Espionner ses employés est légal, mais...

Publié le 06/10/2012 à 00:00, mis à jour le 04/10/2012 à 14:08

Espionner ses employés est légal, mais...

Publié le 06/10/2012 à 00:00, mis à jour le 04/10/2012 à 14:08

Le 5 septembre dernier, Blake Marsh a perdu son emploi chez Eidos Montréal en raison de propos qu'il avait tenus la veille sur Facebook. Il avait alors laissé entendre qu'il regrettait que le tueur du 4 septembre ait raté Pauline Marois. Son employeur n'a pas eu besoin de l'épier, puisque le lendemain matin, des policiers lui ont rendu visite à ce sujet. Toutefois, de plus en plus d'entreprises utilisent des outils permettant de suivre leurs employés à la trace sur Internet.

Que ce soit pour éviter les scandales, prévenir les fuites ou déceler les employés qui procrastinent, les raisons qui poussent les employeurs à épier les activités de leurs employés sur Internet sont nombreuses. Les outils permettant de le faire, quant à eux, sont de plus en plus puissants. Sur le plan juridique, toutefois, des zones grises subsistent.

Les logiciels de cybersurveillance modernes ne se limitent plus à intercepter les courriels des employés. Dans les faits, ils peuvent générer automatiquement des alertes en fonction des mots clés tapés ou des pages Web consultées, faire des captures d'écrans et enregistrer les mots écrits : « Imaginez qu'une caméra située derrière vous soit braquée sur votre poste de travail et enregistre tout que vous faites. Voilà ce que fait Spector 360 », illustre Nick Cavalancia, vice-président du marketing de SpectorSoft, l'un des principaux fournisseurs de logiciels de surveillance.

Comme les logiciels de surveillance sont installés sur des appareils appartenant à l'employeur, leur légalité ne fait pas de doute : « Les employeurs n'ont pas besoin de l'autorisation des employés, mais on leur conseille d'établir une politique d'utilisation des ressources informatiques qui mentionne la présence d'un programme de surveillance », explique Antoine Aylwin, avocat chez Fasken Martineau.

Sur les médias sociaux et sur le Web

Les outils qui servent à surveiller les employés sont souvent les mêmes que ceux que les entreprises emploient pour scruter le Web et les médias sociaux à des fins de marketing. Les employeurs peuvent créer des alertes, outre celles qui sont liées à ses marques de commerce, associées au nom de ses employés ou de certains d'entre eux. Selon une étude mondiale de Gartner, 10% des entreprises auraient mis en place un programme de surveillance de leurs employés sur les médias sociaux.

La division des cyberenquêtes de l'AMF utilise de tels outils pour surveiller ceux qui se sont rendus coupables d'infractions financières dans le passé : « Dès qu'un individu refait surface sur le Web et qu'il propose quelque chose qui s'apparente à un produit financier, on effectue les vérifications nécessaires », a révélé Éric Jacob, directeur des préenquêtes et de la cybersurveillance à l'AMF, dans le cadre d'une présentation qui a eu lieu à Montréal le 26 septembre.

Au Québec, la pratique semble toutefois peu répandue au sein des entreprises : « Ce que nous voyons, ce sont des employeurs qui surveillent ce qui se dit au sujet de leur marque sur Internet... Et si un employé est l'auteur d'un commentaire négatif, l'employeur est susceptible de le sanctionner », explique l'avocat Antoine Aylwin.

Toutefois, l'établissement d'un programme de surveillance visant nommément chaque employé pourrait poser problème sur le plan légal, tout comme l'utilisation de leurs renseignements personnels pour ce faire. « Tout dépend du contexte et de la manière dont la surveillance est faite, explique Antoine Aylwin. Ça ressemble beaucoup aux débats sur les caméras de surveillance qui visent sans arrêt les employés. À moins de circonstances qui le justifient, ce type de surveillance est considérée comme une atteinte à la vie privée par les tribunaux. »

Des logiciels espions sur vos appareils personnels ?

De plus en plus d'entreprises permettent à leurs employés de venir travailler avec leurs appareils personnels. Pour des raisons de sécurité, certaines entreprises exigent de gérer ces appareils, de manière à pouvoir le verrouiller à distance en cas de perte, par exemple. L'installation de logiciels de surveillance sur ces appareils n'est pourtant pas répandue. « À ma connaissance, aucun de nos clients n'a installé nos logiciels sur des téléphones personnels. Si la sécurité l'impose, c'est l'employeur qui fournira le téléphone », dit Nick Cavalancia de SpectorSoft, qui propose des logiciels de surveillance compatibles avec les téléphones Android et BlackBerry. Une entreprise pourrait installer de tels logiciels sur les appareils de ses employés, mais devrait au préalable obtenir leur consentement écrit.

60 %

Pourcentage d'employeurs qui, selon une prédiction de Gartner, mettront en place un système pour surveiller les activités de leurs employés sur les médias sociaux d'ici 2015.

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