"J'aime faire travailler les gens ensemble"

Publié le 07/02/2009 à 00:00

"J'aime faire travailler les gens ensemble"

Publié le 07/02/2009 à 00:00

Par Alain Duhamel

Jean-Marie De Koninck n'est pas un expert de la sécurité routière, ni un entraîneur sportif, ni un artiste de la scène. Mais cela ne l'empêche pas de présider la Table québécoise en sécurité routière et, l'Assocation canadienne des entraîneurs et d'animer le spectacle Show Math, une conférence-spectacle sur les sciences.

Et ce n'est là qu'une partie de ses réalisations. Professeur de mathématiques à l'Université Laval, M. De Koninck, 60 ans, a reçu, en 2005, le titre de Scientifique de l'année de Radio-Canada. Il a fondé, en 1974, l'Opération Nez rouge, qui obtient un succès toujours croissant. Enfin, il a participé, en 2008, à ses huitièmes Jeux olympiques... à titre d'analyste pour la télévision.

Cet homme tout sourire, attentif aux personnes tout autant qu'aux résultats de ses actions, a un ascendant certain.

Journal Les Affaires - Si on pouvait vous décrire en un mot, que devrait-on dire : meneur, provocateur, éducateur ou encore animateur ?

Jean-Marie De Koninck - Il vous manque le plus important : communicateur. Pour être professeur, il faut être communicateur. Il y a un volet éducation dans tout ce je fais, même dans mes commentaires aux Olympiques, où je parle des valeurs du sport.

JLA - À vos yeux, êtes-vous une personne influente ? Et si oui, l'êtes-vous devenu parce que l'avez décidé ou parce que les circonstances vous y ont poussé ?

J.-M.D.K. - Ce sont les circonstances. Je n'ai jamais pensé ni décidé que je deviendrais une personne influente. Je m'en suis aperçu parce que les gens sont venus vers moi pour me dire que j'avais marqué leur avenir ou que je les avais éveillés à telle ou telle valeur. En général, je garde toujours de bonnes relations avec mes anciens élèves ou mes athlètes.

JLA - À la Table québécoise de la sécurité routière, vous n'êtes pas en position d'autorité comme vous pouvez l'être avec vos étudiants et avec vos athlètes. Comment influencez-vous vos collègues ?

J.-M.D.K. - Certainement pas avec l'autorité. J'ai toujours fait attention à cet aspect comme professeur et comme entraîneur. J'aime mieux être un leader qu'une personne en autorité. Un leader se place au même niveau que les autres, tandis qu'une personne en autorité communique dans un sens seulement. Pour que tout le monde "embarque" parfaitement, il faut que les gens veuillent être menés, mais il ne faut pas qu'ils se sentent dirigés.

JLA - À la Table sur la sécurité routière, vous êtes parvenu à faire travailler des gens qui ont pourtant des intérêts bien différents ?

J.-M.D.K. - Oui, mais il y a beaucoup de travail en coulisse. Quand je sens que quelqu'un n'est pas à l'aise, je m'assure que nous sommes sur la même longueur d'ondes et je lui dis que ses préoccupations sont importantes. C'est donner de l'importance à tout le monde. S'ils sont là, c'est parce qu'ils représentent quelque chose. Quand je me trouve en présence d'acteurs ayant des préoccupations différentes, j'essaie tout de suite de les mettre en relation par leurs points communs. Ce sont des choses que l'on apprend avec le temps. Moi, je ne suis pas un expert, mais je fais juste travailler tout le monde.

JLA - Diriez-vous que vous êtes un leader de type directif ou de type collégial ?

J.-M.D.K. - Je suis du type collégial. Je cherche toujours le consensus. J'ai un petit côté entreprenant; j'aime organiser les choses, j'aime faire travailler les gens ensemble. Mais j'ai rapidement pris conscience de la dimension humaine. On ne peut avoir de succès professionnel si on n'a pas de bonnes valeurs humaines, et pour moi la plus importante, c'est le respect d'autrui. Il faut travailler avec les gens qui nous entourent en respectant leurs valeurs.

JLA - Avez-vous beaucoup de patience ?

J.-M.D.K. - Les réunions qui n'en finissent plus, très peu pour moi. Je ne suis pas très patient et cela paraît quelquefois. Je m'impatiente et, d'une certaine façon, c'est apprécié, parce que les personnes autour de la table ont la responsabilité de faire avancer les choses et de ne pas tourner en rond. Bien sûr, il importe que toutes les personnes puissent s'exprimer, mais à un moment donné, il faut en arriver à l'essentiel.

JLA - Vous êtes tourné vers l'action, même si, par votre profession, vous êtes un homme de réflexion. Comment faites-vous pour persuader les gens de vous suivre et de vous accompagner dans une aventure?

J.-M.D.K. - C'est le défi. À Nez rouge, plus on me disait que l'opération ne marcherait pas, plus j'étais résolu à la faire marcher. J'étais convaincu d'avoir une bonne idée et qu'il fallait trouver de bons alliés pour la concrétiser. Dans une organisation, il est important de s'entourer de personnes clés et de bien évaluer les obstacles et les difficultés.

JLA - L'image populaire du mathématicien est celle d'un solitaire, mais vous êtes très tourné vers les autres. Y a-t-il contradiction ou complémentarité ?

J.-M.D.K. - Je suis un humaniste. Les mathématiques sont un sujet aride, très abstrait et que l'on pratique seul. C'est un trip égoïste, une balade de l'esprit. C'est là que le sport m'a aidé. J'ai toujours aimé rejoindre ma gang pour faire du vélo ou de la natation. C'est ce qui vient équilibrer ma vie, donc c'est complémentaire.Et mes meilleures idées mathématiques me sont venus en nageant !

JLA - Qu'est-ce qui fait que les gens se laissent convaincre par vous ?

J.-M.D.K. - Je suis accueillant, je souris tout le temps. Le sourire fait tomber les barrières, et dès lors on peut parler, échanger.

alain.duhamel@transcontinental.ca

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