L'Argentine moins accueillante envers les entreprises étrangères

Publié le 12/11/2011 à 00:00

L'Argentine moins accueillante envers les entreprises étrangères

Publié le 12/11/2011 à 00:00

Contraintes sur le taux de change, limites des importations, taxes sur les exportations. L'Argentine complique la vie des entreprises étrangères, et les québécoises n'y échappent pas.

La dernière mesure prise par la deuxième économie d'Amérique latine vise les minières exportatrices établies dans le pays. Ainsi, avant de rapatrier leurs profits dans leur pays d'origine, elles doivent convertir les revenus réalisés à l'étranger (la plupart du temps en dollars américains) en peso argentin, pour ensuite les convertir à nouveau en dollar américain ou en une autre devise.

L'enjeu est de taille pour le Canada. Plusieurs minières canadiennes y exploitent des mines, comme le géant Barrick Gold, qui détient un gisement d'or (Veladero Mine) dans l'est du pays. Cette conversion de change forcée aura un impact sur les revenus d'exportation de Barrick Gold. «Cela représente une taxe de 1,2 % sur nos transactions financières», précise son porte-parole, Andy Lloyd.

Pour Martin Coiteux, professeur à HEC Montréal et spécialiste de l'Amérique latine, cette conversion obligatoire de change vise à limiter la dévaluation du peso argentin par rapport au dollar américain afin de limiter l'inflation ; celle-ci est officiellement 9 %, mais pourrait atteindre 25 % selon plusieurs analystes internationaux.

«Cette mesure procure aussi de nouveaux revenus au gouvernement, lui permettant d'augmenter ses dépenses», dit Martin Coiteux.

Outre les minières, beaucoup d'autres entreprises canadiennes sont présentes en Argentine, dont Research In Motion, Saputo et, depuis peu, Industries Dorel. Si les contraintes de change ne les concernent pas pour l'instant, rien n'exclut que ce soit le cas prochainement, selon Angelo Katsoras, analyste en géopolitique à la Financière Banque Nationale.

«Ce pays a un environnement réglementaire imprévisible et arbitraire», écrit-il dans une note sur le populisme et l'interventionnisme gouvernemental en Argentine.

Rien de rassurant pour Saputo, troisième transformateur laitier d'Argentine, qui vend sa production locale dans le pays et en dehors. L'entreprise a toutefois refusé de commenter le climat politique argentin.

Quant à Dorel, elle vient de prendre une participation de 70 % dans Silfa, un groupe qui fabrique des produits pour enfants (comme des poussettes) sous la marque Infanti. Elle se positionne ainsi dans plusieurs pays sud-américains, dont l'Argentine. Le climat politique qui y règne n'inquiète pas vraiment le président de Dorel, Martin Schwartz : «Nous savons que c'est difficile de faire des affaires là-bas, mais les gens de Silfa travaillent dans ce pays depuis longtemps, ce qui réduit nos risques.»

348,5

Revenus de Saputo en Argentine, en millions de dollars, en 2011.

Source : Saputo

0,0007 %

Les exportations du Canada vers l'Argentine ont totalisé 284 millions de dollars canadiens en 2010, soit 0,0007 % des exportations totales de 399 milliards de dollars.

Sources : Statistique Canada et ISQ

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