Gestion de fonds : Hugo Lavallée prêche la prudence

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Gestion de fonds : Hugo Lavallée prêche la prudence

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Hugo Lavallée se dit prudent dans la gestion des trois fonds Fidelity qu'il gère. Le gestionnaire montréalais craint que la Chine ne subisse à son tour l'implosion d'une bulle immobilière et des investissements excessifs en infrastructures.

«Tous les yeux sont tournés vers la crise en Europe, mais je crois que la Chine mérite autant d'attention, puisqu'une cassure dans son économie nuirait sérieusement aux ressources canadiennes, dont notre Bourse dépend. C'est un risque au cours des trois prochaines années que les investisseurs sous-estiment», explique-t-il en entrevue.

Ainsi, le gestionnaire est-il heureux que Fidelity lui confie le mandat de piloter le petit Fonds Fidelity Canada Plus, à ce moment-ci, puisque la souplesse du mandat de ce fonds lui donnera la latitude d'investir la moitié de celui-ci à l'extérieur du Canada.

«Au Canada, quand on veut éviter les ressources, le choix de titres est petit», dit-il.

La valeur des placements à l'étranger du fonds augmentera aussi si le huard faiblit par rapport aux autres monnaies, en raison d'un ralentissement économique mondial.

La dépréciation de notre monnaie amortirait par exemple le recul de titres aux États-Unis, dans une baisse généralisée des marchés.

M. Lavallée, qui a déjà commencé à mettre le Fonds Fidelity Canada Plus à sa main, compte y introduire ses meilleures idées de placement, certaines en provenance du Fonds Potentiel Canada et de la portion en actions du Fonds canadien de répartition d'actif qu'il gère aussi.

Diverses précautions

La prudence du gestionnaire se décline de plusieurs façons. Ainsi, le Fonds Potentiel Canada dispose d'une encaisse de 20 %, le pourcentage le plus élevé que M. Lavallée se permet d'avoir dans ce fonds d'actions.

Le gestionnaire évite les producteurs de ressources et les entreprises les plus tributaires d'une économie mondiale forte et de la croissance en Chine.

«Je juge qu'il est important de préserver le capital dans le contexte actuel», dit-il. Son objectif : perdre moins de capital que la Bourse si celle-ci baisse, pour avoir moins de pertes à récupérer ensuite.

Le Fonds Potentiel Canada possède notamment les titres de l'épicier Metro et des pharmaciens Jean Coutu et Shoppers Drug Mart, ainsi que de l'impartiteur informatique Groupe CGI et du distributeur de pièces de rechange d'autos Uni-Sélect. Ces titres pourraient se retrouver dans le Fonds Canada Plus.

Pour la première fois depuis deux ans, M. Lavallée passe aussi plus de temps à examiner les bilans des entreprises afin de déceler celles qui auraient des difficultés financières dans l'éventualité d'une baisse de 10 % de leurs revenus. «On regarde aussi les clauses de leur financement, ainsi que la solvabilité de leur caisse de retraite», dit-il.

La destination des revenus des entreprises passe aussi sous la loupe, afin de les dépister, celles qui dépendent des marchés émergents pour une bonne part de leur croissance ou de leurs bénéfices. Ainsi, le Fonds canadien de répartition d'actif a notamment vendu BMW, parce que 20 % de ses bénéfices viennent de la Chine.

Un choix à contre-courant

M. Lavallée compte aussi ajouter, au Fonds Canada Plus, le holding d'assurance et de réassurance Fairfax Financial Holdings.

L'entreprise, dirigée par l'investisseur Prem Watsa, a fait une importante mise en 2010 sur la possibilité que l'économie américaine connaisse 10 à 20 ans de croissance anémique et de désinflation, en raison des mesures de désendettement des États. Fairfax a investi 302 millions de dollars dans un produit dérivé dont la valeur repose sur le taux d'inflation américain dans 10 ans.

«Ce titre n'est pas dispendieux, car il se négocie à un multiple d'une fois sa valeur comptable. Il fluctuera à l'inverse de la Bourse», soutient M. Lavallée.

Les titres américains de grande capitalisation des industries de la technologie, de la consommation essentielle et de la santé seront aussi au menu. «Leur valorisation modeste et leur bilan sain constituent une marge de sécurité. En d'autres termes, ils baisseraient moins que la Bourse, advenant un mouvement de recul», dit-il.

Microsoft est un exemple de titres que recherche M. Lavallée. Ce titre se négocie à un multiple de seulement 9,5 fois les bénéfices prévus en 2012, affiche un rendement de dividende de 3 %, verse uniquement le quart de ses bénéfices en dividendes, dispose de liquidités de 51,4 milliards de dollars américains et dégage un rendement de l'avoir des actionnaires de 44 %. Ses revenus dépendent peu de la trajectoire de l'économie.

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.