Gardons la tête froide à propos de l'exploitation de nos ressources

Publié le 19/03/2011 à 00:00

Gardons la tête froide à propos de l'exploitation de nos ressources

Publié le 19/03/2011 à 00:00

Il n'y a rien de négatif à redire sur le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Ce rapport est éclairant, responsable et crédible. Les idéologues et les écologistes patentés qui ont tenté de miner la crédibilité de cet organisme en critiquant le mandat que le gouvernement lui avait confié devraient aujourd'hui faire amende honorable.

Québec en accepte les principales conclusions, dont la mise en place d'une évaluation environnementale stratégique (EES) par un comité formé d'experts et de représentants du gouvernement, des municipalités et de l'industrie. Ce comité se mettra en branle à l'été et travaillera de 18 à 24 mois.

Ses travaux se feront en parallèle avec ceux de l'Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis, qui doit remettre un rapport sur les effets de la fracturation hydraulique sur les eaux souterraines et de surface d'ici la fin de 2012. Le groupe Lloyd's, qui assure les grands risques commerciaux et industriels et qui s'intéresse à cette industrie, signalait récemment que l'EPA réalisera une seconde étude pour évaluer pendant deux autres années et de façon encore plus minutieuse les risques associés au procédé de fracturation du schiste.

Ce procédé consiste en l'injection d'eau et de produits chimiques sous haute pression dans le schiste de façon à libérer le gaz qui y est emprisonné. Sous cette pression, le gaz remonte alors à la surface dans des conduits d'acier bétonnés imperméables. Or, deux problèmes peuvent survenir : 1. une grande partie du mélange d'eau et de produits chimiques (recette considérée comme un secret industriel) reste sous terre et pourrait atteindre, à travers les fissures créées par la fracturation, les aquifères desquels provient l'eau servant à la consommation humaine et animale; 2. il se peut que les conduits d'acier bétonnés se brisent ou soient mal installés, permettant alors à la mixture utilisée de contaminer les aquifères. Selon la Lloyd's, il en a résulté des accidents, des maladies et même des difformités chez des animaux.

Ces risques étaient mal connus lorsque l'industrie américaine du gaz de schiste s'est développée, notamment en raison de l'insuffisance de la réglementation, qui soustrait les firmes de forage à la loi sur la qualité de l'eau. Depuis, et bien que de plus en plus de sociétés investissent dans des propriétés qui renferment du gaz de schiste aux États-Unis et dans l'Ouest canadien, les appels à la prudence se multiplient à l'égard de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste.

C'est dans cet esprit qu'a été prise la décision de Québec de prendre une pause dans l'évolution que connaît cette industrie au Québec. On maintient les travaux sur les 29 puits d'exploration autorisés, puisqu'ils généreront des données à des fins scientifiques, mais on n'en autorisera pas de nouveaux.

Ce quasi-moratoire risque de freiner l'essor d'une industrie sur laquelle on comptait beaucoup pour enrichir le Québec.

Exploiter le gaz de schiste de manière responsable

Plusieurs des sociétés qui détiennent des permis d'exploration au Québec réévalueront probablement leur engagement et envisageront de déployer leurs ressources ailleurs.

Par contre, l'intérêt général commande de bien connaître les risques environnementaux associés à cette industrie, d'établir les seuils d'acceptabilité raisonnables et de trouver des mesures d'atténuation adéquates pour protéger l'ensemble de la société des risques inhérents à cette exploitation.

Comme les ressources naturelles, l'environnement est un capital naturel. D'où une double responsabilité : 1. le protéger afin de le laisser en bon état pour les générations futures; 2. exploiter nos ressources de façon imputable et équitable, tant pour la collectivité que pour les générations futures qui hériteront des dommages que cette exploitation aura pu laisser.

La prise de position du gouvernement Charest depuis la publication du rapport du BAPE est la bonne. Québec doit maintenir l'objectif d'exploiter le gaz de schiste si l'impact environnemental est minime et si le niveau de risques s'avère raisonnable et susceptible d'être géré.

Enfin, le gouvernement doit aussi veiller à en tirer des bénéfices importants, et ce, au profit de l'ensemble de la collectivité. Il se doit d'examiner le prix des permis et les redevances que d'autres juridictions exigent maintenant des exploitants de leurs ressources, et de se donner une politique équitable pour tous et adaptée aux tendances actuelles.

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Les banques TD, CIBC et Nationale s'opposent à la fusion des Bourses de Toronto et de Londres, alors que d'autres institutions défendent ce projet. Cette divergence de vues alimentera le débat sur les avantages et les inconvénients pour le Canada d'une intégration des deux Bourses. Alors que de grandes entreprises pensent que celle-ci permettra une visibilité accrue de leurs titres et une baisse de leurs coûts, de petits émetteurs craignent plutôt qu'elle entraînera une perte de visibilité, un accès plus difficile au marché des capitaux et une hausse de leur coût de financement.

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jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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