Des règles d'éthique à réviser

Publié le 10/10/2009 à 00:00

Des règles d'éthique à réviser

Publié le 10/10/2009 à 00:00

Par Alain Duhamel

Dans une lettre ouverte qu'il a fait paraître le printemps dernier, Jean-Pierre Sauriol, pdg de Dessau, appelait à une mise à niveau des règles d'éthique des bureaux de génie-conseil et de la gouvernance des grands projets.

"Dans tous les cas, Dessau souhaite des règles claires et adaptées à la nouvelle réalité, des règles qui auraient pour effet, autant que faire se peut, d'éliminer les apparences de conflit d'intérêts", écrivait M. Sauriol.

Précisons que l'intégrité de Dessau, membre du consortium GÉNIeau, qui avait obtenu le contrat des compteurs d'eau de la Ville de Montréal - annulé depuis - se trouvait mise en cause dans une affaire très médiatisée au sujet de l'embauche d'un ancien décideur politique municipal.

Va-et-vient entre le privé et le public

L'appel de M. Sauriol a été entendu dans tous les milieux du génie au Québec.

L'Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ) a confié à un groupe de travail le mandat de revoir les questions éthiques que soulèvent les maillages et les va-et-vient d'ingénieurs et de gestionnaires entre le secteur privé et le secteur public.

"La question interpelle tous nos membres et les donneurs d'ordres", souligne Johanne Desrochers, pdg de l'AICQ.

Dessau, au deuxième rang des sociétés québécoises de génie-conseil avec 4 000 employés au Canada et à l'étranger, a entrepris de revoir ses règles d'éthique.

"Nous ne sommes pas restés au neutre, indique Pierre Lévesque, porte-parole de l'entreprise. Nous revoyons notre code d'éthique pour l'adapter aux nouvelles réalités de l'industrie."

L'univers du génie-conseil québécois réagit et s'adapte à la mondialisation de la profession et aux nouveaux modes de réalisation des grands projets, comme les partenariats public-privé (PPP) et les mandats de type IAGC (ingénierie, approvisionnement et gestion de la construction).

Selon les mandats, l'ingénieur-conseil - dont l'indépendance professionnelle doit en principe être préservée en toutes circonstances - agit tantôt à titre de conseil et surveillant des travaux menés par un entrepreneur - son rôle traditionnel -, tantôt comme partenaire, voire comme sous-traitant, de ce même entrepreneur dans un projet clé en main ou en PPP. Il y a donc un risque de conflit d'intérêts.

"En général, nous n'avons pas décelé de problème, dit Mme Desrochers. Nous réfléchissons aux répercussions possibles des nouveaux modes de réalisation sur la pratique professionnelle."

Comme l'ont fait avant eux les comptables, qui ont été amenés à séparer leur mandat de vérificateur de celui de consultant, les ingénieurs pourraient devoir mieux distinguer entre leurs divers rôles auprès du client propriétaire de l'ouvrage et auprès de leurs partenaires.

Jean-Pierre Sauriol appelait aussi à l'actualisation des règles de gouvernance dans un contexte où l'offre de service se concentre dans un nombre réduit de sociétés d'ingénierie multidisciplinaires, plus grosses. Ces dernières doivent affronter des concurrents internationaux non seulement dans les marchés étrangers, mais aussi dans le marché canadien.

dossiers@transcontinental.ca

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