Des risques accrus en Turquie

Publié le 06/07/2013 à 00:00

Des risques accrus en Turquie

Publié le 06/07/2013 à 00:00

En Turquie, la multiplication des manifestations populaires au cours des dernières semaines change la donne. Désormais, les entreprises étrangères qui y sont installées font face à un environnement d'affaires plus instable, affirment les spécialistes.

Depuis le 31 mai, la jeunesse du pays manifeste dans les rues des principales villes contre l'autoritarisme du premier ministre Recep Tayyip Erdogan et de son parti, l'AKP. Des manifestants lui reprochent notamment de vouloir islamiser la société turque, notamment en raison d'une nouvelle loi limitant la consommation d'alcool.

Même si les manifestations sont moins nombreuses ces jours-ci, la crise sociale est loin de s'être résorbée, dit Naz Masraff, spécialiste de la Turquie chez Eurasia Group, une firme américaine spécialisée en gestion du risque politique. «Je pense que les gouvernements turcs devront apprendre à vivre avec des manifestations dans les rues», dit-elle.

Une instabilité qui persistera pour deux raisons. D'une part, le gouvernement de l'AKP (islamique modéré) n'a pas réussi à satisfaire les demandes des manifestants. D'autre part, les partis de l'opposition laïque ne sont pas capables d'offrir une solution de rechange crédible à l'AKP.

«Il ne reste que la rue pour manifester sa grogne envers le gouvernement», dit Yves Zlotowski, économiste en chef chez Coface, une firme française assurant les risques commerciaux des entreprises à l'étranger.

Les nouveaux risques d'affaires auxquels les entreprises étrangères font face dans ce pays de 75 millions d'habitants ne sont pas vraiment de nature sécuritaire. Ils sont plutôt liés à une plus grande volatilité de la devise turque et à de possibles retards dans les paiements des entreprises locales.

Par exemple, du 28 mai au 27 juin, le dollar canadien s'est apprécié de 2,4 % par rapport à la lire turque. Conséquence : les exportations du Canada vers la Turquie sont un peu moins concurrentielles. Une bien mauvaise nouvelle, au moment où nos expéditions de marchandises vers ce marché reculent déjà.

En 2012, elles ont glissé à 850 millions de dollars, une dégringolade de 33 % par rapport au sommet de 2011 (1,2 milliard de dollars). Le Québec y exporte essentiellement des débris de métal, du papier journal, des simulateurs de vol et du minerai de fer.

Paiements en retard

Par ailleurs, la volatilité de la lire fait aussi augmenter les coûts d'emprunt des entreprises turques, déjà très endettées auprès des banques étrangères. Une situation qui pourrait entraîner certains retards - et non pas des soldes impayés - dans le paiement des entreprises étrangères qui exportent en Turquie, estime Yves Zlotowski.

«Selon notre expérience dans ce pays, les entreprises turques finissent toujours par payer leurs clients à l'étranger. Mais parfois, il faut accepter de rééchelonner les paiements.»

La firme Coface souligne par ailleurs dans une note que le pays compte plusieurs points faibles, dont une épargne collective insuffisante et une forte dépendance à l'égard des capitaux étrangers.

Malgré la nouvelle donne en Turquie, le pays demeure un marché clé pour les entreprises canadiennes, selon une analyse d'Exportation et développement Canada. L'organisme estime qu'il y a des occasions d'affaires dans la construction ainsi que dans les infrastructures, l'électricité, les industries du savoir, les mines et les métaux, les produits forestiers, les services de transport et les télécommunications.

En 2012, le PIB turc a progressé de 2,6 %. Un net recul par rapport à la croissance supérieure de 8 % enregistrée au cours des deux années précédentes. Le Fonds monétaire international prévoit une croissance de 3,4 % cette année et de 3,7 % en 2014.

LinkedIn: ow.ly/eydGl

@la_monde @francoisnormand

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.