité. «À la Financière Banque Nationale, on favorise actuellement plus la croissance interne que l'acquisition.»

L'institution financière entend finalement améliorer les outils technologiques et les outils de formation utilisés dans ses réseaux de distribution, favoriser les ventes croisées et accroître ses revenus en offrant notamment de l'assurance et des services de planification financière.

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