Dix conseils d'athlètes pour triompher

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Dix conseils d'athlètes pour triompher

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Par Marc Gosselin

Citius, Altius, Fortius. La devise olympique «plus vite, plus haut, plus fort» s'applique tant aux sportifs qui représenteront le Canada aux Jeux olympiques de Londres, à partir du 27 juillet, qu'aux entrepreneurs cherchant quotidiennement à se dépasser. Des athlètes et des entraîneurs dévoilent 10 conseils pour triompher dans l'adversité.

S'appuyer sur toute une équipe

«Les spectateurs voient souvent un athlète seul sur le tremplin ou au bloc de départ, mais tous les athlètes ont une grande équipe de soutien derrière eux. Cette équipe est présente tous les jours d'un cycle olympique pour aider les athlètes à réaliser leur rêve, leur performance», explique Benoît Huot, nageur qui prendra part aux Jeux paralympiques de Londres, du 29 août au 9 septembre. Il tentera d'ajouter des médailles aux 16 qu'il a remportées (8 d'or, 4 d'argent et 4 de bronze) lors des trois dernières olympiades.

Entraîneur, nutritionniste, physiothérapeute, médecin et psychologue sportif ne sont que quelques-uns des spécialistes qui se cachent derrière les athlètes des Jeux olympiques de Londres, qui débutent le 27 juillet.

«Les entrepreneurs et les athlètes d'élite ont un profil de compétences similaires. Ce sont des passionnés qui visent l'excellence. Ils doivent savoir décider, organiser leurs horaires et, surtout, accepter de recevoir de l'aide», résume Jean Gosselin, consultant en communication et marketing sportif.

Un point de vue que partage la triathlète Kathy Tremblay, de Pincourt, qui participera à ses deuxièmes jeux à Londres. «Les entrepreneurs autant que les athlètes bâtissent autour d'eux des équipes qui leur permettront de les amener à un autre niveau. À titre d'athlète d'élite, il ne faut pas vouloir tout faire seul, on doit déléguer des tâches pour se concentrer sur notre principal job : performer», fait remarquer l'athlète de 30 ans qui a remporté une étape de la Coupe du monde de triathlon, en avril, au Japon.

Compter sur la R-D pour se démarquer

Comme dans la vie d'une entreprise, la R-D fait partie intégrante du sport d'élite, indique Benoît Huot.

Les nageurs travaillent notamment avec des biomécaniciens. Objectif : améliorer le travail du nageur sous l'eau et dans chaque portion de course, que ce soit les arrivées au mur, les départs ou les virages. «Les biomécaniciens filment notre nage sous l'eau», précise Benoît.

Le champion olympique soutient que les trois piliers du sport d'élite sont l'entraînement, le repos et la nutrition. «Je compare souvent le corps d'un athlète à une Formule 1. On ne met pas de l'essence ordinaire dans ce bolide. On peut appliquer le même raisonnement pour l'alimentation d'un athlète. Les nutritionnistes établissent notre régime en fonction de nos cycles d'entraînement et de compétition.»

Gérer la pression

Malgré la forte pression, les athlètes comme les entrepreneurs doivent rester sereins, explique Benoît Huot. «Par exemple, en affaires, tu dois donner une présentation pour obtenir du financement. Tu es prêt, mais sur le plan émotionnel tu ne te sens pas en mesure d'affronter la pression de ce moment. C'est un peu la même chose que vit un athlète. Tu as beau être prêt physiquement, si tu n'es pas capable de gérer tout ce qui entoure un événement majeur, tu n'iras nulle part.»

Se donner une structure

«Le sport d'élite te donne une discipline et une structure. Ça n'a pas de prix. C'est quelque chose qui ne s'apprend pas sur les bancs d'école. Ça va me servir assurément au cours de ma deuxième carrière», explique Benoît Huot, qui a terminé une majeure en communication à l'UQAM et s'intéresse à la gestion du sport.

L'entraîneur-chef et directeur général de Natation Canada, Pierre Lafontaine, abonde dans le même sens. Il affirme qu'il veut d'abord former des athlètes et non des nageurs.

«On a multiplié les formations, notamment pour donner des conférences et s'adresser aux médias. Individuellement, nos nageurs sont des marques, de grands porte-parole de notre sport. Mais ce sont surtout de grands Canadiens qui vont changer le monde. Les JO, c'est une occasion extraordinaire, ce n'est pas une finalité, mais le début de quelque chose qui ira bien au-delà de la carrière athlétique de nos nageurs.»

Performer dans le plaisir

Membre de l'équipe canadienne de taekwondo, Karine Sergerie se rappelle très bien l'obsession dorée qui la tiraillait lors de sa première participation aux Olympiades, à Beijing en 2008. «Je pensais toujours à ça. Je me disais : il faut absolument que je gagne l'or.»

La médaille d'argent qu'elle a remportée l'a convaincue de se lancer dans un nouveau cycle olympique, mais à ses conditions : «Je vais m'arranger pour avoir du plaisir. Un peu comme un entrepreneur qui excelle déjà, mais qui veut ajouter la notion de plaisir à ce qu'il fait. Je crois que je serai en mesure de savourer davantage ces Jeux olympiques», souligne celle qui combattra chez les femmes de moins de 62 kg.

La jeune femme de 28 ans a notamment changé d'entraîneur à la suite des Olympiades de Beijing. «Je n'ai pas fait de changement parce que mon entraînement posait problème. J'ai plutôt changé parce que mon état d'esprit importait plus qu'une médaille. Je me suis dit que si j'étais bien, je serais en mesure d'accomplir de belles choses», dit celle qui a remporté six fois le titre de championne nationale.

Décider et assumer

Prendre des décisions et les assumer, voilà un parallèle à faire entre les athlètes de pointe et les entrepreneurs, indique Karine Sergerie. «Jusqu'à maintenant, je suis pleinement satisfaite des décisions que j'ai prises. J'ai plus de plaisir à faire ce que je fais», dit celle qui revenait d'un tournoi en Autriche lorsque nous l'avons interviewée.

Parce qu'elle souhaitait se qualifier pour les Jeux olympiques de Londres et être à son sommet, la triathlète Kathy Tremblay a renoncé aux premières compétitions du circuit de la Coupe du monde cette saison. «Il y avait trop de compétitions et cela aurait nui à mes performances. Nous avons mis tous nos oeufs dans le même panier et avons dit à notre fédération que nous participerions seulement aux deux triathlons d'importance pour les qualifications des JO. Il n'y avait pas de plan B. Je me devais de performer, ce que j'ai réussi à faire grâce à un bon plan d'entraînement. Ce n'était pas une décision facile à prendre en début de saison, mais nous l'avons bien assumée», explique celle dont la qualification a été confirmée à la mi-juin.

Faire des sacrifices payants

Entrepreneurs et athlètes d'élite doivent faire des sacrifices pour atteindre leurs objectifs.

La plongeuse lavalloise Jennifer Abel, 20 ans, a pleinement vécu cette réalité lors de ses premiers Jeux olympiques, à Beijing en 2008. «J'avais 16 ans et je fréquentais le programme sports-études de l'école Antoine-de-Saint-Exupéry, à Saint-Léonard. Ce n'était pas toujours facile de voir ses amis en congé d'entraînement l'après-midi. C'était sans compter ceux qui voulaient sortir le vendredi soir alors que je devais être tôt à la piscine le samedi matin. J'avais l'impression de perdre une partie de ma jeunesse, mais j'ai eu beaucoup d'aide de ma famille, qui me disait que j'étais chanceuse de vivre ce rêve olympique», raconte l'athlète qui a fait ses débuts à la piscine Père-Marquette, à Montréal.

Ce cheminement a fait rapidement mûrir Jennifer Abel, qui suivra une formation cet automne pour devenir courtière immobilière. «Aujourd'hui, lorsque je suis avec des gens de mon âge, j'ai l'impression d'être avec des enfants. J'ai toujours été habituée à être à l'extérieur du pays sans mes parents, à apprendre à m'organiser seule. Tous mes amis et coéquipiers sont plus âgés que moi», dit la plongeuse inscrite aux épreuves du tremplin de trois mètres individuel et synchronisé, avec Émilie Heymans.

Vendre le changement

Le patron de Natation Canada, Pierre Lafontaine, a joué un rôle majeur dans la relance de la natation olympique au pays. Entré en poste après le fiasco des jeux d'Athènes, en 2004 - le Canada avait été blanchi du tableau des médailles -, Pierre Lafontaine a vendu le changement au lieu de l'imposer.

«L'adhésion des entraîneurs, des intervenants et des nageurs a été ainsi plus facile à obtenir. Deux groupes ont été impliqués de près dans notre processus décisionnel : les entraîneurs et les directeurs généraux de chacune des fédérations provinciales de natation. Au final, nous avons obtenu une meilleure collaboration entre les intervenants. L'atmosphère est meilleure qu'avant. Le but était de redonner confiance à nos entraîneurs. J'ai joué le rôle de rassembleur dans ce processus entrepris en 2005», explique-t-il.

Après avoir remporté une médaille de bronze à Beijing, l'équipe canadienne veut remporter trois médailles à Londres et placer de 13 à 15 nageurs dans les finales. «Les équipes à battre sont celles des États-Unis, de l'Australie et de la Chine. Je peux déjà vous dire que la perception à l'égard de l'équipe canadienne a commencé à changer. On ne dit plus juste "bof, c'est juste les Canadiens". On veut que ceux qui croisent nos nageurs dans la salle d'attente avant les finales se disent "ça va être rock'n'roll".»

Avoir une bonne histoire à raconter

Il faut voir au-delà de la médaille elle-même, dit Jean Gosselin, consultant en communication et marketing sportif. C'est la performance et l'histoire derrière une médaille - ou le lancement d'un nouveau produit - qui sont extraordinaires. «Une médaille olympique est un puissant projecteur. Le chemin le plus facile est de gagner l'or, et on aura une vedette automatiquement. La valeur d'une médaille vient d'une performance inspirante ou inattendue. Par exemple, la plupart des gens croient que la plongeuse Annie Pelletier a remporté l'or à Atlanta en 1996. Elle a plutôt remporté une médaille de bronze en se battant à chaque étape, ce qui a créé de l'intérêt pour son histoire», dit le spécialiste.

Professeur titulaire en marketing du sport à l'Université Laval, André Richelieu nuance le point de vue de Jean Gosselin. «Trois critères déterminent la valeur d'une médaille olympique. Elle doit être d'or ; celle-ci a plus de poids que les autres médailles. Le sport dans lequel elle a été remportée influencera aussi l'impact médiatique ; par exemple, une médaille n'a pas la même valeur en escrime qu'en natation. Enfin, la personnalité du médaillé influencera la valeur de la médaille», indique M. Richelieu.

«La personnalité que l'athlète dégage va confirmer la valeur de sa médaille, renchérit Jean Gosselin. Je me rappelle la médaille d'or de Jean-Luc Brassard, à Lillehammer, en 1994. Les gens du milieu et les journalistes sportifs le connaissaient. Mais sa médaille d'or en bosses lui a permis de révéler au public sa personnalité charismatique et attachante.»

Créer un lien émotionnel avec son public

André Richelieu, de l'Université Laval, soutient que la touche humaine de l'histoire véhiculée par l'athlète est très importante. Elle renforce le lien entre celui-ci et ses partisans. Cela rend l'athlète plus intéressant auprès de commanditaires potentiels. «Élément incontournable : l'athlète doit être authentique. Si le potentiel d'image d'un athlète est limité, l'entreprise se contentera de le commanditer.»

Jean Gosselin soutient que les commanditaires s'associent d'abord à la personnalité, pas nécessairement à l'athlète. «Quand je conseille des clients qui cherchent à s'associer à des athlètes, je leur recommande toujours de parler d'autre chose que de la discipline qu'ils pratiquent. Parler de la façon dont il voit ses affaires dans cinq ou dix ans, de sa gestion de l'après-carrière. L'athlète porte-parole ajoute à la personnalité de la marque, il crée une connexion émotionnelle avec le public cible visé.»

PwC joue les oracles

Une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC) tente de prévoir la performance des 204 pays participant aux Jeux olympiques de Londres. Selon la firme, les facteurs suivants influencent la réussite des pays : leur population, le revenu moyen (PIB par habitant à parité de pouvoir d'achat), l'historique du pays (par exemple, s'il faisait partie de l'ancien bloc soviétique) et le fait d'être le pays hôte. Résultat : les pronostics de PwC à l'égard de la performance canadienne ne sont pas très bons.

Pays / Nombre de médailles prévues à Londres / Nombre de médailles obtenues à Beijing / Diff.

1 États-Unis / 113 / 110 / + 3

2 Chine / 87 / 100 / - 13

3 Russie / 68 / 73 / - 5

4 Grande-Bretagne / 54 / 47 / + 7

5 Australie / 42 / 46 / - 4

6 Allemagne / 41 / 41 / 0

7 France / 37 / 41 / - 4

15 Canada / 15 / 18 / - 3

Source : PwC, «Modelling Olympic performance»

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