Du pétrole provenant des sables bitumineux à Montréal

Publié le 17/11/2012 à 00:00

Du pétrole provenant des sables bitumineux à Montréal

Publié le 17/11/2012 à 00:00

Faisant face à une forte résistance à l'ouest et au sud, les producteurs de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta s'apprêtent à ouvrir un nouveau front à l'est : ils envisagent d'acheminer leur pétrole à Montréal, voire à Portland, dans le Maine, ce qui leur donnerait accès à un port de mer pour exporter davantage.

Le transporteur albertain Enbridge, propriétaire d'un réseau de pipelines entre Fort McMurray et Montréal, doit déposer d'ici la fin de l'année une demande à l'Office national de l'énergie (ONE) pour obtenir l'autorisation d'inverser le flux du pipeline numéro 9 reliant Sarnia à Montréal. Il vient d'obtenir l'autorisation pour la phase 1 du projet, en Ontario.

À l'heure actuelle, le pétrole raffiné à Montréal provient de l'étranger (Mexique, Venezuela, Afrique du Nord, etc.) et coule d'est en ouest, en direction de Sarnia. «Grâce au flux inversé, les raffineries de l'est du Canada auraient accès à du pétrole canadien, moins cher, fait valoir Carol Montreuil, de l'Institut canadien des produits pétroliers. Du coup, elles deviendraient plus concurrentielles.»

Dans l'Ouest canadien, les projets de construction des pipelines Northern Gateway (reliant Edmonton, en Alberta, au port de mer de Kitimat, dans le nord de la Colombie-Britannique) et Keystone (vers Chicago) se heurtent à une forte opposition : Keystone a été rejeté par le président Barack Obama, tandis que Northern Gateway, présentement à l'étude, pourrait être bloqué par Victoria.

Une bataille environnementale

Dans le cas du pipeline no 9 vers Montréal, comme il ne nécessite aucune nouvelle construction, l'autorisation relèverait uniquement du gouvernement fédéral. La bataille environnementale est toutefois amorcée. «Nous refusons d'être complices du désastre environnemental que représente le pétrole des sables bitumineux, a indiqué Steven Guilbeault, président d'Équiterre. Un pétrole sale, responsable de la moitié des gaz à effet de serre au Canada et du non-respect de Kyoto.»

De plus, le transport poserait des risques de sécurité, «le pipeline étant vieux de 40 ans et n'ayant pas été conçu pour le pétrole lourd des sables bitumineux», selon Équiterre.

À Québec, le ministère des Ressources naturelles indique que le rôle du gouvernement provincial n'est pas décisionnel. Mais, au ministère du Développement durable, on indique que «le dossier est à l'étude». De son côté, Équiterre promet de comparaître devant l'ONE et entend faire équipe avec les groupes environnementalistes américains. Ces derniers ont, de leur côté, dévoilé au début d'octobre que l'on envisageait aussi d'inverser le flux du pipeline entre Portland et Montréal, pour accueillir le pétrole canadien.

Enbridge n'est pas seule à chercher un débouché à l'est pour le pétrole canadien : le 30 octobre, le président de la société TransCanada a mentionné à des analystes financiers qu'un projet de 5 milliards de dollars visant à transformer un pipeline de gaz naturel en pipeline de pétrole était «techniquement et économiquement faisable».

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