Feu vert aux véhicules électriques à basse vitesse Zenn et Nemo, électrification du réseau de trains de banlieue, implantation d'un réseau de trolleybus, utilisation de microbus à batterie : à n'en pas douter, le Québec se met de plus en plus en mode de transport électrique.

Bien sûr, le moteur électrique ne délogera pas de sitôt celui à l'essence, mais les initiatives se sont multipliées ces derniers mois pour favoriser le développement et l'utilisation des véhicules mus à l'électricité.

En juin, le gouvernement du Québec annonçait son intention d'adopter un vaste plan d'action visant à accélérer l'arrivée des véhicules électriques.

" L'électricité est une solution d'avenir pour le transport routier, tant individuel que collectif. Elle constitue une solution pour réduire notre dépendance envers le pétrole et diminuer les émissions de gaz à effet de serre ", disait alors l'ancien ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard.

Mesures incitatives

Cette initiative prévoit l'adoption de mesures incitatives pour favoriser le déploiement des véhicules électriques au Québec.

En juillet, le gouvernement de l'Ontario annonçait pour sa part un programme visant à offrir jusqu'à 10 000 $ aux acheteurs de véhicules électriques.

Ce programme d'incitatifs, offerts à compter de l'an prochain, est assorti d'un engagement d'augmenter à 20 % la proportion de véhicules électriques dans le parc du gouvernement, d'ici 2020.

Le plan d'action québécois prévoira des mesures visant l'infrastructure de recharge des véhicules électriques et son intégration au réseau électrique existant.

Le gouvernement entend aussi favoriser le développement d'une filière industrielle du véhicule électrique au Québec.

Hydro-Québec mise à contribution

L'électrification des transports trouve écho chez Hydro-Québec, appelée à soutenir ces nouveaux besoins de faire le plein à la prise électrique.

" Nous travaillons sur plusieurs fronts pour répondre à cette nouvelle demande, tant en transport individuel que collectif ", souligne sa porte-parole Flavie Côté.

En juin, Hydro-Québec et Ford annonçaient leur collaboration au programme nord-américain d'essai et d'évaluation de véhicules hybrides rechargeables. Hydro-Québec est la seule société de services publics d'électricité du Canada qui testera le véhicule rechargeable, une Ford Escape hybride qui lui sera livrée sous peu.

" C'est une occasion non seulement d'évaluer l'intégration des véhicules hybrides au réseau électrique, mais aussi de mieux connaître les habitudes des automobilistes ", indque Mme Côté.

Hydro-Québec s'intéresse aussi aux projets d'électrification du transport collectif. La société d'État est d'ailleurs partenaire de l'Agence métropolitaine de transport de Montréal, qui vient de commander une étude de faisabilité visant l'électrification du réseau de trains de banlieue.

En mars dernier, elle s'associait aussi à la Société de transport de Laval, qui amorçait une étude de faisabilité pour l'implantation d'un réseau de trolleybus sur son territoire.

Depuis l'été 2008, des microbus électriques d'une capacité de 20 places transportent gratuitement les touristes dans le Vieux-Québec. Baptisé Écolobus, ce véhicule, qui consomme quelque 3,25 $ d'électricité par jour, a une autonomie de 100 kilomètres.

Les villes emboîtent le pas

Autre preuve de l'émergence des véhicules électriques : les Zenn (pour Zero Emission No Noise) et Nemo, tous deux de fabrication québécoise, ont maintenant droit de cité depuis que le gouvernement a autorisé l'an dernier la circulation de ces véhicules à basse vitesse.

L'arrondissement montréalais de Ville-Marie vient d'ailleurs de faire l'acquisition d'un camion électrique Nemo. Le véhicule, acheté au coût de 31 800 $, peut atteindre 40 km/h. Il sera utilisé par les cols bleus pour le nettoyage lors des grands rassemblements publics et pour certaines rues.

Le parc de la Ville de Montréal compte d'autres véhicules électriques, notamment dans les arrondissements Côte-des-Neiges, Saint-Laurent et Plateau-Mont-Royal.

À Saint-Jérôme, pionnière de l'utilisation de véhicules électriques, deux Zenn ont récemment été ajoutées à la vingtaine de véhicules électriques et hybrides de la Ville.

Depuis près de 15 ans, Saint-Jérôme multiplie les projets d'expérimentation de véhicules verts sur son territoire. En plus d'intégrer des véhicules écologiques dans sa flotte municipale, la ville soutient l'action du Centre national du transport avancé (CNTA) - autrefois appelé Centre d'expérimentation des véhicules électriques (CEVEQ) -, le premier centre canadien voué à la promotion des véhicules électriques et hybrides.

DES VOITURES GÉNÉRATRICES D'ÉLECTRICITÉ ?

Pourra-t-on un jour brancher sa maison sur sa voiture pour écouter la télé ? Peut-être. Hydro-Québec veut faire des études pour savoir si les voitures électriques pourraient générer de l'électricité.

" On voit souvent le véhicule électrique comme une charge supplémentaire sur le réseau de distribution. Mais on peut se demander si la voiture électrique pourrait aussi être branchée à la maison pour subvenir temporairement à ses besoins en électricité, lors de courtes pannes par exemple ", explique Flavie Côté, porte-parole de la société d'État.

31 800 $

Coût du camion électrique Nemo que l'arrondissement montréalais de Ville-Marie vient d'acquérir. Le véhicule, qui peut atteindre 40 km/h, sera utilisé pour le nettoyage lors des grands rassemblements publics et dans certaines rues.

pierre.theroux@transcontinental.ca