Fiera : un achat audacieux à Londres


Édition du 15 Octobre 2016

Fiera : un achat audacieux à Londres


Édition du 15 Octobre 2016

Par Dominique Beauchamp

[Photo : Shutterstock]

Fiera Capital (FSZ, 12,56 $) joue d'audace en faisant de Londres sa plateforme européenne, au moment où la Grande-Bretagne amorce avec fracas sa sortie de la zone euro.

L'opportunisme et le potentiel de l'achat du gestionnaire Charlemagne Capital plaisent, mais pas sans réserve. Aucun analyste n'a relevé son cours cible après l'annonce de cette transaction de 46 millions de dollars.

Pour l'instant, l'acquisition a surtout une valeur stratégique, puisqu'elle ajoute seulement 2,5 % à l'actif en gestion de Fiera, note Jaeme Gloyn, de la Financière Banque Nationale.

Fiera s'établit tout de même dans la capitale financière, alors que la livre sterling se négocie à un plancher de 31 ans.

Le gestionnaire de Montréal obtient surtout une spécialité qu'il recherchait depuis deux ans, la gestion de fonds des marchés émergents, au moment où les grands investisseurs recommencent à s'y intéresser, signale Scott Chan, de Canaccord Genuity.

En Charlemagne, Fiera a aussi trouvé des fonds performants et constants ainsi que des processus de gestion structurés, après presque 18 mois d'une cour assidue, explique Sylvain Brosseau, président et chef de l'exploitation de Fiera.

Un créneau mal aimé à reconquérir

La vente croisée de produits de placement des deux côtés de l'Atlantique est évidemment la clé de la transaction.

À moyen terme, Fiera perçoit plus de potentiel dans l'offre des fonds de Charlemagne à ses propres clients institutionnels aux États-Unis que dans l'offre de ses propres fonds au réseau institutionnel et de gestion de patrimoine de la firme britannique.

«Charlemagne pourrait jouer un rôle important dans notre croissance. Nous sommes assez confiants dans le fait que les marchés émergents reviendront dans les grâces», dit M. Brosseau.

Pour illustrer le potentiel, Gary Ho, de Desjardins Marché des capitaux, révèle que l'ex-division de Regent Pacific de Hong Kong gérait un actif de 8,6 milliards de dollars, dégageait un bénéfice d'exploitation de 93 millions et valait cinq fois plus en Bourse, à son zénith en 2007.

Charlemagne gonfle la dette et apporte peu de bénéfices

D'autres aspects de cette transaction plaisent un peu moins. L'achat londonien ajoutera bien peu au bénéfice à court terme de Fiera, 2 % en 2017, puisque la marge d'exploitation de Charlemagne est le tiers de celle de Fiera.

«Ses dirigeants ont choisi de préserver leurs ressources internes pendant la tempête des marchés émergents», évoque M. Brosseau.

Autre irritant : la dette de Fiera grimpe à 3,55 fois son bénéfice d'exploitation des 12 derniers mois, ce qui limitera sa capacité d'acquisition aux États-Unis au cours de la prochaine année, croit Lemar Persaud, de Valeurs mobilières TD.

Deux de ses collègues s'en formalisent moins. «La dette est élevée, mais les dirigeants prévoient ramener rapidement le ratio d'endettement à 3,1-3,2 fois», indique M. Ho.

La dette accrue et de possibles émissions d'actions pour financer les futurs achats n'inquiètent pas outre mesure M. Gloyn, puisque Fiera a procédé de la sorte à plusieurs reprises dans le passé. «Comme d'habitude, tout reposera sur l'exécution», dit-il.

M. Brosseau assure que Fiera reste aussi active qu'avant dans sa quête d'acquisitions et que les occasions sont nombreuses.

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